L’Amiens AC accueille à partir de dimanche son tournoi ITF féminin, sur terre battue indoor. L’occasion de découvrir de jeunes, voire très jeunes joueuses qui tentent de se faire une place sur le circuit. Avant de partager les courts, de vendredi 10 à dimanche 12, avec l’Open Cellenza de paratennis.
C’est un rituel qui marque la fin de l’hiver à Amiens, au moment où la saison sur terre battue s’amorce tout juste, jusqu’au point d’orgue que représente Roland-Garros : l’ITF W15 de l’AAC. Par « W15 », il faut comprendre une dotation globale de 15 000 $ (14 000 €), la plus petite catégorie des tournois du circuit professionnel. Mais cette année, l’AAC casse les codes en proposant simultanément la 2ème édition de l’Open Cellenza de tennis fauteuil. Précisément de vendredi 10 à dimanche 12, donc sur la fin du tournoi ITF. « Nous avons voulu donner ainsi davantage de visibilité à la pratique du tennis fauteuil » explique Karla Mraz-Fourcroy, directrice de l’AAC et des deux tournois. « Et offrir plus de spectacle au public, tout en optimisant l’activité de la vingtaine de bénévoles mobilisés pendant ces huit jours. »
Le tennis fauteuil davantage en lumière
C’est ainsi que les deux figures du paratennis amiénois, David Sueur et Timothée Da Costa Santos, respectivement 47ème et 41ème joueurs français, sont attendus, après la 1ère édition, en avril dernier où l’aîné avait été battu en 1/4 du tableau 2 alors que le plus jeune, Timothée Da Costa Santos, qui reprenait seulement la compétition, avait atteint la finale du tableau 3.
Cette année, les messieurs sont regroupés dans deux tableaux de 8 joueurs. Timothée Da Costa Santos aura un bon test dans le tableau 1, le plus relevé où le Nordiste Nicolas Vanlerberghe, N°11 français et 72ème mondial sera le favori : « Mais quand je joue un match, c’est pour le gagner. Un tournoi, c’est pareil ! » clame l’étudiant en STAPS originaire de Corbie. David Sueur, lui, entend « se lâcher » cette année dans le tableau 2, pour confirmer ses progrès, mesurés notamment en championnats par équipes où les deux ont hissé l’AAC en finale de la N3, à jouer mi-avril à Saint-Malo.
Tandis que dans le tableau féminin, la jeune joueuse de l’AAC Bérénice Mathot tentera de donner son maximum après son succès au tournoi « balles vertes » l’an dernier.
Des joueuses de la région mais pas Jade Psonka…
Concernant l’ITF, pour quelques unes des 74 joueuses engagées – qualifications et tableau final compris -, ce tournoi est également devenu un rituel.
Lucie Wargnier en tête, qui revient sur une terre picarde où elle a ses racines, mais dans un tournoi qui ne lui a jamais vraiment souri, excepté en 2020 où elle était qualifiée pour les 1/4 de finale quand le Covid et le premier confinement avaient renvoyé tout le monde à la maison… Actuellement 871ème WTA, la Noyonnaise – 535ème à son meilleur – reste sur une défaite au 2ème tour des qualifs, il y a un mois, au W25 de Saint-Étienne.
Voilà pour la principale tête connue. Mais d’autres joueuses possèdent également leurs repères sur la terre battue couverte de l’AAC : c’est le cas de Thessy Ntondele. Si elle n’a pas encore 17 ans, la Nordiste s’entraîne depuis des années au Pôle Espoirs de la Ligue des Hauts-de-France, à Amiens. Comme l’an dernier, elle a reçu une wild card (invitation) pour intégrer directement le tableau principal, après avoir franchi plusieurs tours de qualifications cet hiver lors de trois tournois W15 en Tunisie.
On ne verra hélas pas cette fois celle qui était sa camarade d’entraînement à la Ligue jusqu’à l’été dernier : Jade Psonka, la joueuse originaire de Longueau, vice-championne de France des 17-18 ans, qui a rejoint son coach Julien Obry à Albert. La Samarienne souffre d’un poignet et se trouve au repos forcé. En revanche, deux joueuses de sa génération, qu’elle connaît bien et qu’elle apprécie, sont engagées.
Lou Borez, sa cadette d’un an et partenaire à Albert, bénéficie d’une wild card pour les qualifs après son récent succès à l’Open du TC Gisors. Tandis que la championne de France des 17-18 ans, Jenny Lim, entre par son classement dans le tableau final, où elle devrait même être la Française la mieux classée (747ème mondiale), après une édition 2022 où la Parisienne avait passé un tour et surtout sur la lancée d’un hiver où elle a beaucoup joué, des plus gros tournois, atteignant notamment les 1/4 d’un W25, sur dur, en Guadeloupe.
Car il ne devrait y avoir, sauf engagée de dernière minute, aucune Française tête de série, une première depuis plus de 15 ans. Autant dire que, sur le papier, les chances de voir une Tricolore inscrire cette année son nom au palmarès sont minces. Mais c’était la même chose ou presque l’an dernier et cela n’avait pas empêché Lucie NGuyen Tan de s’imposer, à sa troisième participation et sans perdre un set de la semaine.
Les dernières Françaises victorieuses 2022 : Lucie NGuyen Tan 2017 : Audrey Albié 2013 : Virginie Razzano 2010 : Claire de Gubernatis 2009 : Violette Huck 2008 : Karla Mraz
900 places gagnées au classement WTA
Si remporter ce tournoi ou s’y révéler ne donne évidemment pas l’assurance de réussir une grande carrière ensuite, elles sont nombreuses depuis la 1ère édition en 1999 à avoir atteint plus ou moins rapidement le Top 100 WTA : l’Amiénoise Julie Coin, finaliste 2006 face à Yaroslava Shvedova, s’est hissée au 60ème rang mondial quand la Kazakhe a été 25ème mondiale, après deux 1/4 de finale en Grand Chelem. La Belge Élise Mertens a culminé à la 12ème place WTA en 2018, trois ans après son 1/4 à l’AAC.
Plus récemment, trois jeunes joueuses ont connu des ascensions aussi vertigineuses que rapides : stoppée en 1/4 en 2020 par l’arrêt du tournoi à cause du Covid, la Chinoise Qinwen Zheng est passée de la 632ème place mondiale à la 24ème en deux ans et demi. Battue la même année au 1er tour, à 14 ans, la Tchèque Linda Fruhvirtova a joué les 1/8èmes du dernier Open d’Australie et frappe à la porte du Top 50, soit un bond de 900 places en moins de trois ans ! Quant à la gauchère andorrane Victoria Jimenez Kasintseva, éliminée au 2ème tour en 2021, elle a atteint la 121ème place mondiale 18 mois après.
Pour la petite histoire, on retient enfin cette info donnée le week-end dernier par Éléonore Barrère, l’une des joueuses qui participait au Trophée Wallenberg à l’AAC. Elle se souvenait très bien du score sans appel infligé, à l’époque où elle tentait sa chance sur le circuit, par « une Allemande, 6-0 6-0 au dernier tour des qualifs de l’ITF d’Amiens. » Renseignements pris, c’était en 2014. Et cette joueuse, on l’a retrouvée : Katharina Hering est de nouveau engagée cette année dans ces mêmes qualifs ! Neuf ans après et à 28 ans, elle sera d’ailleurs l’une des doyennes d’un tournoi qu’elle apprécie sans doute, même si, dans son cas, le tremplin vers le très haut niveau n’a pas vraiment fonctionné…
Tournoi ITF féminin et Open Cellenza masculin et féminin de l’AAC – Allée des Tennis à Amiens – Entrée gratuite
Dimanche 5 mars : 1er tour des qualifications du tournoi ITF (24 matchs) dès 10h
Lundi 6 : 2ème et 3ème tours des qualifications du tournoi ITF (18 matchs)
Mardi 7 : 1er tour du tableau final et début du 1er tour du double du tournoi ITF
Mercredi 8 : Suite et fin du 1er tour du tournoi ITF + Kids Day l’après-midi : des joueuses à la rencontre des enfants de l’école de tennis
Jeudi 9 : 2ème tour du simple et du double du tournoi ITF
Vendredi 10 : 1er tour de l’Open Cellenza de paratennis, 1/4 de finale du simple et 1/2 finales du double du tournoi ITF
Samedi 11 : 1/2 finales du simple et finale du double du tournoi ITF, 1/2 finales de l’Open Cellenza
Dimanche 12 : finales dames et messieurs de l’Open Cellenza, finale du tournoi ITF
Vincent Delorme
Crédit photo : Léandre Leber, Kevin Devigne et Reynald Valleron – Gazette Sports (archive)