À l’approche de la première saison en Fédérale 2 de son histoire, le RC Amiénois se veut conquérant, à l’image de son président, Joël Nayet qui nous livre les contours de l’ambitieux projet amiénois.
L’objectif est simple et très clair : installer Amiens dans le paysage rugbystique des Hauts-de-France et du bassin géographique dans lequel il se trouve. Situé entre Rouen RNR (Pro D2), l’Olympique Marcquois (Nationale 2), Beauvais (Fédérale 1) et les nombreux clubs franciliens (Top 14, Pro D2 etc.), le club samarien entend se faire un nom.
Un effectif renforcé
Pour cela, le RCA compte sur son équipe fanion, promue de haute lutte en Fédérale 2 et qui va connaître des changements la saison prochaine. En effet, désireux de continuer de grandir et de ne pas faire de la figuration, le club va se consolider sur plusieurs points. Comme évoqué par l’entraîneur en chef Martin Saleille, le club veut s’appuyer sur un noyau dur qui prolonge l’aventure. S’il y a quelques départs, la majorité des joueurs poursuit et sera accompagnée de recrues. Des joueurs qui répondent tous à des besoins comme le souligne Joël Nayet. “On a fait le constat l’année dernière que l’on avait parfois fait preuve de précipitation et de manque de maîtrise dans le jeu. On avait donc à cœur d’apporter de l’expérience, surtout après le départ d’un joueur comme Anthony Scelers qui nous a apporté cela l’année dernière. Les joueurs qui nous rejoignent doivent nous apporter cela et un plus sportivement. On est allé chercher des joueurs qui ont déjà connu au minimum la Fédérale 2, car recruter des joueurs du même niveau que les nôtres n’avait aucun intérêt. »
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le CV des nouveaux parle pour eux et correspond parfaitement aux attentes du club. À commencer par la première ligne, secteur privilégié ayant subi des départs et un manque de rotation à certains moments la saison passée. Le premier à renforcer ce poste est le pilier Quentin Frion. À 31 ans, le gaillard d’1,85 m pour 115 kg arrive de Compiègne où il a passé 17 ans et joué en Fédérale 2 et Fédérale 3. Après avoir longtemps hésité il y a un an, il rejoint cette fois le club de sa ville natale pour jouer en Fédérale 2. Il sera accompagné d’un autre joueur d’expérience en la personne de Giovanni Fournet (30 ans, 1,80 m, 115 kg), ancien de Lille OMR, Massy ou encore Bourges. Originaire de St Quentin, il retrouve Martin Saleille qu’il a connu dans l’Aisne. Il a promis à son président de “montrer de quel bois il se chauffait ! » Avec ses arrivées, le club jaune et bleu apporte du poids et de la puissance à sa première ligne, mais aussi un soupçon « d’agressivité » à un secteur parfois « un peu trop sage » l’année dernière pour Joël Nayet.
Un nouvel international zimbabwéen en renfort
Vient ensuite Benjamin Martin, 2ème / 3ème ligne aile (32 ans, 1,90 m, 105 kg) ancien d’Arras, de Compiègne ou encore de Beauvais. Joueur de tempérament et sauteur, il vient renforcer un secteur où les Amiénois ont parfois souffert. Après une dernière saison à Compiègne qu’il qualifie de « décevante », il avait envie de revenir au niveau Fédérale 2 et 1 qu’il a connu, avec Beauvais notamment. Il sera accompagné de Corentin Lefèvre, 2ème ligne / 3ème ligne centre (28 ans, 1,88 m, 120 kg). Ex-Arrageois et Lillois où il a connu les Fédérale 1 et 2, c’est un renfort qualifié « d’extrêmement solide ». Après une dernière saison gâchée par une grosse déchirure musculaire, il arrive à Amiens avec le plein d’énergie et en pleine forme.
Vient ensuite le polyvalent Shayne Makombe (30 ans, 1,78 m, 95 kg), capable d’évoluer 3⁄4 centre mais aussi ailier. International zimbabwéen, en France depuis 2017, il arrive de St Denis, en Fédérale 1, après notamment un passage à Compiègne. Gros compétiteur, il devrait parfaitement s’entendre avec son compatriote en sélection Riaan O’Neill. Son arrivée va apporter de la rotation et permettre à O’Neill de reculer à l’arrière en cas d’absence de Prévost notamment. Évoluant en France depuis 5 ans, Makombe évolue sous licence A et peut jouer sans restriction. Il n’est pas le seul ailier à rejoindre le club puisque Thomas Leguillette débarque de Beauvais, en Fédérale 1. Passé lui aussi par Compiègne, c’est encore une fois un Picard.
Un autre joueur peut être considéré comme une recrue, bien que déjà là : Maxime Caron (2ème ligne), blessé en début de saison 2021/22, il n’a pas joué le moindre match officiel. Ancien Compiégnois, il aura à cœur de montrer ce dont il est capable.
Plusieurs jeunes joueurs vont aussi rejoindre le RCA pour renforcer dans un premier temps la réserve et pourquoi pas bousculer la hiérarchie en cours de saison.
Le club essaye encore de finaliser un ou deux dossiers, dont un avant et un numéro 10, botteur originaire de la région, que le RCA aimerait vraiment attirer mais qui réserve encore sa réponse pour des raisons professionnelles. Sauf opportunité avec un joueur qui arriverait à Amiens pour ses études ou des raisons professionnelles, il n’y aura pas d’autres arrivées.
Mais les meilleures recrues sont les joueurs qui restent, priorité de Martin Saleille. Et parmi eux, des joueurs arrivés l’année dernière comme Noam Tramon ou Romain Danhiez et surtout les internationaux. Cela avait d’ailleurs été anticipé car avant même la montée en Fédérale 2, Tapiwa Tsomondo et Riaan O’Neill ont prolongé de deux saisons. Joueurs majeurs de l’équipe, ils ont tous les deux fini la saison blessés mais ont tout de même participé ensuite au tournoi de qualification pour la Coupe de Monde avec le Zimbabwe. Leur sélection n’a malheureusement pas réussi à se qualifier.
Pour le demi de mêlée sud-africain Ruan Van Rensburg, arrivé en début de saison dernière, il lui reste une année de contrat. Après une saison mitigée, entre adaptation et blessures, le président du RC Amiénois croit énormément en lui. “Il a eu un peu de mal et n’a pas pu exprimer son potentiel. J’ai énormément d’espoir en lui et nous allons voir un garçon totalement différent à la rentrée. C’est un joueur qui, en termes de stratégie et de plan de jeu, peut nous apporter un vrai plus. Il a une vraie influence sur le groupe, c’est quelqu’un de très écouté. J’espère que l’on va voir la meilleure version de lui la saison prochaine.”
Le staff de son côté reste sensiblement le même mais va lui aussi connaître quelques changements. Le plus important est sûrement le fait que Martin Saleille quitte ses fonctions au sein de la Fédération pour se consacrer à 100% au club. Ensuite, Vincent Théo revient au club pour passer son DE d’entraîneur et aura en charge l’équipe de Fédérale b. Pour le reste, le club a verrouillé son staff, à l’image de l’Écossais Scott Jeffrey, arrivé il y a un an et qui prolonge l’aventure. Au plus grand plaisir de son président : “c’est un entraîneur qui nous apporte une culture différente et de l’expérience”. Preuve du professionnalisme, les joueurs auront l’année prochaine un kiné à disposition. Il sera disponible pour les joueurs dans la semaine mais aussi les jours de match, à domicile comme à l’extérieur. Une nécessité pour Joël Nayet car “les déplacements vont être plus longs, même si pas aussi importants que prévu, l’engagement plus intense. Il va y avoir plus de matchs aussi, on se doit de faire attention à la santé de nos joueurs. Si l’on veut qu’ils soient le plus performants possible, il faut les mettre dans les meilleures conditions et améliorer du mieux possible leur récupération. C’est pour cela que l’on va mettre en place un pôle médical, avec notamment un kiné.”
On a la réputation d’être un club sérieux
Joël Nayet, président du RC Amiénois
Cela doit permettre au club d’atteindre l’objectif qui est de se maintenir et plus précisément de finir autour du top 6-8, soit le milieu de tableau. S’il reconnaît que la poule sera compliquée, avec notamment les équipes franciliennes qui bénéficient d’un gros réservoir, Joël Nayet croit en son équipe et assure qu’elle ne sera pas là pour faire de la figuration. S’il se veut ambitieux et vise toujours plus haut, il ne veut pas griller les étapes, tout en affirmant que le club saisira les opportunités si elles se présentent. Il n’oublie pas non plus les retrouvailles avec Saint-Malo, qui avait éliminé les Amiénois avant que le RCA monte en barrages : “on va aller là-bas et les recevoir avec une équipe bien différente de la saison dernière où nous étions dans une phase un peu compliquée. On aura à cœur de montrer à nos amis malouins un tout autre visage…” Le tout sans oublier le mauvais début de saison dernière, car “pour exister dans cette poule, il faudra absolument ne pas reproduire la même entame. Je crois en tout cas à cette équipe et les objectifs sont pour moi réalistes et réalisables.”
Le mercato plaît à Joël Nayet, qui met en avant le projet du club. “On est satisfait de notre recrutement et je pense que l’on a su remplir nos objectifs et compenser nos manques. On n’est pas le club le plus riche de Fédérale 2, même si l’on a un budget en progression, qui est satisfaisant pour ce niveau. Pour séduire les joueurs, il faut de l’argent c’est une évidence, mais surtout un projet. Je pense que c’est avant tout cela qui nous a permis d’attirer encore une fois des joueurs de ce calibre. Ça donne de la crédibilité à notre projet et à nos ambitions. On a la réputation d’être un club sérieux, qui respecte ses joueurs et cela nous aide aussi. Après, je pense aussi qu’Amiens est une ville qui attire et cette attractivité nous aide à faire venir des joueurs. On a la chance d’être parfaitement situé et bien desservi, tout en étant une grande métropole, mais à taille humaine. On n’a pas de passé sportif mais on va essayer de construire le présent et l’avenir ensemble et de continuer de progresser. A titre personnel, j’aimerais bien rejoindre Beauvais en Fédérale 1 dans les années à venir.”
La suite de cet entretien avec Joël Nayet, consacrée notamment aux projets féminin et jeunes du RCA, mais aussi aux liens avec les partenaires, ainsi que les perspectives offertes par la Coupe du Monde 2023 et les JO Paris 2024 sont à retrouver très prochainement.
Aurélien Finet
Crédit photo : Kevin Devigne et Léandre Leber – Gazette Sports