À deux mois de la Mini Transat, Victor Eonnet prend le départ ce mercredi de sa dernière régate de préparation. Le skipper aux couleurs de la Ville d’Amiens et de la Fondation Arthritis est à Port-Bourgenay, en Vendée, pour le Puru Challenge. Une épreuve nouvelle, en deux étapes, avec aller-retour vers Bilbao, soit 620 milles.
« Déjà, je suis content de m’être fait vacciner ! » lance Victor Eonnet. Car de nombreux navigateurs restent à quai, victimes de l’instauration du pass sanitaire comme condition sine qua non fixée par les organisateurs du Puru Challenge pour être au départ. Héritière de la Transgascogne, créée en 1988 et qui a révélé Yvan Bourgnon, Thomas Coville, Lionel Lemonchois ou encore Armel Tripon, cette nouvelle course va rallier Port-Bourgenay, sur la commune vendéenne de Talmont-St Hilaire, à Getxo, au nord de Bilbao (Espagne). 375 milles (environ 700 km) sont au menu de la 1ère étape, avec crochet au large de l’île d’Yeu et de Belle-Île. Et 245 milles (450 km) pour le retour.
Vacciné pour se sentir libre…
« Je n’ai su que jeudi dernier que j’étais admis », précise Victor Eonnet. « Nous devrions être une soixantaine au départ, des concurrents ont été recalés parce qu’ils n’avaient pas reçu la deuxième dose de vaccin anti-Covid. Je ne regrette vraiment pas de m’être fait vacciner dès que c’était possible ! De toute façon, je savais bien que c’était nécessaire pour être un minimum libre de mes mouvements » rajoute celui qui est ingénieur sur la plateforme logistique de Clarins, à Glisy.
Beaucoup de travail sur son voilier
Avant d’arriver à bon port au départ du Puru Challenge, Victor Eonnet vient de passer dix jours à La Turballe (Loire-Atlantique), son port d’attache. Au programme, des sorties d’entraînement en mer quasi-quotidiennes et du travail, toujours et encore sur son petit voilier Pogo 2 de 6,50 m, aux couleurs de la ville d’Amiens et de la Fondation Arthritis.
Je veux valider mes derniers préparatifs pour la Mini Transat.
Victor Eonnet
« Nous sommes cette fois quatre du pôle de La Turballe au départ », soit deux fois moins qu’en mai dernier, sur la Pornichet Select. « Et comme tous les concurrents ou presque, je suis là pour valider mes derniers préparatifs avant la Mini Transat » explique le skipper picard. Le départ est fixé le 26 septembre, aux Sables d’Olonne, pour un périple jusqu’en Guadeloupe, avec escale aux Canaries. Dans le détail, Victor Eonnet tâtonne encore pour l’installation des bailles à matosser sur son bateau. « Ce sont les rangements où sont stockés par exemple les 120 litres d’eau que j’embarquerai au départ. En tout, il y a environ 200 kilos à déplacer en fonction des manoeuvres. Il faut pouvoir le faire facilement et rapidement. Je veux voir si tous les changements que j’ai effectués sur le bateau tiennent. »
36 heures sans manger une fois mais pas deux !
Exemple : les fixations de son hydro-générateur ou encore la petite porte qu’il a lui-même fabriquée pour protéger la cabine des embruns. « Je me suis servi d’un rideau de chambre froide ! » raconte celui qui est surtout très satisfait d’avoir progressé dans sa façon de s’alimenter en mer. Car ses soucis il y a un an lors de l’intense parcours de qualification pour la Mini Transat, entre le sud de l’Irlande et l’île de Ré lui ont servi de leçon. « J’étais resté pratiquement resté 36 heures sans manger, accroché à la barre dans des creux de six mètres » se souvient le jeune marin picard.
Serein mais pas en touriste
Depuis, la Pornichet Select lui a prouvé qu’il était dans le vrai, avec la 11ème place de sa catégorie. Ses rations alimentaires méticuleusement préparées ont eu du bon, un effet immédiat sur sa compétitivité. Plus stressé non plus par la gestion de son sommeil, Victor Eonnet aborde sereinement le Puru Challenge. Sereinement mais pas en touriste, même au milieu des plaisanciers avec qui les skippers partagent les pontons de Port-Bourgenay. « J’aimerais finir dans les premiers de ma catégorie, les pointus, ces bateaux de série, plus petits que le 850″ admet-il. Preuve de l’ambition de celui pour qui les planètes semblent alignées. Le mois dernier, Victor Eonnet s’est marié (à Chloé) et il a fêté ses 31 ans ! « Je me suis préparé six jours de nourriture et je pense avoir prévu très large…. » Dans le pire des cas, le skipper amiénois envisage de boucler la première étape en trois jours et la seconde en 48 heures. Auquel cas il aurait effectivement un peu de rab, juste un peu…
Vincent Delorme
Photos William Jezequel