Amiens est une terre de champions et les élus locaux n’oublient pas de rendre hommage à ceux qui nous ont quittés. Dommage cependant que cela se fasse souvent discrètement…
Ces derniers temps, nous avons signalé que des rues d’Amiens avaient été baptisées du nom d’André Grillon, ancien entraîneur de l’Amiens SC et de l’équipe de France amateur de foot ayant participé aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968. Et du nom de Jacky Braun, ancien footballeur de l’Amiens AC, dans l’immédiat après-guerre et surtout entraîneur de l’équipe de France espoirs. Autre entraîneur de foot, Hugues Jullien à qui le terrain annexe du stade Moulonguet a été dédié. Quant au champion d’haltérophilie Daniel Senet, la salle de sports de l’Université de Picardie Jules Verne porte son nom. L’ancien champion de boxe Jacques Bataille et les dirigeants Alberic Labaume (tennis de table) et Serge Frigul (UFOLEP et USEP) ont également des sites à leurs noms.
Et récemment, nous avons appris que le Dojo d’Amiens qui se trouve à la Maison des Sports, rue Lescouvé, aux Quatre-Chênes, permettra d’honorer la mémoire d’un immense champion et entraîneur : Michel Bourgoin.
Michel Bourgoin a été l’homme qui a popularisé le judo dans la région et il apprécierait sans doute que ses successeurs aient pensé à lui, qui plus est à deux ans des Jeux de Paris. De plus, ce Dojo Michel Bourgoin verra, avant les Jeux, les Japonais et peut-être d’autres délégations venir s’y entraîner et préparer ce grand rendez-vous.
Un palmarès exceptionnel
Michel Bourgoin, qui nous a quittés voici un peu plus d’un an, possède un palmarès exceptionnel. Il a été cinq fois champion de France par équipes, champion d’Europe 1er dan en 1958 à Barcelone et deux fois champion d’Europe par équipes. Il a terminé sa carrière de combattant avec 30 sélections internationales et a également été arbitre international.
Mais c’est en tant que conseiller technique régional (CTR) en Picardie durant un bail de 33 ans qu’il s’est distingué. Au point qu’il a été honoré comme peu l’ont été, dans le monde du judo. Après avoir été 1er dan en 1956, il était nommé 8e dan le 3 décembre 1993.
Etre 8e dan en France est relativement exceptionnel. Demandez à ces jeunes judokas qui rament rien que pour décrocher le 1er dan… Dans sa riche carrière, Michel Bourgoin a rencontré le célèbre champion néerlandais Anton Geesink qui, dans les années 1950, avait été le premier à battre chez eux les Japonais.
Quand il est parti en retraite en 1998, Michel Bourgoin, qui fut sûrement le CTR à la plus longue carrière, laissait à son successeur une Ligue de Picardie en plein essor. Il a été aussi le créateur du club Picardie-Judo à Amiens, ensuite repris par son fils Frédéric, sous le nom de Budosport80. Son grand regret était de n’avoir jamais pu participer aux Jeux Olympiques. Personne mieux que Michel Bourgoin ne méritait cet immense honneur : celui de voir son nom associé au Dojo d’Amiens.
Lionel Herbet
Crédit photos : DR