À 36 ans, le Canadien explique les raisons de son retour chez les Gothiques d’Amiens, 9 ans après son premier passage. Danick Bouchard fait également part de ses ambitions pour la saison prochaine et la suite de sa carrière.
Qu’est-ce qui t’a motivé à revenir chez les Gothiques d’Amiens ?
J’étais à Angers depuis 5 ans. J’étais bien là-bas, mais l’équipe m’a fait comprendre que j’avais le choix d’attendre ou de regarder ailleurs. Je voulais absolument jouer au hockey l’année prochaine, donc j’ai décidé de sonder les équipes. Je n’ai pas d’agent donc j’ai passé les coups de fil moi-même. À Amiens je savais qu’ils pouvaient être intéressés. C’est une équipe avec une identité chaque année, qu’il est difficile de jouer. Je connaissais de toute manière parce que j’y ai joué. J’ai vu le sérieux de l’organisation, en plus ma copine vient de là-bas, donc tout est plus simple pour elle si on allait à Amiens. C’était le choix évident pour nous deux.
Ton aventure à Angers, conclue par une coupe de France et une finale de playoffs, ne pouvait pas mieux se terminer ?
Ça aurait pu se terminer avec la Coupe Magnus, mais on est tombé sur une grosse équipe de Grenoble. Malgré tout c’était une belle saison, on a gagné la coupe de France. On avait une belle équipe, construite depuis 2, 3 ans. On a trouvé le moyen de gagner, en jouant tous ensemble, en connaissant notre rôle, en étant une bonne équipe défensive, difficile à manœuvrer, capable aussi de produire offensivement. Le noyau de l’équipe était présent depuis plusieurs années, on n’a pas cessé de s’améliorer d’année en année. Quand on regarde ce qu’on a fait, on n’a pas à rougir de notre performance.
Je suis quelqu’un qui aime marquer des buts et tirer au filet
Danick Bouchard, Gothiques d’Amiens
Qu’est-ce que tu penses pouvoir apporter à Amiens l’année prochaine ?
Mon rôle ne changera pas, je suis quelqu’un qui aime marquer des buts et tirer au filet. Mon rôle numéro 1 ça va être d’aller chercher des gros buts pour l’équipe et d’être constant le plus possible. Pour un buteur, la constance ce n’est pas toujours évident parce que marquer des buts c’est ce qu’il y a de plus compliqué au hockey. J’ai toujours aimé ça, le challenge d’aller marquer des buts et d’aider mon équipe à gagner des matchs de cette manière-là.
Ça fait quelques années que je joue dans la ligue, je vais amener de l’expérience et une attitude de gagnant. Malgré mon âge, j’ai la volonté d’être meilleur chaque jour et je vais essayer d’amener cette énergie-là dans le vestiaire. Je ne suis pas nécessairement un leader qui va parler beaucoup. Mais on m’écoute parce que je parle plus par mes actes sur la glace. Je peux amener ce leadership-là à l’équipe. Sinon je veux aussi être un joueur fiable sur lequel l’entraîneur peut se reposer, qui peut aider l’équipe dans n’importe quelle situation. Je sais que je vais avoir un rôle plutôt offensif.
Tu as déjà fait un passage à Amiens en 2013, est-ce que tu dirais que tu es le même joueur qu’à l’époque ?
C’est sûr que j’ai plus d’expérience qu’à l’époque. La ligue a beaucoup évolué aussi, le niveau n’est plus le même. Je pense être plus mature sur la glace, j’ai plus d’intelligence sur les jeux. Je suis un meilleur joueur que je ne l’étais à l’époque, même si c’est sûr qu’à 36 ans il faut que je prenne soin de mon corps chaque jour un peu plus pour garder mon niveau, ce dont je ne me souciais pas à 23, 24 ans. Aujourd’hui je surveille presque tout ce que je fais, je ne peux plus me permettre certaines choses que je faisais à l’époque, en faisant ça je sais que je suis pratiquement au même niveau que lorsque j’étais plus jeune.
Un joueur de hockey ne cherche pas les honneurs individuels, quand tu en as c’est super, mais au bout du compte on veut des coupes
Danick Bouchard, Gothiques d’Amiens
Sur le plan individuel tu avais réalisé une de tes meilleures saisons (51 points en 26 matchs), que retiens-tu de cette année-là ?
C’était une belle année individuelle, on avait fait 6ème de mémoire, on avait perdu contre Morzine en playoffs. On n’avait pas été contents de notre fin de saison. J’ai passé des moments incroyables ici. En finissant premier marqueur de la ligue, je me suis rendu compte que ça ne veut pas dire grand-chose si ton équipe perd au premier tour des playoffs. Un joueur de hockey ne cherche pas les honneurs individuels, quand tu en as c’est super, mais au bout du compte on veut des coupes. À l’image de cette année avec Angers où je n’ai pas fini meilleur marqueur de la ligue, loin de là, mais j’ai gagné une coupe, c’est le plus important.
Mis à part ça, tout ce qui est en dehors de la glace à Amiens j’ai adoré la mentalité des gens de la Picardie, ça me fait plaisir de partager des moments avec eux l’année prochaine.
Tu vas retrouver des joueurs avec que tu as déjà côtoyé ici, je pense à Aziz Baazzi, Nicolas Leclerc et Romain Bault, as-tu déjà repris contact ?
Oui, Nicolas et Aziz m’ont écrit. J’ai hâte qu’on se revoit, parce qu’on ne s’est pas vraiment revu en personne, si ce n’est croisé. Depuis mon passage à Amiens, on était des enfants et aujourd’hui nous sommes devenus des adultes. J’ai hâte de les retrouver et de les voir au quotidien. Romain Bault, je n’ai pas encore eu l’occasion de lui parler, mais c’est un très bon leader, qui montre l’exemple. J’ai bien aimé le personnage, c’est un gars qui est toujours là pour ses coéquipiers sur et en dehors de la glace. Les gars comme ça, on n’en voit pas beaucoup.
Je suis un passionné, mon objectif est de jouer le plus longtemps possible
Danick Bouchard, Gothiques d’Amiens
Tu as 36 ans, est-ce que tu as déjà réfléchi à la fin de ta carrière ?
Je suis un passionné, mon objectif est de jouer le plus longtemps possible, jusqu’à 40 ans pourquoi pas ! Si je sens que je ne suis plus le joueur que j’étais avant, je vais peut-être saisir une autre opportunité. En tout cas je sais que le jour où je vais arrêter de jouer au hockey ça va être extrêmement difficile pour moi. Je ne peux pas couper les ponts avec mon sport, donc le choix logique pour moi c’est de poursuivre dans le hockey, je passe mon diplôme d’entraîneur, on verra si ça m’ouvre des portes pour la suite.
Tu ne te vois pas faire autre chose en dehors du hockey ?
J’ai été intéressé par plein de choses dans ma vie. À un moment donné je voulais devenir pompier, au Québec c’est un métier difficile d’accès, j’avais fait les démarches, mais ça n’avait pas fonctionné. Donc je suis venu en Europe, à cause, ou grâce au fait que je n’avais pas été accepté. Ensuite, j’ai pensé un temps à entrer dans le milieu carcéral, beaucoup de choses m’intéressent, mais à l’heure actuelle la meilleure option pour moi c’était de continuer à jouer au hockey et de passer mes diplômes en même temps.
Tu vas entamer ta douzième saison en Magnus, je suppose que tu n’avais pas prévu de rester aussi longtemps…
Honnêtement, quand je suis arrivé en France, à Villard-de-Lans, je ne savais même pas qu’il y avait une ligue en France. Dans ma tête je faisais une année puis je m’en allais dans un autre pays en Europe, finalement je suis encore là aujourd’hui.
Julien Benesteau
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports