Dans la fournaise, l’Amiénoise Lilou Wadoux a vu de loin Alpine gagner en Hypercar les 6 Heures de Monza. Car sa voiture a tout perdu lors d’un accrochage, alors qu’elle occupait la 3ème place des LMP2.
Les 6 Heures de Monza auraient pu mieux débuter pour l’équipe française de Lilou Wadoux, la voiture du team Richard Mille Racing étant relativement mal placée sur la grille de départ. Elles auraient surtout pu nettement mieux se terminer car un fait de course anodin, après quatre heures sur la piste, a fait capoter les efforts de son trio de pilotes.
Partie en 9ème position des 14 LMP2 sur la grille, l’Oreca #1 pilotée par Charles Milesi d’entrée, comme d’habitude, grignotait joliment trois places dans les deux premiers tours pour se positionner à une intéressante 6ème place. Puis sur une piste lombarde chauffée à blanc (48° !) par un soleil de plomb, le vainqueur LMP2 du Mans l’an passé se hissait même à la 5ème place LMP2 (10ème du scratch), dans le sillage du dernier Hypercar, la Peugeot #93, pilotée par le Danois Mikkel Jensen.
Le premier ralentissement forcé survenait après seulement onze minutes : le peloton était placé sous safety car, le temps de dégager d’un bac à graviers une LMGTE, la #51. L’occasion d’un arrêt aux stands, déjà… Il fallait attendre dix minutes pour que la course soit relancée. Sauf pour la Peugeot #93 qui repartait au ralenti, n’annonçant rien de bon pour l’un des deux Hypercar de la firme au Lion, contrainte ensuite d’observer un long arrêt aux stands, pour un problème de suralimentation, apparemment.
À l’inverse, tout semblait sourire pour le Richard Mille Racing Team et Charles Milesi qui se rapprochait des premières places, 4ème LMP2 après une demi-heure de course et en plein mano a mano avec la Vector Sport #10 aux mains du Britannique Ryan Cullen. Tandis que la seule Glickenhaus au départ, aussi bleue que le ciel – la #708 des Français Romain Dumas et Olivier Pla et du Brésilien Luis Felipe Derani – gardait sa pole position initiale, devant les Toyota #8 et #7.
Un grand Milesi !
Mieux, dans le 17ème tour, après 42 minutes, Charles Milesi atteignait la 3ème place des LMP2, en dépassant le futur vainqueur, la #41 RealTeam du Portugais Rui Andrade. Jamais depuis le début de la saison on avait vu le seul team 100% tricolore à pareille fête ! C’est à cette position plus qu’enviable que la voiture du team de Lilou Wadoux passait le cap de la première heure de course. Alors que pour la gagne en Hypercar, l’Alpine Elf aux mains de Mathieu Vaxivière s’offrait le luxe de devancer les deux Toyota, pour s’installer à la 2ème place, une trentaine de secondes derrière la Glickenhaus.
La 2ème place…des LMP2 – et la 7ème au scratch -, c’était le rang dont Charles Milesi s’emparait dans son 34ème tour, 1h et 10 minutes après le départ. Le jeune Français, crédité d’1’40″673 pour son meilleur tour, assurait par sa régularité et sa capacité à dépasser proprement dès que l’occasion se présentait. En point de mire, sept secondes devant le pilote du team Richard Mille Racing, la #9 du team Prema Orlen, avec le Suisse Louis Delétraz au volant.
On imaginait Lilou Wadoux et Paul-Loup Chatin, leur nouvel équipier, piaffer d’impatience dans le paddock pour prendre le relais et participer à la fête… Cela dit, après 1h35 au volant, Charles Milesi se voyait doublé, tour à tour par la #22 United Autosports du Portugais Albuquerque puis par la #41 RealTeam de l’Autrichien Habsburg.
Il était 13h42 à Monza quand la « ragazza » picarde s’installait au volant. Lilou Wadoux relayait Charles Milesi, au volant durant 52 tours et elle se mettait dans le trafic en 7ème position des LMP2. Rapidement, l’Amiénoise gagnait une place, avant un nouveau passage sous safety car.
Le tiers de la course était franchi quand les bolides retrouvaient leur pleine vitesse. Mais la jeune pilote du Richard Mille Racing Team voyait l’expérimenté allemand de WRT (#31) René Rast lui griller la politesse au re-start. Lilou Wadoux perdait une place, 8ème et 13ème du scratch.
Des sueurs froides dans la fournaise !
En tête de cette catégorie LMP2, la bataille faisait rage entre les trois premiers, à moins de 4 heures de l’arrivée : la #22, la #41 et la #9 de Prema Orlen, pilotée par l’Italien Lorenzo Colombo se tenaient en une seconde et demie seulement. Et avec, à ce moment-là, 45 secondes d’avance sur la Picarde.
Les deux heures et demie de course étaient atteintes sous une température de 35°, à laquelle il fallait ajouter vingt degrés supplémentaires sur la piste ! Mais c’est des sueurs froides qui allaient parcourir Monza : il était 14h36 quand la LMGTE #33 d’Henrique Chaves (TF Sport), classée dans les derniers, partait violemment dans le décor ! Par chance, le Portugais s’en extrayait seul, indemne et incrédule. Alors que sa voiture avait glissé plus d’une centaine de mètres sur le toit avant de s’immobiliser, sans toucher aucune autre voiture ni se désintégrer, ni prendre feu… On l’avait échappé belle !
Évidemment la course était neutralisée et après une bonne heure au volant et 31 tours bouclés – son plus rapide en 1’41″354 -, Lilou Wadoux laissait le volant à Paul-Loup Chatin. Le safety car se retirait au bout de 25 minutes et le p’tit nouveau du team Richard Mille Racing prenait la main en 9ème position des LMP2. En tête du scratch, Toyota, avec la #7 de Mike Conway détrônait la Glickenhaus, qui allait s’arrêter aux stands, mauvais présage, peu après la mi-course. Tandis que pour les LMP2, le tiercé dans l’ordre affichait #22, #9 et #41.
Paul-Loup Chatin, comme Lilou Wadoux avant lui, ne faisait d’abord pas d’étincelles, en maintenant la #1 9ème LMP2 et 15ème du scratch, à cinq secondes de la #23 d’Oliver Jarvis et avec cinq secondes d’avance sur la Jota #38 d’Antonio Felix da Costa. Alors qu’en haut du classement scratch, les choses changeaient car la Glickenhaus, en tête durant près de 2h30, lâchait l’affaire… La voie était libre pour les deux Toyota. Les 6 Heures de Monza allaient-elles finir par ressembler aux 24 Heures du Mans, un mois plus tôt ? Il ne fallait pas oublier l’Alpine, alors en embuscade.
Paul-Loup Chatin heurté, Charles Milesi énervé…
Du côté de l’Oreca rouge du Richard Mille Racing Team, Paul-Loup Chatin trouvait ses marques, remontant à la 7ème place après 3h20 de course, signant au passage le meilleur tour de son équipe, en 1’40″664. Le Beauceron était aussi chaud que le soleil lombard : il se hissait à la 3ème place des LMP2, 6ème du scratch à 2h et demie du drapeau à damiers.
Cette place sur le podium virtuel, Paul-Loup Chatin la tenait pour un rien, à l’entame de son 32ème tour personnel, se trouvant sous la menace insistante de deux pilotes aussi chevronnés que Sébastien Bourdais (#10 Vector Sport) et surtout Robert Kubica et sa Prema Orlen #9.
On approchait des quatre heures de course quand un incident, a priori minime, allait signer la fin prématurée des chances de podium pour l’écurie de Lilou Wadoux. Kubica, le Polonais, ancien pilote de F1, heurtait légèrement Paul-Loup Chatin quand celui-ci « fermait la porte » avant un virage. Ce qui provoquait aussitôt l’immobilisation de la voiture du team Richard Mille. Alors au 3ème rang des LMP2, la #1 repartait… mais c’était pour filer aux stands, l’aileron arrière qui pendouillait. Mais surtout un dommage collatéral allait s’avérer bien plus embêtant : la boîte de vitesse avait été endommagée par le choc.
À chaud, sur la chaîne L’Équipe, Charles Milesi, témoin de l’accrochage devant un écran, s’emportait contre Robert Kubica, le qualifiant de « pilote qui ne sait pas conduire »… Propos excessifs même si le Polonais écopait d’une pénalité pour ce fait de course. « Malheureusement, ce sont des choses qui arrivent » préférait philosopher en direct Lilou Wadoux, retenant « la belle prestation collective jusque là. »
Les 40 dernières minutes pour Lilou Wadoux
Pendant ce temps, en tête, l’Alpine #36 pilotée par Nicolas Lapierre donnait du fil à retordre à Toyota, en Hypercar, s’amusant, à 1h40 du but, à pousser dans leurs retranchements la #8, victorieuse au Mans et la #7. En tête des LMP2, les trois leaders avaient changé, la #34 du Mexicain Gutierrez (Inter Europol) devançant la #28 de Jones (GBR) et la #41 du méconnu Français Norman Nato, mais elles se tenaient toujours dans un mouchoir.
Hélas, à une heure de la fin, la team Milesi – Wadoux – Chatin restait aux abonnés absents, voiture bloquée pour réparation dans les stands de Monza, sans que l’on sache si on la reverrait ou pas en course ce dimanche, pour un baroud d’honneur, dans le meilleur des cas. Et c’est ce qui allait se produire, à quarante minutes de la fin : Lilou Wadoux, la pilote du trio qui avait le moins roulé, remettait le contact de la #1 !
Repartant dernière, l’Amiénoise allait forcément s’évertuer à finir à fond, histoire d’évacuer la frustration collective après ce coup du sort. Quand, en tête, la tension était vive, tant en Hypercar avec l’Alpine devant la Toyota #8 après 5h30 de course, qu’en LMP2 où la Jota #38 pointait dans la même seconde que sa première poursuivante, la RealTeam #41 !
Finalement, Mathieu Vaxivière préservait, pour moins de trois secondes, la première place de l’Alpine Elf, permettant à la marque française de décrocher un deuxième succès cette saison, après Sebring en ouverture. Alors qu’en LMP2 la victoire était arrachée par la #41 RealTeam du Français Norman Nato, associé à l’Autrichien Ferdinand Habsburg et au Portugais Rui Andrade, 4ème au scratch ! Elle devançait la Jota #38 et la Vector Sport #10 de Sébastien Bourdais, du Suisse Nico Müller et du Britannique Ryan Cullen.
Sur un plan personnel, Lilou Wadoux est, pour la première fois, la pilote de son écurie qui a le plus roulé, mais sans aucun concurrent dans ses rétros lors de ses 23 derniers tours, pas sûr que la Samarienne en ait profité…
Les classements complets ici.
Les prochaines courses :
11 septembre : 6 Heures de Fuji (Japon)
12 novembre : 8 Heures de Bahreïn
Vincent Delorme
Crédit photos : DR (Richard Mille Racing Team)