L’entraîneur de l’AC Amiens, Azouz Hamdane revient avec amertume sur la défaite (1-0) de son équipe à Saint-Omer.
Que s’est-il passé à Saint-Omer ?
Il y avait une équipe sur le terrain, qui a fait l’ensemble du jeu, c’est l’AC Amiens. Malheureusement, dans la réflexion, les joueurs ont été trop en dessous de ce qu’on attend d’eux à ce niveau-là. Il faut de la patience et de l’intelligence, ce dont ont fait preuve les joueurs de Saint-Omer. Je pense que ces derniers n’avaient qu’une idée en tête, celle de ne pas prendre de but. Ils ont pris les 3 points parce qu’ils ont eu affaire à une équipe très bête dans la gestion.
C’est un peu douloureux, parce que l’on perd beaucoup de temps à chaque fois. Ce sont les montagnes russes émotionnelles avec cette équipe. On gagne le weekend dernier en montrant de belles choses, on se dit que la deuxième partie de saison peut être différente et la semaine d’après face à une équipe qui ne nous a posé aucun problème sur le plan tactique, on se met difficulté. On ne met pas nos occasions, on est impatients et l’on sort du match mentalement. On se prend un contre anodin à la 80ème minute et on a du mal à réagir. Il faut faire avec les limites mentales et psychologiques des joueurs. Il faut arrêter d’espérer quoi que ce soit, il y aura des matchs où on sera très bons, d’autres moins. Là, on a été bons, mais le résultat n’est pas là. Il faut l’accepter, je l’accepte. Ça me fait moins mal en ayant cette posture-là. Les joueurs, pas tous, sont ainsi constitués, on ne va pas les changer à leur âge.
On a du talent, mais on n’a pas l’intelligence
Vous avez manqué d’efficacité devant le but…
Clairement ! Notre ligne offensive n’a pas joué ensemble. Chacun voulait faire son petit cinéma et être le sauveur. Encore une fois, quand on ne respecte pas le foot, on est puni et c’est tant mieux. C’est exactement le même match que Maubeuge (défaite 3-0). Ce ne sont pas des équipes qui nous sont supérieures, loin de là. Mais elles jouent ensemble, elles sont patientes et rigoureuses tactiquement. Ils doivent bien se marrer parce qu’ils doivent se dire « comment on a pu gagner ce match-là ? » On a du talent, mais on n’a pas l’intelligence, c’est aussi simple que ça.
Vous diriez que vos joueurs ont été moins solidaires que la semaine passée ?
C’était exactement le même contenu, si ce n’est plus sur le match de Saint-Omer. La différence c’est que face à Boulogne, on avait tout de suite mis au fond nos occasions, tandis que là on ne les a pas mises. Au fur et à mesure du match, chacun voulait sauver l’équipe et oubliait parfois de faire le bon geste en servant un partenaire mieux placé. Sur l’action suivante, le partenaire bien placé voulait à son tour faire la différence et oubliait celui qui ne lui avait pas donné au départ. Bref, c’était du n’importe quoi offensivement.
En jouant ensemble, ce match-là on le gagne tous les jours
Vous avez le sentiment, qu’en restant calme, vous auriez pu faire la différence le moment voulu ?
Bien sûr. Avec le talent qu’ils ont et en jouant ensemble, ce match-là on le gagne tous les jours. Il ne faut pas oublier que le foot est un sport collectif.
Vous aviez pourtant reconduit le même onze que face à Boulogne, (à l’exception de N’Goma)…
Il n’y avait pas de raison de changer. Comme on a des joueurs qui ont une préparation athlétique de joueurs de district, forcément plus le match avançait, moins on était prompts à enchaîner les courses. Malgré cela, on n’a pas été mis en difficulté. Ce sont des joueurs qui ne sont pas faits pour la compétition de haut niveau, je le répète. Ce sont de très bons joueurs sur un, ou deux matchs, où ils vont vous faire des choses exceptionnelles, mais sur une compétition qui dure 10 mois c’est impossible de faire avec eux. Parce qu’ils ne nous offrent aucune garantie de performance d’un match à l’autre. C’est impossible de construire un championnat avec des joueurs comme ça. C’est bien, sur des matchs de coupe, parce qu’il faut être bon sur le moment, je pense au match de Feignies où l’on fait une mi-temps de très haut niveau. Passé ça, on ne peut plus rien tirer de ces joueurs-là. Ce qui est fou, c’est qu’on n’ait pas réussi à enchaîner deux victoires consécutives depuis le début du championnat. Avec le contenu que l’on produit, ce n’est pas normal.
Il y a des joueurs sur qui on peut compter, malheureusement il y en a beaucoup sur qui on ne peut pas.
Maintenant quand je commence un match, j’espère juste que c’est un bon jour pour nous. Il faut se préparer à perdre, gagner, perdre et ainsi de suite. On ne peut pas espérer mieux jusqu’au jour où on aura tout doucement comblé tous ces manques. Ça va tourner, on ne reste pas les bras croisés avec les dirigeants, on analyse, on regarde sur qui on peut compter. Il y a des joueurs sur qui on peut compter, malheureusement il y en a beaucoup sur qui on ne peut pas. Il faut tout doucement les changer, qu’ils aillent faire le bonheur d’autres clubs.
Justement en parlant de joueurs, ça fait deux fois qu’Abdoul Ba est dans les buts à la place de Gautier Banaziak, est-ce votre gardien pour la suite de la saison ?
Banaziak, ça fait quasiment 2, 3 ans qu’il est numéro 1. On ne peut pas dire qu’il n’ait pas joué de matchs. Il a fait son boulot pendant un temps, mais je pense qu’il a besoin de se recentrer un peu sur son travail et ses performances. Maintenant, je veux donner une orientation à l’équipe. Je veux du calme, de la sérénité, de l’intelligence. Ba a été patient, il joue, il faut que Banaziak le soit aussi. Je n’ai aucun regret sur les deux matchs où Ba a joué. Face à Saint-Omer, on peut encaisser un but bien avant l’ouverture du score, il nous laisse dans le match, c’est ce qu’on attend d’un gardien de but. Il apporte le calme et la sérénité que j’attends.
Julien Benesteau
Crédit photos (archive) : Kevin Devigne – Gazette Sports