FOOTBALL (F) : Des Amiénoises jouent les figurantes sur grand écran

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Réalisé par la Picarde Virginie Verrier, qui a « fait dix ans d’athlétisme », le film « Marinette », en cours de tournage sur Marinette Pichon, première star féminine du foot français, fait la part belle à de nombreuses footballeuses de la Somme, recrutées comme figurantes.

Pour Océane Machado, milieu défensif dans l’équipe féminine de l’A.S. Glisy comme pour Clara Maison, gardienne de but en équipe de jeunes à l’Amiens SC, tout a commencé en découvrant une annonce sur la page Facebook du District foot de la Somme, pour une recherche de figurants et surtout de figurantes pour un tournage. « On postule et on ne s’attend pas à être prise, raconte Océane Machado. Au final, quand on est retenu et qu’en plus, on sait qu’on va se retrouver avec des stars françaises connues dans la comédie (*), ça fait toujours plaisir de partager quelques scènes avec eux, même en tant que figurants. »

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Clara Maison, à gauche et Océane Machado, sont passées de l’Amiens SC et de l’AS Glisy à un plateau de cinéma, mais en restant sur un terrain de foot.

Pour ces jeunes joueuses, les scènes de foot sont tournées à Abbeville, au stade Paul-Delique, au stade de Menchecourt et au stade de Rouvroy qui est « resté dans son jus » comme le dit Virginie Verrier, la cinéaste qui s’était mise en quête, dans la région, « d’un stade n’ayant pas bougé depuis trente ou quarante ans », pour être en phase avec les jeunes années de Marinette Pichon. « Il y a aussi d’autres décors intéressants à Abbeville, alors j’ai dit : on rassemble à Abbeville. En terme de logistique, c’est plus simple et ça permet de trouver des ambiances un peu intemporelles parce que l’action commence en 1981/82, avec les débuts de Marinette, à cinq ans. »

En équipe masculine jusqu’à seize ans…

Jusqu’à ses seize ans, la Champenoise Marinette Pichon joue avec les garçons, « grâce à une dérogation de la Fédération comme il n’y avait pas d’équipe féminine à moins de 100 km de chez elle » explique Virginie Verrier, qui a eu envie de réaliser le premier biopic sur une sportive française en lisant la biographie de l’ex-footballeuse « Ne jamais rien lâcher », parue chez First Editions. C’est quand la future star des Bleues intègre une équipe féminine – elles sont encore rares au début des années 1990 – que le stade du Rouvroy arrive sous le feu des projecteurs. Sur l’écran, Abbeville deviendra St Memmie, le club de la Marne grâce auquel la carrière de Marinette Pichon va décoller…

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Garance Marillier, alias Marinette Pichon, allongée devant quelques unes des footballeuses picardes qui incarnent ses coéquipières de St Memmie.

Dans le rôle-titre, Garance Marillier, la jeune comédienne révélée par son interprétation dans « Grave » de Julia Ducournau. « Garance, balle au pied, c’est sympa… On voit qu’elle est en phase de progression, même si avec le froid, ce n’était pas évident », sourit Clara Maison. Tandis qu’Océane Machado sent, de son côté, que l’actrice « s’est entraînée avant le tournage. Elle a su bien s’adapter à ce qu’on lui demandait. Et elle a un bon niveau foot. » Il faut dire que Virginie Verrier a aussi engagé Garance Marillier parce qu’en plus d’être une des comédiennes françaises les plus prometteuses de sa génération, « elle est sportive, elle joue au foot en club, à Paris. Elle a d’ailleurs deux passions : le jeu et le foot. Elle pratique depuis des années, pas à un niveau professionnel, mais elle avait les bases. Alors au cinéma, ça donne déjà la bonne attitude. Au cas où, on a une doublure à disposition, mais jusqu’à présent (NDLR : au 3e jour de tournage à Abbeville) on a réussi à tout faire avec Garance. »

Il y a beaucoup de concordances entre le sport et le cinéma

Virginie Verrier, réalisatrice

En matière de sport, Virginie Verrier sait aussi de quoi elle parle : « j’ai fait dix ans d’athlé, du 200 m et du triple saut. Et l’hiver du cross-country, dans l’Oise. Le sport est quelque chose d’important pour moi et j’avais envie de le traiter. Grâce au sport, j’ai appris la résistance, la pugnacité, le fait de ne jamais rien lâcher, qui est d’ailleurs le titre de la bio de Marinette, tout ce qui me sert quand je fais un film. Le dépassement de soi, le fait de relativiser, comme perdre une course en sachant qu’il y en aura une autre derrière. Quand on tourne, si on ne réussit pas à rentrer une scène, on réussira celle d’après. Il y a beaucoup de concordances entre le sport et le cinéma, c’est très physique aussi : le tournage, c’est un marathon de deux mois. Hier on s’est levé à 5h. C’est beaucoup plus dur de tourner l’hiver en plus ! Et quand on fait des cross en hiver, c’est pareil… »

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Virginie Verrier aimerait que la sortie de « Marinette » coïncide, par exemple, avec la prochaine Coupe du Monde féminine de foot, à l’été 2023.

En attendant la fin du tournage puis le montage, c’est très certainement l’année prochaine que l’on verra sur grand écran les footballeuses samariennes Clara Maison et Océane Machado, dans le petit écrin du stade du Rouvroy, jouer les partenaires de « Marinette », alias Garance Marillier. « C’est le distributeur qui s’occupe de la date de sortie, par rapport aux festivals, indique Virginie Verrier. Il y aura la Coupe du Monde féminine en 2023 (NDLR : en Australie et Nouvelle-Zélande). Il y a peut-être quelque chose à faire pour faire coïncider les deux événements. La dernière Coupe du Monde féminine, en France en 2019, c’était un milliard de téléspectateurs à travers le monde ! Et aussi les trois meilleures audiences de l’année pour TF1. En France, on est encore un peu à la traîne sur le statut des joueuses. L’égalité salariale, c’est un sujet compliqué parce qu’économiquement, ce n’est pas le même univers (NDLR : que les hommes) mais en équipe nationale, dans de nombreux pays, elle a été mise en place. J’ai l’impression qu’il se passe quelque chose au niveau du grand public… » Son film « Marinette » devrait également permettre de rendre encore plus populaire le foot féminin.

(*) : Sylvie Testud et Fred Testot figurent au générique de « Marinette ».

Reportage Léandre Leber
Rédaction Vincent Delorme
Crédit photos Léandre Leber Gazettesports.fr