Utilisée à différentes fins, la pêche est devenue une discipline sportive. Avec des championnats et des divisions. Pratiquée depuis l’Antiquité à peu près partout sur la planète, c’est le sport de nature par excellence, connecté à son environnement.
Le président de la Fédération de pêche de la Somme, David Dufrene, a conscience, plus que jamais, que l’environnement a une place essentielle. « La nature est notre terrain de jeu mais, comme tous les sportifs qui y exercent, il faut garder à l’esprit que c’est un lieu public et cela peut mener à différents soucis. »
Les pêcheurs doivent en effet cohabiter avec d’autres pratiquants, les marcheurs, les coureurs qui se multiplient au fil des années et qui viennent s’ajouter aux différentes pratiques déjà présentes sur les points d’eau de la région, notamment les sports de bateau sur les canaux.
Mais alors quelle place occupe le pêcheur dans l’écosystème sportif ? Pour David Dufrene, « on essaye de se porter garant de la préservation de l’environnement, surtout sur nos lieux de pratiques, d’autant plus que lorsque les gens parlent d’environnement sur ces lieux-là, nous avons la chance d’avoir également connaissance de ce qu’il se passe en dessous du miroir de l’eau. »
On ne détruit pas la biodiversité aquatique
Une perspective qui semble très importante dans l’optique de préservation de l’environnement. La pêche n’étant plus alimentaire, sa pratique ne met plus en danger la faune : « les poissons sont relâchés, on ne détruit pas la biodiversité aquatique par notre pratique. De plus, la pêche peut être un vecteur éducatif sur le monde aquatique naturel. » Il ajoute que « les sports de nature contribuent à la préservation de leur environnement. Cela est motivé par le plaisir d’être au centre de l’idée de faire du sport en extérieur sur une zone propre. »
Comme tous les sports de nature, la pêche est également dépendante des conditions météo. Cependant, à titre de comparaison avec les sports de voile par exemple, la pêche ne nécessite pas de conditions météorologiques spécifiques. « Comme tous les sports aquatiques, notre plus grand ennemi est le tonnerre, mais pour le reste, notre pratique est assez flexible. On peut également pratiquer de jour comme de nuit, ce qui est une chance comparé à d’autres sports d’extérieur. »
Pour ce qui est de la pratique sportive en elle-même, en France, la pêche sportive est organisée en différentes divisions, avec des montées et des descentes, à la manière du football. La Fédération française des pêches sportives s’occupe des différentes catégories (qui représentent les différents types de pêches, en terme de pratique ou de prises).
Les championnats s’articulent en trois manches, au terme desquelles un tableau des scores est créé, en fonction du poids des prises des différents participants. Les scores des manches sont ensuite additionnés, afin de former un tableau final qui décide de l’issue des championnats. « Même si des compétitions existent, la plupart des pêcheurs pratiquent en tant que loisir et ne comptent pas les prises, mais comptent plutôt sur le calme et l’apaisement que la nature leur offre. »
Pour ce qui est de sa communication, la Fédération samarienne s’adapte au public visé. Pour la compétition, la nature est juste un plus, un argument complémentaire. Mais pour le loisir, elle est le principal élément mis en avant. « Il est vrai que dans un premier temps c’est souvent le cadre qui attire les gens » souligne David Dufrene. Les différentes instances de la pêche peuvent également s’appuyer sur l’idée de « discipline familiale » que revêt ce sport.
Les pêcheurs ne sont pas que des papys !
« Je pense que tout le monde a eu un oncle ou un grand-père qui pratiquait la pêche ! C’est une discipline historique et beaucoup plus répandue qu’elle n’en a l’air » poursuit le président départemental.
L’accessibilité est un autre facteur important de la réussite, comme pour la majorité des sports de nature. De nombreux événements sont organisés pour promouvoir la pêche, la principale étant la Fête de la Pêche, qui se déroule tous les ans le premier dimanche de juin. Une journée lors de laquelle il est possible de pêcher sans carte.
Des campagnes sont également organisées au sein des écoles, notamment à Albert, pour permettre aux jeunes de découvrir la pêche. Ces différentes manifestations semblent être une réussite pour David Dufrene : « Nous avons eu 20 000 nouvelles cartes distribuées et parmi elles, 3500 à des adolescents de moins de 18 ans. Contrairement à ce que les gens pensent, notre population de pratiquants n’est pas vieillissante. » Ce succès s’explique peut être aussi par la variété de pratiques que propose le milieu de la pêche, aussi bien en termes de poissons que de méthodes.
La pêche se démarque donc de nos jours comme une réelle pratique sportive attrayante, qui réunit plusieurs générations autour d’une même passion et du partage d’un certain savoir. Elle offre une promesse de partage entre les différents pratiquants mais également avec l’environnement. Elle donne également l’opportunité d’observer certains événements naturels uniques, notamment en pêche de nuit.
Ce sport de nature base donc sa pratique sur ces deux idées et tient à garder comme priorité l’envie d’entretenir et de préserver les lieux de pratiques, tout comme les autres sports de nature.
Noah Lagny
Crédit photos : DR