La conférence de presse intronisant Jean-Luc Mention à la tête des Gothiques a aussi été l’occasion de faire le point sur la situation et les perspectives financières du club.
Si les Gothiques ont vu la saison régulière se terminer au 5ème rang puis la saison tout court s’achever en quart de finale de play-offs, Jean-Luc Mention a tenu à préciser qu’à défaut de « surperformer », le club était au niveau de son budget, qui a su rester sain. Un élément crucial défendu par les actionnaires. « En tant qu’actionnaires, notre but est d’avoir une bonne gestion du club », assume-t-il.
Paul Lhotellier déroule l’argumentaire en faveur de cette gestion prudente : « L’énorme différence entre une entreprise purement économique et une entreprise sportive, c’est qu’il y a un élan particulier dans le sport, on est aussi des supporters, on se fait entraîner par l’enthousiasme. Le grand échec, c’est quand les dirigeants se laissent entraîner et qu’ils n’ont plus les moyens de leurs ambitions. C’est là que ça se casse la gueule (sic), et là c’est catastrophique. Il faut faire attention à être enthousiastes, ambitieux et avoir ce principe de réalité qui fait que notre budget est sacré parce qu’on sait que si on déroge à ça, c’est notre survie qui est en jeu. »
« On a trop vu des clubs exploser en vol », renchérit Patrick Letellier, citant, entre autres, l’exemple d’Épinal. À l’inverse, ajoute-t-il, la santé financière de l’institution amiénoise est bonne. Il explique ainsi que « si le prévisionnel qu’on a établi se réalise et qu’on y additionne la part du HCAS, en 10 ans, on aurait environ 1 million de budget supplémentaire. Quand je suis parti en 2007, il y avait 1,8M€ de budget. Aujourd’hui, on ne serait pas très loin des 3M€. »
Toutefois, nuance-t-il, « Grenoble et Rouen, c’est plus de 3M€. » S’il glisse que l’« on aimerait bien » avoir le budget des Brûleurs de Loups, il n’y a pas 36 solutions. « Le sponsor = la rémunération, il ne faut pas rêver, tranche Jean-Luc Mention. Il y a une corrélation entre budget du club et niveau sportif. » Ainsi, pour augmenter le second, « il faudrait plus de partenaires, plus de budgets, plus de public », selon les mots de Patrick Letellier.
Formation et attrait, les deux ressources pour compenser le manque de sponsors
Qui poursuit : « La différence (de budget, ndlr) n’est plus sur les salariés, elle se fait exclusivement sur les joueurs. Au lieu de prendre les joueurs à un prix, on prend au prix en dessous, ce n’est pas plus compliqué que ça. » Alors, il faut faire preuve de flair, « prendre le meilleur rapport qualité prix. »
« Mais dans le sport, on peut créer des choses différentes », tempère, avec optimisme Jean-Luc Mention. C’est notamment là que peut intervenir la spécificité club qu’il défend derrière l’idée de « communauté ». Paul Lhotellier souligne d’ailleurs une tendance plutôt positive : « Quand on voit qu’il y a quelques années on avait du mal à aller chercher les joueurs et que maintenant, ce sont les joueurs qui viennent taper à notre porte, c’est extraordinaire. »
L’autre point sur lequel peut aussi travailler le club pour contourner ce manque de budget par rapport à la tête du championnat, la formation. Élie Marcos, fruit de cette formation amiénoise, champion de France avec les Gothiques et désormais manager général du club, ne dit pas autre chose : « Il y a un enjeu très important, c’est la formation des jeunes. On parle de Tomas Simonsen. Soyons des grands formateurs. Il faut à nouveau qu’Amiens soit un vivier de joueurs français de haut niveau, ça va être la clé de la réussite sportive. » Même s’ils profitent de l’absence de certains pour cause de finale de play-offs, la présence de 11 joueurs ayant côtoyé les équipes de jeunes amiénoises en équipe de France est un signal que le travail de ce côté-là a déjà commencé. Reste aussi à pouvoir conserver les joueurs concernés, puisque dans le lot, 6 d’entre eux ne sont plus à Amiens.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports