VOILE : Le calme après la tempête pour Victor Eonnet

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Après avoir bouclé la Mini Transat en Guadeloupe, Victor Eonnet a retrouvé Amiens « heureux d’avoir réalisé [son] rêve ». Le navigateur amateur, qui a vendu son petit voilier, se donne « trois ou quatre mois » pour se fixer un nouveau défi.

Ce n’est pas parce qu’il a profité d’un repos bien mérité en Guadeloupe pour découvrir la plongée sous-marine que Victor Eonnet a eu besoin d’un sas de décompression. Après avoir mené à bien le projet auquel il songeait depuis vingt ans – participer à la Mini Transat -, celui qui avait découvert la voile enfant, sur le bateau de ses parents en Bretagne, ne veut pas se précipiter. Après avoir réalisé son rêve en venant à bout de la course, à la barre de son Pogo 2 de 6,50 m Fondation Arthritis – Amiens Naturellement, il se demande : « Et maintenant, que vais-je faire ? » Ce qui est compréhensible.

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C’est étrange de ne rien avoir à préparer…

Victor Eonnet

« Alors j’ai décidé… de ne rien décider avant trois ou quatre mois » prévient Victor Eonnet. Car il ne sent pas le moment très opportun : « Je ressens un grand vide… Mais je m’y attendais. Après trois ans où je me suis investi à fond dans mon projet de Mini Transat, j’ai un sentiment étrange en me rendant compte que je n’ai plus rien à préparer, moi qui suis d’habitude plutôt hyperactif. Là, ça va, j’ai vu des potes, j’ai joué au tennis et repris l’escrime, l’épée précisément. Et puis les fêtes arrivent ! On va partir en Bretagne. Ensuite je reprendrai le travail (1) le 3 janvier. Mais dès mon retour à Amiens, j’ai vu Franck Blondeau, le préparateur mental avec qui je travaille depuis le printemps 2020. Et il m’a conseillé de ne pas prendre de décision hâtive concernant un nouveau projet de navigation. »

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Victor Eonnet a besoin d’un peu de temps avant de se fixer un nouveau défi

Avant de se projeter, le jeune marié de 31 ans peut déjà savourer l’instant présent. « Chloé est toujours là pour me soutenir. Elle a alimenté mes réseaux sociaux pendant toute la course. Elle m’a rejoint pour l’arrivée en Guadeloupe où elle m’a ensuite fait découvrir, près de Basse-Terre, sa passion pour la plongée. J’ai trouvé ça si calme, contemplatif même… J’ai acquis le niveau 1, en descendant à vingt mètres avec un moniteur. Chloé descend beaucoup plus bas, elle en est à une centaine de plongées ! Elle est même allée aux Maldives il y a quelques années, sur un spot mondialement réputé » explique Victor Eonnet, heureux de leurs passions partagées.

La tête remplie de souvenirs

Et celui qui a passé plus de quatre semaines seul en mer cet automne, pour atteindre d’abord les Canaries, au départ de la Vendée, puis la Guadeloupe, peut également prendre le temps de regarder dans le rétroviseur, à bâbord et à tribord… Se souvenir des belles choses, comme sa fin de course, grisé par la vitesse quand il égale « le record de [mon] bateau – 17 noeuds – » et navigue « pendant des heures à plus de 10 ou 11 nœuds de moyenne. » Et aussi comme les dauphins dans son sillage ou le vol majestueux des fous de Bassan au large du Maroc. Se rappeler également, pourquoi pas, les moments plus difficiles comme son mal de mer des premiers jours, en pleine tempête dans le golfe de Gascogne. Son ongle retourné en manœuvrant. Ou bien l’absence de vent une semaine après le départ de la 2e étape, précédant les impressionnants grains tropicaux en fin de course, entre autres péripéties.

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Hyperactif, Victor Eonnet a « le sentiment un peu étrange de ne plus rien avoir à préparer » en attendant son retour au travail, après les fêtes

« Revoir du monde en accostant à St François (NDLR : le terme de la 23e Mini Transat) a surtout été un vrai bonheur, quand j’y repense… Même si très rapidement, je me suis senti submergé. » Par la foule ou par les émotions ? Les deux peut-être… « Me remettre à bien manger m’a fait plaisir aussi, parce que mon cerveau s’était habitué à voir mes plats qui traînaient dans le bateau, pas mauvais mais quand même pas toujours très appétissants. »

Bientôt les adieux à son bateau

Enfin, Victor Eonnet n’a pas encore réalisé que l’heure de la séparation avec Alphonse approchait… Alphonse, c’est son bateau, acheté en 2018 et dont l’acte de vente est signé. « Il faudra d’ailleurs que je sois à Lorient début janvier, pour le réceptionner. Car il revient des Antilles par cargo. Et il appartiendra officiellement à son nouvel acquéreur une fois qu’il sera arrivé à bon port. C’est sûr que ça me fera bizarre » pressent le skipper, tel un cavalier disant adieu à son cheval. De là à savoir à quel défi Victor Eonnet s’attellera dans le futur, il est encore un peu tôt. Demain sera un autre jour et le printemps une autre saison…

Vincent Delorme – Crédit photos Elie Leber et Léandre Leber Gazettesports.fr

(1) : Victor Eonnet travaille depuis près de quatre ans comme ingénieur performance sur la plateforme logistique de Clarins, à Glisy.