BOXE : Un manque de reconnaissance et de popularité pour Tony Yoka

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Et si Tony Yoka était un peu comme Jacques Anquetil ?

C’est une question qui a été posée ces derniers temps sur les réseaux sociaux. Il s’avère en effet que Tony Yoka, le plus grand champion que la France pugilistique possède depuis plusieurs années, n’a pas la place qu’il mérite dans le cœur des aficionados de la boxe. Il semble en effet évident que le champion olympique de Rio en 2016 ne jouit pas dans le grand public de cette reconnaissance et de cette popularité qu’il mérite amplement. Tony Yoka est peut-être à l’heure actuelle le vrai successeur d’un certain Georges Carpentier qui, voici exactement un siècle, défiait aux Etats Unis le grand Jack Dempsey pour le titre mondial des poids lourds.

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Les moyens d’information n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui mais en ce mois de juillet 1921, tous les médias français s’étaient battus pour être les premiers à donner le résultat. Ce fut une énorme déception car Carpentier avait échoué mais en cette période, il jouissait d’une popularité exceptionnelle. Popularité qui baissa régulièrement dans le pays lorsque Carpentier perdait un peu plus tard sa couronne mondiale des mi-lourds au profit d’un autre Français Siki.

Pour un champion français qu’il soit boxeur, cycliste ou footballeur, la popularité n’est donc pas éternelle.

Seul peut-être le grand Marcel Cerdan a été constamment populaire mais hélas, on sait qu’il a trouvé une mort tragique dans un accident d’avion. Pour revenir à Tony Yoka, il semble qu’il soit quelque peu négligé par une partie de l’opinion française. Pourquoi ? Le fait que tout lui a réussi jusqu’à présent, qu’il peut se préparer aux Etats-Unis sans aucun souci financier.

En France, Tony Yoka est respecté mais pas forcément aimé et c’est dommage. Voici un peu plus d’un an, quand il a battu Johann Duhaupas, beaucoup auraient aimé un résultat inverse. Car le boxeur abbevillois donne l’image du gars à qui la vie n’a pas fait de cadeaux et qu’il s’est construit tout seul ou presque. A l’indice de la popularité, Yoka n’est pas forcément supérieur à Duhaupas. Car en France et cela ne concerne pas que la boxe, on préfère le numéro deux au numéro un.

Le boxeur Français n’est pas le premier à qui cela arrive, cela remonte déjà à plusieurs décennies.

Revenons un demi siècle en arrière avec le cyclisme. D’un côté, nous avions Jacques Anquetil cinq fois vainqueur du Tour de France et de l’autre Raymond Poulidor, abonné aux places de 2e mais qui était beaucoup plus aimé dans le public que Jacques Anquetil. C’était injuste mais hélas rigoureusement exact. La France sportive a longtemps préféré les dauphins aux champions. C’est comme çà. Ce qui peut arriver en ce moment à Tony Yoka est un peu identique à ce qu’a connu Brahim Asloum, champion olympique à Sydney en 2000. Chez les pros, Asloum était souvent confronté à une certaine hostilité de la part du public mais aussi de certains médias. Alors, pour Tony Yoka il lui reste bien des occasions de conquérir le cœur de ceux qui le boudent en ce moment.

Prochainement, il va rencontrer Filip Hrgovic et s’il l’emporte, il aura l’occasion de défier l’actuel champion I B F des poids lourds Oleksandr Usyk. Et si tel est le cas, Tony Yoka sera bel et bien le premier boxeur français champion du monde dans la catégorie reine de la boxe : les lourds. A ce moment, on sera à la fois admiratif, respectueux et surtout Tony Yoka connaîtra la popularité, la gloire et surtout le respect..

Lionel HERBET

Crédit photo : Roland Sauval – GazetteSports

Publié par Lionel Herbet

Journaliste historique du sport Picard et Amiénois. Lionel est la mémoire des plus grands exploits sportifs de la région.