FOOTBALL – Rachid Mourabit : « Je suis là pour transmettre mon expérience aux jeunes »

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Parmi les recrues de cet été au sein de la réserve de l’Amiens SC, Rachid Mourabit, 34 ans et de nombreuses années de football derrière lui. Une arrivée surprenante mais que lui comme son nouveau coach, Antoine Buron, n’ont aucune peine à expliquer.

Au milieu de la jeune réserve amiénoise, un joueur pose le jeu et donne de la voix. Cet homme, c’est Rachid Mourabit, 34 ans, soit 7 de plus qu’Amadou Diagne, le capitaine déjà vu comme un joueur d’expérience quand il rejoignait l’Amiens SC (b) l’été précédent. Si cette politique est rare pour une réserve, Antoine Buron défend cette décision de s’appuyer sur ces deux hommes : « D’un côté on se renforce un peu sur l’expérience mais il faut voir aussi qu’on a des 2004 qui jouent. Je pense que le nombre de jeunes grandit mais on a élevé la moyenne d’âge avec Rachid et Amadou. Ce n’est pas courant mais je pense que c’est bien pour notre fonctionnement. Parce que ces jeunes joueurs ont besoin de cadre sur le terrain, ça ne peut pas toujours être que le coach et le staff qui remettent tout en place. On a décidé de s’appuyer sur Rachid et on est satisfaits de son arrivée parce qu’il amène pleinement ce qu’on attendait de lui. C’est un très bon complément d’Amadou. Ce sont deux garçons qui sont différents dans la mentalité, dans le poste aussi, donc c’est important d’avoir un garçon sur ces différentes lignes. »

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L’aventure humaine comme mantra

Du côté de Rachid Mourabit un doute subsistait pourtant avant le début de la saison : « J’avoue que j’ai appréhendé les derniers jours avant la reprise. Parce que j’ai un ami qui a fait ce genre d’expérience au Paris Saint-Germain et ça s’est très mal passé. Il y avait trop d’écart d’âge et au niveau de la mentalité, ce n’était pas top. » Car au-delà du sportif, ce qui lui importe, c’est « l’aventure humaine. C’est hyper important, l’humain, le partage, les connexions, nouer des liens, garder le contact. J’espérais de tout cœur que les jeunes avec qui j’allais être des bons jeunes bien éduqués. Et c’est vraiment le cas, ils ont les pieds sur terre, même dans un centre de formation, ils ne se prennent pas pour ce qu’ils ne sont pas. »

Une mentalité des jeunes joueurs qu’il explique aussi par un contexte club dans lequel il se retrouve parfaitement : « Le club est très axé sur l’humain, que ce soit coach Descamps, coach Buron, Suarez, Ielsch ou John (Devignon, ndlr), ils sont là pour les éduquer en tant que personne et ça c’est top parce qu’on ne sait pas combien de joueurs seront pro demain, par contre, ils seront tous adultes, on se doit aussi d’éduquer les hommes. »

Entraîner, la suite logique pour un leader sur le terrain

Si Rachid Mourabit réfléchit en ces termes, c’est aussi parce qu’il se projette d’ores et déjà sur son après-carrière, avec une idée derrière la tête, entraîner. C’est ainsi qu’il pense son arrivée également en fonction de cela : « J’ai passé mes diplômes d’entraineur, déjà, j’ai passé mon BEF il y a 2 ans. J’aspire à coacher, je suis là pour transmettre mon expérience aux jeunes mais aussi pour voir ce qui se fait dans une structure professionnelle, apprendre de coachs compétents et expérimentés. »

Mais signer à Amiens, ce n’est pas seulement apprendre, c’est aussi prendre ses marques dans une structure importante : « C’est aussi l’intérêt que je signe à Amiens, c’est qu’il peut y avoir des opportunités derrière. Au niveau du coaching, j’ai été sur le banc de touche avec coach Suarez la semaine passée contre Lens avec les U19 Nationaux. Ça permet de voir un nouveau public. » En effet, comme il le souligne quand il évoque ses appréhensions d’avant saison, la différence d’âge mais aussi de codes générationnels est nette : « J’ai beaucoup été capitaine, j’ai beaucoup parlé dans des vestiaires mais c’était avec des hommes de 25-30 ans. Là, c’est tout autre, ce sont des jeunes qui ont l’âge de mes neveux et nièces, on a quand même 17 ans d’écart, donc c’est aussi voir, apprendre leurs codes parce que si je veux entraîner des jeunes dans l’avenir, ce seront des jeunes de cet âge-là. »

Une saison à jouer

En attendant d’être sur le banc à temps plein, Rachid Mourabit est joueur et il ne l’oublie pas : « Je vais tout faire pour être bon sur le terrain parce que c’est pour ça qu’on me prend, dans un premier temps. » Et pour le moment, les choses se passent bien malgré une préparation dont il nous explique qu’elle n’a pourtant pas été un long fleuve tranquille : « C’est un bon début de saison. Il ne faut pas oublier la préparation tronquée qu’on a connue. On a eu 9 cas de covid. On a fermé le centre et j’ai attrapé le covid la semaine d’après, j’ai été pratiquement 15 jours à la maison. Derrière, il a fallu faire une réathlétisation. Donc ce n’est vraiment pas facile. On est sur 1 victoire, 1 nul, ça fait plaisir.« 

Une victoire où il n’a pas uniquement été question de beau jeu comme en première mi-temps mais également de duels, de combat et où il s’est agi de mettre du cœur pour tenir. Un bon apprentissage pour les jeunes joueurs, du point de vue du vétéran de l’effectif : « C’est ce qui va attendre les jeunes. Un centre de formation n’est pas seulement fait pour faire du beau football, il faut parfois aussi mettre le bleu de chauffe, on le voit avec l’équipe première en L2, ils n’ont pas toujours la possession du ballon, parfois, il faut aussi savoir faire parler d’autres valeurs. » Ce qui a été réussi ce week-end puisqu’ils sont parvenus à tenir la victoire, 1-0.


Morgan Chaumier

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