A l’heure actuelle, il est de plus en plus difficile pour un journaliste, surtout s’il n’est pas représentant d’une chaine de télé, d’aller à la rencontre des sportifs que ce soit avant ou après une compétition importante.
Voici encore quelques dizaines d’années, il y avait de la place pour tout le monde. Après les rencontres de football, y compris au plus haut niveau, il était fréquent que les journalistes aillent dans les vestiaires et discutent assis sur un banc avec le joueur qu’ils souhaitaient interviewer. Idem dans les courses cyclistes et à l’arrivée, on voyait les journalistes courir après le coureur parfois à une centaine de mètres de l’arrivée. C’était une autre époque et il y avait même une certaine complicité entre les journalistes et les joueurs. Il était parfois fréquent que dans le train qui les emmenait, journalistes et professionnels de foot jouent aux cartes. Avec l’arrivée des télés, on a assisté à un véritable changement de comportement de la part des sportifs à l’égard des médias. Il s’est établi une sorte de méfiance entre les uns et les autres.
Les sportifs n’étaient plus les amis des journalistes et à l’heure actuelle, le fossé semble s’être agrandi. Aujourd’hui, afin de permettre aux journalistes de pouvoir « travailler » dans de bonnes conditions, on contraint l’entraîneur et un joueur à venir se présenter devant les médias. Alors, on assiste à ce spectacle : dans la salle tout le monde ne peut poser une question, faute de temps, mais tout le monde profite des réponses du sportif. Pour être clair, cet examen de passage devant les médias ne plait pas à tout le monde. Il est vrai aussi que certains joueurs qui se font souvent critiquer n’aiment guère venir en salle de presse et par exemple lorsqu’il a joué à l’Amiens SC, un garçon comme Gaël Kakuta trainait les pieds pour donner son opinion.
Maintenant, cette règle qui contraint le sportif à venir en salle de presse après une rencontre, peut-elle être contestée ? Il semble que oui avec l’exemple de la joueuse de tennis, numéro 2 mondial, la Japonaise Naomi Osaka qui a indiqué avant le Tournoi de Roland Garros qu’elle ne viendrait pas devant les médias. Elle part du principe qu’elle devra répondre aux mêmes questions posées depuis longtemps et que ce jeu ne l’intéresse pas. Elle est même prête à payer une forte amende. Somme qui ensuite serait reversée à une association sur la santé mentale. Il semble qu’avec le temps, la situation va tout de même s’arranger à Roland Garros. A moins que Naomi se fasse éliminer rapidement et du coup, elle n’aurait plus à se présenter devant les médias.
Maintenant, la question qui se pose est celle-ci : est-ce que dans l’avenir, les sportifs de notre région feront comme Osaka ? Compte tenu de l’évolution des réseaux sociaux, nous sommes franchement inquiets pour l’avenir. Fasse que nous ayons finalement tort.
NB : Déjà fatigué par sa gloire précoce et la pression inhérente à son statut de star mondiale du tennis, Naomi Osaka a finalement décidé de se retirer de Roland Garros, pour « préserver sa santé mentale ».
Lionel Herbet
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