RUGBY – Matthew Bauer : « C’est un club très ambitieux »

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Débarqué cet été au RCA en provenance d’Orthez, le Sud-Africain Matthew Bauer, solide seconde ligne, évoque son arrivée à Amiens, ses ambitions et sa vie en France depuis cinq ans. 

Pouvez-vous vous présenter ?

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Je suis Matthew Bauer, j’ai 24 ans et je viens d’Afrique du Sud. Je suis en France depuis 2018, à Orthez, en Fédérale 2. J’évolue au poste de seconde ligne. Je joue au rugby depuis mes 3 ans avec mon frère et ça a toujours été mon rêve de jouer au rugby. Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre mon rêve et de pouvoir profiter du rugby à fond. 

Pourquoi avoir fait le choix de rejoindre Amiens ? 

J’ai eu de bons échanges avec le président Joël (Nayet, ndlr) et le coach Martin (Saleille, ndlr). C’est un club très ambitieux qui vise de grandes choses dans les 2-3 ans. Je connais un peu le club car je connais Matt Doyle qui a joué ici (également sud-africain, amiénois en 2020/21, ndlr). Après son départ, j’ai continué à suivre un peu le club et sa montée en Fédérale 2. J’ai parlé avec lui du club, il m’a dit qu’il y avait de bonnes personnes, une bonne ambiance. J’avais envie aussi de changer car ça faisait cinq ans dans le même club, dans le même coin de France. Je vais pouvoir profiter d’une autre ville, d’un autre club et continuer de progresser en tant qu’homme et joueur de rugby

J’arrive à un aĝe où (…) il faut penser à l’après

Pourquoi avoir fait le choix de rejoindre la France il y a cinq ans maintenant ?

Depuis 2007 et le titre de championne du monde de l’Afrique du Sud en France où j’étais jeune, j’ai eu le rêve de venir jouer en France. Puis mon joueur préféré, François Steyn (sud-africain qui a joué au Racing 92 de 2009 à 2012 puis à Montpellier de 2016 à 2020, ndlr), a signé au Racing et j’ai voulu faire comme lui. Je me suis dit qu’un jour, moi aussi, je viendrai ici pour jouer au rugby. Monsieur Alan Suzan, ancien président de l’US Orthez, m’a offert cette chance. Il a changé ma vie avec cette opportunité et pour ça merci ! 

Quels sont vos objectifs aujourd’hui ?

J’ai toujours l’ambition et le rêve de devenir professionnel et de jouer le plus haut possible. Mais j’arrive à un âge (25 ans le 21 août prochain, ndlr) où l’on sait que tout le monde ne va pas réussir à aller plus haut et il faut penser à l’après. Venir à Amiens va aussi me permettre de préparer la suite car je vais faire une formation pour devenir entraîneur de rugby avec le club partenaire de Rouen. Je vais avoir en charge l’équipe cadets d’Amiens. Si mon ambition première est le rugby, il faut aussi penser à l’avenir. Avec les blessures, ça peut aller très vite. 

Si la touche marche bien, l’équipe marche bien

Le choix de rejoindre Amiens n’est donc pas que sportif ?

Oui, c’est l’occasion de jouer à un bon niveau et de préparer la suite. Il faut anticiper cela pour ne pas être sans rien à la fin de carrière. J’ai la chance de faire ça à Amiens et ça a influencé mon choix. 

Quels sont vos points forts sur le terrain ?

J’aime beaucoup la touche, c’est mon bébé (rire), j’adore jouer la touche. Je regarde des vidéos régulièrement pour voir comment l’améliorer. La touche, c’est important pour l’équipe, ça permet de s’offrir des ballons et de se mettre dans le bon sens. Si la touche marche bien, l’équipe marche bien. Après, j’aime beaucoup porter le ballon, aller au duel, passer la balle, être connecté avec les autres joueurs. Puis il y a le sale boulot que l’on ne voit pas trop comme les plaquages, les déblayages.

Ici (…), personne ne me connaît, je dois me faire un nom

Quelles sont vos ambitions pour la saison à venir ?

Le plus important est de bien m’intégrer avec l’équipe et les joueurs. Gagner le respect des gens ici, des joueurs, du staff, des dirigeants, de mes coéquipiers car c’est avec eux que je joue sur le terrain. Après, c’est d’aider l’équipe à progresser et à atteindre ses objectifs. 

Comment appréhendez-vous la concurrence à votre poste ? 

Ça fait partie du jeu. Ici j’arrive à zéro, personne ne me connaît, je dois me faire un nom. Je dois bien commencer la préparation et tout faire pour gagner ma place. Mais ce n’est pas juste ça, il faut continuer pour la garder et si je joue bien, les autres vont vouloir élever leur niveau de jeu. Cela pousse tout le monde vers le haut et aide l’équipe.

Il y a plusieurs joueurs d’origine sud-africaine dans l’équipe. Cela a aidé ton choix ?

Oui il y a plusieurs joueurs sud-africains mais non, pas du tout. Pour moi, c’est important de ne pas être enfermés entre nous. Je connais bien les Sud-Africains et je sais comment ils font les choses. Pour découvrir autre chose et m’intégrer, il est important de s’ouvrir à tout le monde. J’ai envie de voir comment ils font les choses sur le plan rugbystique et dans la vie de tous les jours. Après, c’est un plus d’avoir des compatriotes, mais s’il n’y en avait pas, ça n’aurait rien changé.

J’aime bien jouer en 3ème ligne

Le fait d’avoir la « licence française », c’était un objectif pour vous ?

Oui. En arrivant en France, l’objectif c’était d’atteindre les 5 ans pour la licence mais aussi pour le titre de séjour, pour être plus libre dans mes déplacements. Aujourd’hui, c’est plus simple pour moi de rejoindre un autre club car il n’y a plus de freins. C’est aussi un plus pour le club qui n’a plus de contraintes. 

Vous jouez deuxième ligne mais vous pouvez également jouer troisième ligne ?

Oui, je joue principalement deuxième ligne mais sur les derniers mois j’ai joué en numéro 8. J’adore cela, mais pour moi le plus important, c’est de jouer. Si le club a besoin que je joue deuxième ligne, je joue à ce poste, si c’est en 10, ou même pilier je jouerais à ce poste (rire) ! Ma priorité, c’est le bien de l’équipe mais j’aime bien jouer en troisième ligne

Venir en France, c’était aussi pour vous chercher une autre culture ?

Oui, venir ici, c’est pour le rugby mais aussi la vie à côté. On vient pour découvrir autre chose, une autre façon de voir les choses. Cela m’a fait grandir en tant que personne. 

Quand tu ne parles pas la langue, c’est plus compliqué

C’est important de partager en dehors du terrain avec vos coéquipiers ?

Oui c’est quelque chose d’important pour avoir une bonne relation sur le terrain. J’ai déjà commencé puisque des joueurs m’on envoyé un message pour aller boire un verre avec moi. C’était cool et c’est des moments comme ça qui permettent de se découvrir et de se faire de nouveaux amis. 

Ce n’était pas une décision facile de venir en France tout seul ?

Non car c’était un rêve pour moi. Quand je suis arrivé, ça a été un choc car je venais pour le rugby sans penser aux à-côtés. Je ne parlais pas la langue et c’était difficile de se faire comprendre au début. C’est devenu un challenge pour grandir en tant que personne. Après,c’était un rêve et quand tu as un rêve et que tu le vis, les choses à côté comme ça ne sont pas un problème. J’ai appris le Français petit à petit, surtout lors du confinement où j’ai profité du temps libre pour l’apprendre.

Le rugby, c’est une chose, mais la vie, c’est plus grand…

Arriver dans un club en parlant français, ça va aider pour l’intégration ?

Oui, c’est un énorme plus pour me faire comprendre sur et en dehors du terrain. Même pour mes coéquipiers, car parfois on prenait les téléphones pour traduire en français et anglais. Sur le terrain, ce n’était pas simple aussi de communiquer. Aujourd’hui, comme j’ai l’expérience et la langue, je peux proposer des choses et demander pourquoi on fait ça, par exemple. Quand tu ne parles pas la langue, c’est plus compliqué.

Vous avez pu rencontrer le coach. Comment se sont passés vos échanges ?

Avec le coach, on a eu un bon feeling dès le début. Tu sais, parfois quand tu rencontres quelqu’un pour la première fois, tu as du mal à parler, il y a des blancs… Nous nous sommes connectés de suite et on a parlé de tout, même en dehors du rugby. C’est un très bon mec, ambitieux et j’ai hâte de jouer pour lui. 

Vous arrivez dans un club familial, cela compte pour vous ?

Oui c’est important, car je viens aussi pour découvrir une autre culture et d’autres personnes. Je suis tout seul ici et cela me fait une autre famille. C’est aussi bien pour le futur. Le rugby, c’est une chose mais la vie, c’est plus grand… Les relations que tu as aujourd’hui peuvent te servir dans le futur, pour ta fin de carrière. Peut-être que tu partiras en vacances ensemble, que tu auras des opportunités professionnelles… 

Aurélien Finet
Crédit photo : Matthew Bauer (DR)