Le plus basique des sports de nature se démarque par sa simplicité et son accessibilité au plus grand nombre. Mais la randonnée possède aussi sa fédération. Et son comité dans la Somme.
Le président du Comité de la Somme de la Fédération française de la Randonnée pédestre évoque la place de la nature dans la pratique de la randonnée et vice-versa. Praticable par tous sans forcément faire partie d’un club, la « rando » voit de nombreux marcheurs effectuer par eux-mêmes des centaines de kilomètres par an, par passion pour la marche et pour les paysages.
Il existe différents types de randonnées, et la Fédération française de randonnée les englobe, du longe côte à la marche nordique, en passant par la marche à raquettes. Pour Philippe Dieudonné, « la randonnée est le sport de nature par excellence, car on ne peut pas pratiquer en salle ni en stade. Notre stade à nous, c’est la totalité de la pleine nature. »
Il semble effectivement assez impensable de dissocier la marche de la nature. Pour se déplacer, l’être humain a toujours utilisé la marche. Prendre soin de ce « stade » qu’est la nature est vital. « On doit entretenir nos « stades », gérer également les différents itinéraires. Et cette gestion forme l’un de nos deux grands secteurs d’activité » indique le président départemental. La discipline est donc séparée en deux groupes différents, la gestion des itinéraires et la pratique en elle-même, l’une ayant besoin de l’autre.
2000 Samariens licenciés
Ces différents itinéraires sont siglés. Ce sont les fameux GR. Par exemple, dans la Somme, on recense de nombreux itinéraires, près d’une dizaine dits « européens » comme par exemple le GR120 qui vient de Belgique et qui descend jusqu’au sud de la France. Cet automne, un nouveau chemin traversant Amiens sera d’ailleurs inauguré, avec pour objectif de « montrer aux promeneurs le patrimoine historique très riche de la ville. »
Le président du comité samarien précise qu’il faut « pour cela effectuer un balisage et faire en sorte qu’il soit en ordre dans les GR ou les PR (qui eux correspondent à un circuit fermé, ndlr). » Pour ce qui est de l’entretien de ces chemins internationaux, « il existe des coopérations entre les pays traversés. Ils veillent à leur entretien ainsi qu’à leur organisation » .
« Notre Fédération est une fédération classique, semblable à celles des différents sports, du basket-ball ou du football, qui permet aux clubs et à leurs adhérents d’être licenciés. L’avantage, c’est que les intervenants sont formés à la sécurité. Et l’adhésion entraîne la souscription à des licences médicales. Les animateurs de la Fédération ont suivi un cursus, alors que dans les clubs non affiliés, n’importe qui peut s’improviser moniteur de randonnée » prévient Philippe Dieudonné.
La Fédération compte ainsi pas moins de 2000 licenciés et 30 clubs sportifs dans la Somme. D’autres clubs, non fédéraux, existent par ailleurs, la plupart étant des associations locales, qui ont accès aux chemins de pratiques. La différence se fait surtout sur les différentes animations fédérales.
Des événements ont lieu pour mettre en avant la pratique. En 2024, la Fédération française de la Randonnée pédestre organisera notamment La Grande Randonnée pour Paris, mise en place dès 2017. « Elle verra partir, nous explique Philippe Dieudonné, des marcheurs des quatre coins de la France, avec comme objectif de rejoindre Paris. Cela devrait se dérouler entre avril et mai prochains et passer, dans la Somme, aux alentours de Péronne et Ham. » Au plan national, une grande manifestation est déjà prévue aussi pour 2025 et dans les Hauts-de-France, le 30 septembre se déroulera la journée de randonnée patrimoniale et culturelle « qui aura comme objectif de mettre en avant la pratique de la randonnée par le vecteur du partage de connaissance et de culture patrimoniale. »
Une convention avec les chasseurs
Le partage de l’environnement ne semble pas être un problème pour les randonneurs : « notre pratique n’est pas perturbée par les autres sports de nature, nous n’avons pas de conflit d’usage dans la nature, sûrement aussi parce que nos pratiquants veulent observer la nature et ce qui s’y passe, donc ils n’ont aucun intérêt à déranger tout cela » analyse le président du comité de la Somme.
Cependant, il trouve aussi que la randonnée n’est pas encore tout à fait respectée comme elle devrait l’être, au niveau des aménagements, d’autres pratiques bénéficieraient selon lui de meilleurs encadrements de leurs lieux de pratique.
Des liens sont présents entre les randonneurs et les autres utilisateurs de la nature : « nous avons une convention nationale avec les chasseurs, qui vise à sécuriser et à mettre en valeur l’environnement et les pratiquants des deux activités. » Des actions pour l’environnement sont également soutenues par les randonneurs, c’est notamment le cas de l’opération Hauts-de-France Propres. L’entretien de la nature étant presque une « justification » pour cette discipline.
La randonnée, ce n’est pas juste marcher…
Philippe Dieudonné, président du comité Somme de la FFRP
« Chaque territoire communal a ses chemins ruraux et les collectivités doivent se mobiliser, nous travaillons avec les communes pour mettre en avant les lieux » précise Philippe Dieudonné. Ce qui démontre totalement l’importance des randonneurs. Les offices de tourisme travaillent par exemple avec les comités de randonnée pour renforcer leurs réseaux de chemins, avec des itinéraires précis, tracés par des membres de la Fédération qui récupèrent des fonds grâce à cette activité. « Nous aidons également les communes avec de la communication, afin de mettre en avant certains de leurs événements en lien avec la nature et la randonnée. »
Pour lui, la « rando » est « une bonne façon de s’instruire en se promenant au milieu de la nature ou même du patrimoine historique de la région. » La pratique attire toutes sortes de participants, certains venant parfois de très loin pour profiter des chemins samariens et des perspectives qu’ils peuvent apporter. Pour mettre encore plus en avant ce sport, « la Fédération commence à agir auprès des scolaires afin d’initier les plus jeunes à la marche, sous la forme de différents challenges, souvent en format course d’orientation par exemple. » L’argument pour attirer de nouveaux sportifs est surtout le fait de concilier l’activité sportive et l’apprentissage de la culture régionale. Et selon lui, « les gens ont beaucoup d’appétit pour aller découvrir des choses en pleine nature. »
On peut donc dire sans trop de souci que la randonnée a été le premier sport pratiqué par l’être humain et qu’elle perdure dans une société où les sollicitations sont innombrables, tout comme ses « cousines », les autres disciplines en lien avec la nature. Ouverte au public de tous âges, la randonnée reste donc la base de l’activité physique et elle réussit à se réinventer en liant observation et apprentissage. Comme le dit Philippe Dieudonné, « la randonnée, ce n’est pas juste marcher. C’est aussi découvrir, s’arrêter et observer. »
Noah Lagny
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