Invité par Patrice Descamps le directeur du centre de formation de l’Amiens SC, l’ancien pro de Toulouse Ouissem Belgacem a livré un remarquable plaidoyer et rappelé aux jeunes du centre son parcours, semé d’embûches. Celui d’un jeune sportif appelé à un bel avenir mais qui est homosexuel et à cette époque, c’était mal vu.
Ouissem a longtemps caché qu’il était gay et il était ces derniers jours à Amiens, le jour où un professionnel australien, en activité, Josh Cavallo a fait part au monde entier qu’il était homosexuel et qu’il n’avait qu’un but : « jouer au football et être traité équitablement« . « Mon premier amour a été le football« , a expliqué Ouissem Belgacem devant les jeunes joueurs de l’ASC. « Je suis originaire d’Aix en Provence et je suis naturellement tombé amoureux de ce sport. Je voulais en faire mon métier mais très tôt, j’ai compris qu’être gay était la dernière chose qui pouvait arriver dans le football. Dans le football, on ne devrait pas parler d’importance à l’origine ethnique à la religion et à l’orientation sexuelle des joueurs. Au contraire la seule chose qui devrait compter est que vous jouerez si vous êtes bons. Malheureusement ce n’est pas le cas. A mon arrivée au centre de formation de Toulouse, j’ai entendu des commentaires négatifs y compris de la part de certains coaches et je me suis retrouvé dans un grand état d’effondrement psychologique. J’aurais dû avoir la carrière à laquelle, j’avais droit.
Ces méthodes doivent changer et c’est la raison pour laquelle, je me rends dans les centres de formation en France. Aujourd’hui dans le football, il y a des homosexuels mais ils ne parlent pas et ils ne s’expriment pas. Et quand ils le font, ils se font détruire. C’est la raison pour laquelle j’ai longtemps caché mon homosexualité et que je suis parti aux Etats Unis. Mais là-bas, j’ai connu les mêmes problèmes. La France n’a pas le monopole de l’homophobie. Personnellement j’ai tout fait pour changer et je me suis tourné vers l’abstinence et j’ai même eu une copine avec qui j’ai vécu trois ans et que j’ai rendu malheureuse. Dans ma tête j’ai pété les plombs.
Dans le football on a fait de gros progrès contre le racisme et j’attends qu’il en soit de même pour ce qui concerne la lutte contre l’homophobie. Je n’ai pas choisi d’être Arabe et je suis né gay. Si je prends la parole devant vous c’est pour espérer que les homosexuels se portent mieux en France« .
Ouissem Belgacem est l’auteur d’un livre remarquable sur son expérience : « Adieu à ma Honte« .
Lionel Herbet
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