RUGBY : Bilan et projection pour le RCA (2/2)

rca rugby feminin federale 2 amiens vs vincennes gazettesports leandre leber 21
Ⓒ Gazette Sports
Publicité des articles du site GazetteSports

Après la première partie du long entretien accordé à Gazette Sports par Joël Nayet et Martin Saleille, président et entraîneur du club d’Amiens (Fédérale 2), la suite et la fin. Avec l’essor des féminines. Et l’avenir qui va s’écrire, à court terme, sans Joël Nayet…

En ce qui concerne d’abord la section féminine, l’objectif annoncé est également la Fédérale 1, dans un futur même plus proche que les garçons. Qu’allez-vous mettre en place pour franchir ce palier ?

publicite cit dessaint 2 gazette sports

Martin Saleille, entraîneur du RC Amiénois masculin : On est très content déjà de ce que fait l’équipe, qui a réalisé une saison exceptionnelle (avec le titre Île-de-France / Hauts-de-France et une seule défaite, ndlr). Elles progressent super vite et elles ont encore les phases finales à jouer… On sait que ce sera difficile de monter dès cette saison mais pourquoi pas !
On veut structurer la section féminine comme pour les garçons, pour monter mais surtout pour rester. On a une croissance très importante du nombre de licenciées. Depuis le retour de l’équipe, on a multiplié par trois le nombre de licences ! On a aussi nos cadettes, dont les résultats ne sont pas ceux espérés, mais qui sont de plus en plus nombreuses.

remise de prix sportif amiens metropole gazettesports kevin devigne 6

On a l’objectif de créer une deuxième équipe à 10 pour permettre aux joueuses encore un peu justes pour jouer avec l’équipe première, de progresser, mais aussi à nos jeunes joueuses de découvrir le monde senior. Il y a aussi le développement des jeunes, avec la même envie de brasser un maximum de joueuses dans le territoire et de les faire bénéficier des meilleurs encadrements possibles. L’objectif est que notre équipe senior puisse bénéficier de la montée de joueuses formées au club. Nous voyons d’ailleurs notre centre d’entraînement de façon mixte. Ce ne sera peut-être pas possible pour les féminines d’y entrer dès le début, mais on espère le plus vite possible. 

rugby federale 2 rca feminines stade domontois gazettesports kevin devigne 11

Si des filles peuvent atteindre le niveau professionnel, on ne va pas les empêcher de partir, on les encourage même !

Joël Nayet, président du RC Amiénois

Joël Nayet, président du RC Amiénois : Sans une formation correctement structurée et une bonne équipe réserve, on ne pourra pas se développer. On est tous très fiers de la performance qu’elles font et ce n’est pas terminé. C’est la grosse satisfaction de cette année. Je souhaite que l’on puisse intégrer rapidement des jeunes dans l’équipe. D’où la création impérative d’une deuxième équipe. On veut aussi, comme les garçons en s’appuyant sur les autres clubs de la Somme, développer la formation des jeunes joueuses. Plus on commence tôt à les amener au rugby, plus tôt elles seront prêtes à évoluer avec l’équipe première.
Il faut veiller à l’avenir du groupe pour que cette équipe perdure. On n’a pas de problème de budget avec les filles. On a encore beaucoup de travail pour atteindre nos objectifs, mais aujourd’hui c’est la troisième équipe des Hauts-de-France et c’est déjà très bien. On doit continuer de faire venir des filles de l’extérieur et les résultats vont aider même si l’on brasse déjà des filles de tout le département. L’image de nos Licornes est très importante pour le club.

rca rugby feminin federale 2 amiens vs vincennes gazettesports leandre leber 63 1

On a vu des joueuses se mettre en évidence cette saison. Cela vous oblige-t-il a accélérer vos plans pour ne pas les voir partir ?

JN : Si des filles peuvent atteindre le niveau professionnel, on ne va pas les empêcher de partir, on les encourage même ! On reste un club amateur et aller plus haut que la Fédérale 1 n’est pas encore d’actualité du tout.
Je trouve que l’on met en place des structures et des moyens déjà intéressants et on va continuer dans ce sens. Je ne souhaite qu’une chose : que l’on puisse répondre aux attentes de nos meilleurs éléments pour pouvoir les garder. Il ne faut pas non plus oublier que le cycle d’une femme, sportivement, n’est pas le même qu’un homme. Et c’est dans ce sens qu’il faut penser à se structurer et à avoir un vivier, pour que le club se maintienne à un très bon niveau. Si l’on a besoin de faire venir des filles de l’extérieur, on verra mais on arrive déjà à faire venir des filles. Je lance d’ailleurs un appel : si des filles veulent évoluer à un bon niveau amateur et se faire plaisir dans une équipe avec une superbe ambiance, elles sont les bienvenues !

Il ne faut pas que tout soit basé sur Lille, notre métropole mérite d’avoir des infrastructures de haut niveau.

Joël Nayet

On a vu cette saison en Fédérale 2 féminine un « gap » entre deux équipes, Reims et Amiens et les autres. Il y a le danger d’une certaine lassitude si vous ne parvenez pas à monter rapidement ?

JN : Effectivement et c’est pour cela que l’on a un projet ambitieux pour notre équipe féminine et le développement du rugby féminin en règle générale. Tout n’est pas encore parfait dans ce que l’on met en place mais on est sur le bon chemin. Je crois en cette équipe et en notre projet d’atteindre dans un futur proche le niveau supérieur. 

Pour mener à terme vos projets, il y a une nécessité d’améliorer vos installations ?

rugby federal 2 rc amiens vs ris orangis leandre leber gazettesports 428

JN : Oui, cette saison notre groupe féminin a dû aller jouer plusieurs fois sur des installations de villes voisines car on n’avait pas de solutions en interne et ce n’est pas normal ! C’est une discussion que l’on a avec Amiens Métropole et les institutionnels. Les projets sont longs et de ce que j’ai compris, on n’aura pas de terrain synthétique cette année, ce qui est un handicap pour nous aujourd’hui.
Nos infrastructures posent problème et vont arriver à la limite de notre projet. Les élus nous suivent, ainsi que la Région et le Département qui doivent nous aider plus pour avoir un vrai centre de rugby sur Amiens. Il ne faut pas que tout soit basé sur Lille, notre métropole mérite d’avoir des infrastructures de haut niveau. Le synthétique, on espère que ça arrivera bientôt mais cette année ce sera visiblement pour les Spartiates (le club de football américain d’Amiens, ndlr). On attend notre tour avec impatience.

Billetterie ou pas au stade Charassain ?

Vous évoquez la création de nouvelles équipes au sein du RCA mais cela implique justement plus de place aussi ?

JN : Pour cela, ce n’est pas un problème dans l’immédiat car la création d’une troisième équipe masculine serait en lien avec nos clubs partenaires, donc on pourrait utiliser leurs installations. Et je suis certain que nos partenaires seraient ravis d’accueillir une équipe féminine à 10 en lever de rideau de leur match. Donc on y arrivera par des artifices. Mais l’âme d’un club, ce n’est pas ça et il faudrait que tout soit basé à Amiens. 

Vous aviez évoqué dans un entretien que vous nous aviez accordé en juillet dernier la mise en place d’une billetterie. Où en êtes-vous de la réflexion à ce sujet ?

rugby federale 2 rca amiens vs plaisirs 0020 gazettesports leandre leber

JN : Pour le moment, on en est au même point : on discute avec la Métropole pour aménager le stade Charassain et pouvoir en bénéficier. Ce ne sont pas des sommes extrêmement importantes mais ça reste une rentrée d’argent supplémentaire et surtout c’est obligatoire en cas de montée (en Fédérale 1, ndlr). Le projet a été initié, proposé, il y avait un accord tacite qui n’a pas été confirmé par nos élus.
On a aussi un problème avec nos structures administratives car on est passé à 8 salariés et on n’a pas de place pour leur permettre de travailler correctement ! On a une maison vide sur le site que l’on aimerait restructurer. Il y a un projet, on y travaille mais c’est long, très long… C’est pour cela que l’on a besoin d’une pause à ce niveau avant de viser plus haut car on ne veut pas juste faire l’aller-retour. Cela ne nous empêchera pas, par contre, d’être un bon club de Fédérale 2 dès la saison prochaine.

Amiens Métropole est en ce moment à fond sur les JO 2024. Il y a d’abord aussi la Coupe du Monde de rugby qui arrive, en septembre et octobre prochains. C’est pour vous l’occasion de faire bouger les choses ?

JN : Je ne pense pas que cela puisse nous permettre d’accélérer les choses, sauf si on venait à être camp de base. Pour le moment, on travaille avec les élus pour créer des événements au club pour faire vivre ces événements, mais c’est difficile. On veut se servir de cela pour faire connaître encore plus le rugby et ce que l’on fait. Et utiliser le moteur Équipe de France pour attirer des jeunes. On veut créer une fan zone pour les clubs et des moments plus sociaux autour du rugby au sein de nos installations. 

Il est temps de bientôt passer le flambeau à un nouveau président.

Joël Nayet
rugby soiree lancement de saison rca gazettesports kevin devigne 24

Je voulais aussi profiter de cette interview pour évoquer mon avenir. Les projets que l’on a évoqués sont des projets à plus ou moins long terme. Pour accéder à la Fédérale 1, il faut encore quatre ans, je pense, environ. Je suis venu pour faire monter le club en Fédérale 2, c’est chose faite. J’aurais voulu reprendre la place de  leader en Picardie mais notre voisin beauvaisien a bien travaillé.
Je souhaite que le club évolue en Fédérale 1 mais ce sera sans moi. Je ne suis pas éternel et je n’ai pas envie de passer à travers certaines choses de ma vie. Je suis au club depuis cinq ans et la saison prochaine sera une année de transmission. On arrive à la fin d’un cycle qui doit en annoncer un nouveau pour conduire le club en Fédérale 1. Je resterai dans le club Partenaires et les engagements pris seront honorés. Mais il est temps de bientôt passer le flambeau à un nouveau président. Je n’ai plus l’âge et la force de conduire un projet sur 5 ans. Aujourd’hui, j’ai 68 ans et si je reste, il sera temps, dans la saison, de passer le flambeau à la jeunesse

Le président du RCA compte donc prendre un peu de recul, progressivement, pour que démarre un nouveau cycle, tout en restant présent au sein du club.

Propos recueillis par Aurélien Finet
Crédit photo : Léandre Leber et Kevin Devigne – Gazette Sports (archive)