Quelques semaines après la reprise du collectif N1, l’entraîneur de l’Amiens PH, Julien Richard, revient sur la fin de saison chaotique imposée à ses joueurs depuis l’arrêt de la compétition en octobre dernier, l’importance des séances mises en place et les premières perspectives de la saison 2021-2022.
Comment s’est passée la reprise pour chacun ?
Ça fait maintenant presque un mois qu’on a repris les entraînements en extérieur, très tranquillement puisqu’on a surtout pris cette initiative pour que les mecs se revoient un peu et puissent échanger. On est très prudents sur les séances et on suit le protocole comme on peut, ce n’est pas toujours simple mais on essaie de garder nos distances. Ce n’est pas facile parce que, dans notre sport, faire un peu de ludique sans ballon, sans contact, ce n’est pas ce qu’il y a de plus évident. On essaye de varier les contenus pour ne pas que les joueurs s’ennuient, les séances proposées sont un peu plus « funs » déjà pour attirer le plus de monde possible, mais aussi pour reprendre en douceur.
Vous n’avez donc pas ressenti de relâchement ou de désintérêt de la part des joueurs ?
Je pense qu’il y a eu quand même un peu de relâchement, et heureusement ! C’était une période assez longue alors tout le monde a réussi à se centrer sur autre chose, que ce soit sur les études ou sur d’autres projets. Ce qui est bien c’est que la plupart sont restés impliqués pour le hand. Certains ont réussi à s’entraîner, d’autres un peu moins donc forcément ils ne sont pas tous sur le même rythme, les mêmes conditions, mais ça on le savait et on n’a pas de jugement là-dessus. On sait que c’est difficile de s’entraîner tout seul quand on a l’habitude d’être en groupe. La plupart sont conscients de l’importance de rester en activité sans faire de grosse coupure donc on n’a personne qui est arrivé complètement fatigué ou en surpoids malgré la longue période ! Ils sont restés relativement vigilants.
Des programmes avaient été donnés aux joueurs pendant les périodes d’arrêt ?
On avait essayé de faire un petit programme depuis l’arrêt des matchs, mais si c’est « donner pour donner » sans qu’il n’y ait de suivi derrière, ça ne sert à rien. Et puis on a fait confiance à chacun pour qu’ils puissent être un peu en autonomie sur leur gestion physique : bien que l’on ait un groupe qui soit jeune, ils restent assez matures pour être sérieux sur ce qu’il y avait à faire pendant cette coupure. On a prévenu, donné des conseils, mais on n’a pas pu assurer de suivi pour mettre en place ce que l’on voulait.
Ça change de s’entraîner en extérieur, mais on s’est fait une raison et tout le monde joue le jeu
Julien Richard
Comment se passent ces séances en plein air, du point de vue du staff et des joueurs ?
Pour l’instant les entraînements en extérieur se passent plutôt bien puisqu’ils sont nombreux aux séances, c’est plutôt rassurant. C’est que ça leur plait et qu’ils ont envie de reprendre l’activité aussi. Au début on est vraiment parti sur des programmes très courts, notamment pour détecter d’éventuels soucis, on a regardé les protocoles de la fédé pour une reprise en douceur et on a augmenté la charge petit à petit pour ne reprendre des séances un peu plus dynamiques que depuis seulement quelques jours. Refaire des jeux avec un peu d’engagement pour donner tranquillement de la compétition : on a bien vu que les quelques jeux un peu engagés que l’on a repris, c’était vite dangereux parce que tout le monde a très envie et il faut réussir à freiner ça aussi. C’est un peu du sur-mesure ou du bricolage, mais pour l’instant on s’adapte à la période que l’on vit. On essaie de faire au mieux mais ce n’est pas simple parce qu’en plus on n’a pas accès au Coliseum qui est actuellement en travaux donc on n’a pas de salle pour reprendre à fond en intérieur. Ça change de s’entraîner en extérieur, mais on s’est fait une raison et tout le monde joue le jeu donc c’est super.
Vous êtes donc d’abord partis sur une reprise tranquille avant de parler de préparation pour la saison prochaine ?
C’est une « pré-prépa » comme on dit en rigolant. Sans parler tout de suite de l’année prochaine, on essaie de donner quelques idées qui pourraient peut-être nous faire gagner du temps pour la reprise. En essayant vraiment de le faire avec légèreté pour l’instant. On a eu les dates de reprise du championnat et le premier match serait le 11 septembre ; on n’a pas encore les poules, mais vraisemblablement ça serait début septembre. Par la suite il faudra que l’on adapte la prépa avec ces informations, mais pour le moment l’objectif est aussi que chacun mérite ses vacances, notamment pour les joueurs pro. Et c’est aussi pour cette raison que l’on va continuer à augmenter doucement l’intensité des séances pour que, malgré tout, ils soient aussi contents d’être en vacances. Je pense que c’est important pour avoir des repères et pouvoir reprendre « normalement », ne pas être trop décalé au mois d’août. L’idéal aurait été de pouvoir reprendre des matchs, mais dans le contexte ça serait trop tôt pour refaire des oppositions donc on essaye de monter la charge physiquement pour qu’ils puissent souffler un mois avant de reprendre la prépa.
Avez-vous des informations sur le futur championnat ?
Concernant la poule, c’est sûr qu’il va y avoir beaucoup de changements vu le nombre de candidats au statut VAP. Tout ce qu’on espère c’est qu’il restera assez de place dans la poule « élite » pour les clubs non VAP, comme nous. Et ce qui pourrait déjà nous aider un peu, c’est que la Pro Ligue passe à 16 équipes, il n’y aura pas de descente de l’échelon supérieur cette saison, ça fait donc deux places en plus pour d’éventuelles équipes non VAP. Il y aura du changement, mais ça risque encore d’être une année particulière et on espère que ça va tenir, que l’on va pouvoir reprendre de façon normale.
Ça risque encore d’être une année particulière et on espère que ça va tenir, que l’on va pouvoir reprendre de façon normale
Julien Richard
Qu’en est-il de l’effectif pour l’année à venir ?
Comme pour beaucoup de clubs, la saison a été difficile sur le plan budgétaire, ce qui fait que l’on ne pourra pas compenser les départs de joueurs comme on l’aurait voulu. C’est aussi pour cette raison que l’on est allés piocher des jeunes et que, forcément, l’équipe sera encore plus rajeunie l’année prochaine. Par exemple les deux jeunes que l’on a recrutés connaissent à peine le niveau senior, ils sortent tout juste des -18. Mais avec Yuriy on adapte le projet de jeu en fonction des joueurs que l’on a, il est évident que ce que l’on faisait l’année dernière devra être un peu remanié. En termes d’arrivées on a donc Hugo Bréelle qui revient au club après être passé au centre de formation de Saran, ça fait déjà un départ que l’on aura réussi à combler ; et Nolann Duchesne qui sera aussi avec nous. Pour le moment c’est tout au niveau des arrivées et on verra à la rentrée si vraiment c’est trop juste et si on en a la possibilité, on prendra peut-être un joueur de plus à cette période-là. Avec Adrien Poly et Yacine Riahi Idrissi ce sont donc les quatre joueurs que l’on a, dont deux sous « petit contrat », qui seront plus dans la convention Élite, en fonction de leur niveau et de nos besoins on sera susceptibles de les intégrer ou non. Mais le but reste de les amener rapidement à ce niveau de jeu pour que l’on puisse les utiliser et donner une identité un peu locale au club.
Propos recueillis par Océane Kronek
Crédits photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr