Après avoir fait monter la réserve en D2 de hockey sur glace dès la saison où l’équipe a été lancée, le coach Mathieu Mille répond à nos questions.
Pour la première saison de la réserve, vous aviez été désigné coach. Comment cela s’était fait, pour commencer ?
Je suis ancien joueur de hockey et j’ai fait quelques clubs, j’ai été formé à Amiens toute ma jeunesse, j’ai commencé à 6 ans et je suis parti quand j’en avais 21. Je connais très bien Elie Marcos, le manager du club aujourd’hui, c’est un ami d’enfance. Il savait que j’avais déjà un pied dans la section amateur en entraîneur jeunes. Il voulait dissocier la partie juniors / U20 et la partie D3. Ne pas avoir un seul coach pour les deux équipes, je lui ai dit pourquoi pas. C’était ma première expérience avec des adultes.
Le niveau de la D3 était-il celui auquel vous vous attendiez ?
Je m’attendais à une première partie de saison moins relevée que la fin de saison. J’avais peu de visibilité parce que ça fait quelques années que j’ai arrêté le hockey mais de ce que j’entendais de mes contacts, ça s’était élevé par rapport à avant et il y avait de grosses disparités entre les clubs. Ça s’est vérifié mais je ne connaissais franchement pas grand monde dans les équipes adverses. C’était un peu à tâtons toute l’année mais on avait l’avantage d’avoir une équipe déjà constituée parce que l’équipe D3, c’était 90%, voire 95% toute l’année des joueurs qui s’entraînaient toute l’année ensemble en U20.
L’expérience, ça ne s’acquiert pas en deux secondes.
Avec l’apport de quelques joueurs de Magnus pour certains matchs, comment cela a-t-il été géré ?
On a été clair dès le début, l’objectif du club étant de monter en D2 le plus rapidement possible, on a expliqué aux jeunes juniors qu’il y aurait des choix à faire. En étant terre-à-terre et sans leur manquer de respect, on n’aurait pas pu atteindre l’objectif sans l’apport des pros. Au fil des matchs, on a rencontré des D3 pour qui c’est l’équipe fanion, ils ont des recrues étrangères, un budget et un peu de salaire pour certains joueurs. Ce sont des équipes qui misent tout sur ça, des équipes qui n’ont pas de juniors ni de U20, donc elles commencent à être solides quand même. On fait jouer nos juniors contre des équipes comme ça pour qu’ils s’aguerrissent et qu’ils jouent contre des adultes. L’expérience, ça ne s’acquiert pas en deux secondes.
La saison régulière s’est montrée plus simple que le carré final : c’était attendu ?
Là encore, on a eu l’apport des pros pour le carré final et c’est un peu compliqué pour certains clubs ou certaines équipes parce que ça remettait en cause l’équité sportive, parce qu’on n’avait plus la même équipe que celle qui avait joué toute la saison. C’était aussi le cas pour Anglet qui avait des joueurs qui ont joué en Magnus, c’était le cas de Caen qui avait 7 ou 8 joueurs qui ont joué en D1. Je considère qu’apporter plus de matchs à nos jeunes et développer la formation du club d’Amiens, à long terme, est plus intéressant pour le hockey français que de monter avec 5 ou 6 étrangers et aucun jeune du club. La vision du club à long terme est de laisser des joueurs pas encore assez matures après les U20 et sans le bagage nécessaire pour la Magnus avoir l’opportunité de jouer dans un bon championnat d’adultes, en finissant leurs études et leur formation, tout en se préparant physiquement et techniquement à jouer à un plus haut niveau.
Comment va se gérer la transition des U20 en D2 ?
Il y en a certains qui ne pourront plus jouer en U20 de par leur date de naissance, je ne peux pas encore vous dire avec certitude si ces joueurs vont rester à Amiens. Il y a une partie qui va continuer en U20 tout en jouant en D2, comme ça a été le cas cette année et on va essayer d’aller apporter un petit peu d’expérience à ce groupe-là, parce qu’en D2, ça va monter de niveau. On va faire comme cette année : il y aura une sélection de joueurs, en fonction de la forme de chacun et des blessés. Cette année encore, on a été pas mal touchés par le Covid. On avait un groupe élargi qui a permis d’avoir toujours une équipe complète et compétitive. Il ne faut pas oublier que lorsque les joueurs sont venus nous renforcer, ça a pris des places. Donc il y a des joueurs qui ont fait toute la saison mais qui n’ont pas fait le carré final. Mais ils ont bien participé avec nous toute l’année et ils ont été importants dans le résultat.
Qu’est-ce qu’il a manqué pour finir premier de ce carré final ?
Sur le match contre Caen, il nous a manqué de l’efficacité offensive, parce qu’on a été dominant au nombre d’occasions, leur gardien a fait un très gros tournoi, ce qui leur permet de finir à cette place. Ça se joue à un détail. Là, à une mort subite. On aurait pu marquer avant, on avait une grosse occasion et le gardien fait un gros arrêt. Il nous a manqué un peu d’expérience aussi je pense, même si on a trois joueurs de Magnus, ils restent jeunes. Ils ont encore à travailler sur la maturité, ils ont été un peu secoués physiquement, parce que les joueurs savaient que ça serait eux qui feraient la différence.
Le fait de jouer contre des adultes, c’est forcément un atout
A propos des jeunes qui ont évolué avec la réserve cette saison, avez-vous vu une réelle progression ?
Oui tous, c’est ce qu’on veut. Le fait de jouer deux fois plus de matchs, de s’entraîner plus que si on n’avait pas fait la D3, le fait de jouer contre des adultes, c’est forcément un atout. Maintenant il y aura un bilan individuel à faire, ce sur quoi ils ont été meilleurs, ce sur quoi ils ont encore du travail. On va essayer de les voir tous pour leur expliquer ce qu’on attend d’eux. L’évolution était encore plus sur l’aspect collectif, plus on a avancé dans le week-end (du carré final, ndlr), plus on a vu une équipe. On a aussi eu l’apport d’Anthony Mortas, On avait convenu que je travaillerais en binôme avec Miroslav Kecka durant la saison mais il n’a pas pu être là pour le carré final alors j’ai échangé avec Elie pour voir si Anthony pouvait éventuellement nous accompagner. Avec une équipe de vingt joueurs, c’est quand même beaucoup plus confortable de coacher à deux, surtout sur des matchs à enjeux.
Ce sera toujours vous à la tête de l’équipe réserve l’année prochaine ?
Normalement oui, je pense. On doit encore se rencontrer avec Elie mais c’est encore tout frais. On doit faire évoluer encore pas mal de choses parce que ça va encore être un niveau au-dessus. C’était difficilement anticipable parce que si on fait plein de choses et qu’on met en place des nouvelles organisations alors qu’on ne change pas de niveau, ça aurait été trop anticiper pour rien. On a préféré attendre et ne pas brûler les étapes. La saison prochaine sera une saison d’apprentissage pour le club, pour les joueurs.
L’équipe réserve, en D2, sera-t-elle uniquement centrée sur la formation des jeunes ou recherchez-vous des renforts ?
On va essayer de trouver des renforts, maintenant vous vous doutez bien que le club met un budget global déjà pour les U20, c’est un championnat national avec beaucoup de déplacements. La D2 va être une équipe U20 complétée par des joueurs d’expérience qu’on va tenter d’intéresser par notre projet sportif. On ne va pas recruter financièrement.
Propos recueillis par Kevin Devigne
Crédit photo : DR / Kevin Devigne – Gazettesports.fr