Accablé par la malchance, l’Amiens SCBB a encore chuté, à Liévin, 77-67.
Les Amiénois le savaient, ils arrivaient dans des conditions déjà très difficiles avec de nombreux absents. Mais comme « les emmerdes, ça vole toujours en escadrilles », dixit Jacques Chirac, il fallait bien que les malheurs amiénois se poursuivent. D’abord avec un imprévu qui agaçait particulièrement Frédéric Domon : « Quand on est arrivé, la salle était impraticable et on nous a rabattu dans une salle… Impossible de jouer en championnat de France de basket dans une salle comme ça. On est déjà plus que diminués, derrière, on est obligés de jouer dans une salle qui n’est pas homologuée, avec des paniers pas droits, pas à la même hauteur, un éclairage pourri. » Et si les conditions sont les mêmes pour les deux équipes, elles n’étaient toutefois pas sur un pied d’égalité, le coach amiénois soulignant que « eux s’entraînent dans cette salle. »
Quant au jeu en lui-même, cela part rapidement mal. Dès le début, l’écart se creuse, 18-5, puis 24-7 au terme du premier quart temps. Pour finalement atteindre les 20 points d’écart, 32-12. Et derrière « il faut courir » après le score. À mi-parcours, il y a encore 44-30. Mais Frédéric Domon insiste tout de même sur le fait que « après, on fait des efforts, on revient à 7 points dans le troisième quart temps (58-51), on a un peu plus de réussite, on est un peu plus disciplinés, on défend plus dur. » Hélas, « comme ça fonctionne, on se permet de faire autre chose. » Ce qui fait finalement perdre le fil du retour dans le match et s’incliner de 10 points, 77-67, et rester au fond de la classe (13ème) avec une 5ème défaite en 6 matchs.. Pire, comme si cela ne suffisait pas, « comble du malheur, Emilien Boinet qui est un joueur très important a un gros malaise au 4ème quart temps. » Soit un nouveau coup dur, d’autant qu’« il ne va pas bien du tout », s’inquiète son entraîneur.
Si, en reprenant les mots de Laurent Sciarra, Frédéric Domon regrette que « des dauphins, tu n’en feras pas des requins » et que ces joueurs soient « des gentils garçons », trop pour le niveau d’exigence qui leur est demandé – « Quand tu fais de la compétition, il faut rentrer dedans, de temps en temps. » – , il se montre aussi indulgent. « Je n’en veux pas aux joueurs, affirme-t-il ainsi, parce que ceux qui restent, on est obligés de tirer dessus, il n’y a pas d’autres solutions. On n’a pas de rotation, ça fait mal. » Des difficultés physiques, avec désormais 14 blessés et l’obligation de piocher dans la réserve et parmi les U20 pour avoir ne serait-ce que 10 joueurs à l’entraînement qui jouent sur la façon de travailler : « Les entraînements, maintenant, tu prends des pinces parce que tu as peur qu’il en ait un qui explose en plein vol. » Et forcément, cela joue aussi sur le moral : « On a tous pris un gros coup sur la cafetière. »
On, en effet, parce que Frédéric Domon lui-même semble touché par le cours des événements : « Quand tu es entraîneur, tu ne sais plus par quel bout prendre les choses. Je ne sais plus quoi faire. Il y a quelqu’un qui nous a lancé un sort, c’est pas possible ! J’ai jamais vu ça ! Je suis désabusé. » Un désarroi d’autant plus important que le technicien picard estime que « on serait au complet, il n’y aurait pas photo » face à cette équipe de Liévin. Restent quelques motifs d’espoir que la dernière recrue américaine, après l’échec de la venue de Mike Crane, puisse « redonner le moral à tout le monde » et une trêve qui « arrive à point nommé, on va s’entraîner avec de la rigueur, mais ça va faire du bien à toutes les têtes de ne pas jouer samedi. »
BC Liévin (b) – Amiens SCBB : 77-67 [(24-7)(20-23)(14-21)(19-16)]
Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports