Après plusieurs saisons à survoler le championnat français avec Amiens, Héloïse Fournier rencontre du succès en Suisse.
Il y a 4 ans, Gazette Sports avait déjà approché la hockeyeuse, et la concernée avait témoigné vouloir se rapprocher du pays du chocolat, après ses études. On peut dire que tout se passe pour le mieux pour Héloïse Fournier, qui après avoir obtenu son diplôme en STAPS, a trouvé sa place à Fribourg : « Je suis partie en Suisse après ma licence, puisque mes parents m’avaient dit qu’après ça, je pourrais partir vivre ailleurs pour le hockey. J’ai alors contacté des clubs en Suisse et j’ai atterri dans le club des Fribourg Ladies (ndlr : pensionnaires de SWHL B, deuxième échelon suisse) ». Héloïse n’est pas un cas à part, l’Eldorado du hockey féminin ne se situe pas en France, et l’Amiénoise assoiffée de compétition le sait : « Le championnat français est très limité pour les filles. Il y a deux poules sans même avoir beaucoup d’équipes. 10 matchs par saison, plus 3 si tu accroches le carré final. Ça fait une saison très très courte et avec un gros écart de niveau entre les premières et dernières ».
Je suis fière de moi, surtout parce que c’est ma première saison à l’étranger.
En Juin, les deux parties se lient et la Picarde découvre ses futures coéquipières à l’occasion d’un week-end d’intégration, puis d’un week-end de tournoi à Langenthal. « La cohésion s’est vite faite et je me suis fait plein de copines ». Si la concernée a dû se mettre en jambes pour aborder une saison plus dense que celles qu’elle avait pu connaitre jusqu’alors, son niveau ne lui fait pas faux bond et Héloïse s’impose comme une attaquante confirmée du haut de ses 24 points en 18 matchs de saison régulière. Ce qui la propulse à la neuvième place des meilleures pointeuses du championnat, le tout pour sa première saison : « Je suis fière de moi, surtout parce que c’est ma première saison à l’étranger. Je ne pensais pas faire autant pour une première année. Je pensais plutôt faire une année de transition pour m’habituer au championnat ».
En plus de vivre sa première saison au delà des frontières, la joueuse de 22 ans poursuit ses études à Lausanne dans les sciences du sport, coache des jeunes de U9 à U13 et s’engage auprès de l’association Bauer Training Center pour donner des cours. Ce planning bien chargé ne lui fait pas perdre de vue l’objectif clair du club en début de saison : la promotion en Postfinance Women’s League, le championnat élite suisse.
Les play-offs, début du rêve
N’ayant concédé aucune défaite en quart de finale, puis en demi-finale, c’est presque aisément que les Fribourg Ladies accèdent à la finale. L’Amiénoise vit ses premiers play-offs, tout comme les précautions à prendre pour les tenir physiquement (le championnat français féminin adopte un format de final four uniquement, ndlr). « Tu as match le samedi et le lendemain ça enchaine. Les premiers week-ends ça allait mais ensuite il faut faire attention à tout, au repos, à ton alimentation. Forcément, le corps a besoin de récupérer pour les matchs suivants », témoigne la numéro 17.
J’ai traversé la patinoire, j’ai coupé dans le slot, j’ai fait un shoot du revers et il est rentré. Sur le moment, je n’y croyais pas.
Menant 2-1 dans la finale au meilleur des 5 matchs, Héloïse et ses coéquipières pouvaient terminer cette série le 11 mars dernier. Un peu moins de trois minutes de jeu avant le coup de sifflet final, avec 2-2 au tableau d’affichage, l’ex-Gothique marque l’histoire du club au Dragon : « Je ne m’en rends pas encore compte. C’est étrange de réaliser que c’est mon but qui nous fait monter« , raconte t-elle d’une voix encore émue. « On s’était dit qu’on ne voulait pas de nouveaux matchs, qu’on voulait en finir, on s’est toutes motivées. Je ne sais plus vraiment comment c’est arrivé sur le moment mais j’ai traversé la patinoire, j’ai coupé dans le slot, j’ai fait un shoot du revers et… le palet est rentré. Sur le moment, je n’y croyais pas« .
La Samarienne, qui rêvait de pratiquer en voyant son frère sur les patins en étant petite, offre l’élite aux Fribourgeoises, même si l’humble joueuse ne manque pas de rappeler « qu’au final ce n’est pas qu’à moi qu’on le doit, c’est un travail d’équipe« .
Quant à son avenir, la concernée ne souhaite pas brûler les étapes. Alors quand nous lui demandons si elle rêve d’équipe de France de nouveau, elle qui jouait avec les internationales Betty Jouanny et Gwendoline Gendarme cette saison, celle-ci avoue avoir « la tête aux études en priorité, mais si on me rappelle et qu’on me donne ma chance, bien sûr que j’y retourne, et avec plaisir ! »
Kevin Devigne
Crédit photo : DR – Lise Neukomm