Suite aux différents bilans de la saison proposés par les joueurs de l’équipe Pro B eux-mêmes, le coach Arnaud Sellier nous livre à présent son ressenti sur son déroulement ainsi que les prévisions pour l’exercice à venir.
Globalement, comment qualifier la saison de la Pro B ?
Arnaud Sellier : Comme l’ont dit les joueurs, elle est positive. Avec des hauts et des bas mais l’homogénéité de l’équipe a fait qu’il y a eu plus de hauts que de bas. On aurait pu faire un peu mieux, Grégoire l’a bien dit aussi, on a gagné sept fois 3/2 donc ça aurait pu être pire et on aurait pu se retrouver dans le ventre mou de la division. C’est aussi l’ambiance qu’il y a au sein de l’équipe qui est agréable, ils n’ont pas tous bien joué en même temps mais ils se sont soutenus. Sauf à Nantes, ils ont toujours rattrapé le coup quand il y en avait un qui était un peu moins bon.
Denis Chatelain : Et puis le déroulé de la saison avec le Covid a fait que notre calendrier a ressemblé à n’importe quoi, personne ne pouvait suivre. Mais nous on s’est quand même retrouvé à pouvoir jouer tous nos matchs quand il fallait et, de ce fait-là, on a pris beaucoup d’avance sur les autres et ça fait que l’on a caracolé en tête. Artificiellement peut-être, mais ça nous permettait de fanfaronner et moi j’ai trouvé ça bien que le calendrier ne ressemble à rien ; qu’on se retrouve en tête pendant très longtemps c’était plutôt plaisant. Évidemment maintenant on a tous le même nombre de matchs joués et les meilleurs nous sont repassés devant, mais ça n’est arrivé qu’à la fin et au moins on aura pu communiquer en disant qu’on était les meilleurs et les plus beaux pendant un petit moment !
Avoir passé 90% de la saison en tête, même fictivement, a donc contribué à la motivation des joueurs ?
Denis C. : Oui voilà, et puis même pour les autres clubs, ils disaient “ah on va chez le leader de la poule” alors qu’ils sont dix fois plus forts ! Mais c’est toujours marrant donc ça a été plutôt bien. Pour moi aussi c’est une saison très positive : l’objectif était de se maintenir et on a fait bien plus que ça. L’idéal ça aurait quand même été de finir sur le podium, mais avec le match à Nantes il nous a un peu glissé entre les doigts. Ça aurait été encore plus beau de finir troisièmes, mais là c’est déjà une très très belle saison ! Et puis il ne faut pas non plus se leurrer, les deux équipes en premières places sont des équipes qui ont déjà un budget et une équipe de Pro A ; ce sont des clubs qui ont vraiment un projet de montée, qui s’en sont donné les moyens financiers, sportifs et humains. Mais en ayant déjà une équipe formatée pour la Pro A, forcément ils roulent un peu sur tout le monde. C’est surtout le cas pour Chartres, mais Roanne avait également le projet de remonter en Pro A après leur relégation et pour cela ils avaient notamment recruté Harmeet Desai.
Mais finalement on se rend compte qu’avoir le projet de monter ne suffit pas pour y parvenir, surtout quand on se retrouve confrontés à une ou deux autres équipes qui affichent les mêmes ambitions alors qu’il n’y a qu’une seule place pour la montée.
Arnaud S. : Finir en quatrième position nous laisse de la place pour continuer à progresser l’an prochain. D’autant plus que l’on pense que la division de l’an prochain sera encore plus relevée, déjà cette saison c’était assez relevé et homogène, mais l’année prochaine ce sera encore pire !
C’est aussi stimulant de se dire que l’an prochain le niveau va encore être plus dingue, ça fera un spectacle terrible dans la salle
Denis Chatelain
Selon vous, le niveau sera donc encore plus élevé dans la poule l’année prochaine ?
Denis C. : On sait que l’on a eu de la réussite cette année, on a joué le top 5 ; mais l’an prochain, avec la même équipe et si les circonstances sont moins favorables, le niveau augmentant on pourra aussi se retrouver à jouer le top 5 de la descente. Ça peut aller vite dans les deux sens et le système qui fait que l’on prend un point à chaque fois que l’on gagne un match fait que l’on peut à la fois très vite se retrouver dans le haut mais aussi dans le bas du tableau. On est conscients de ça et je pense que les joueurs également, mais c’est aussi stimulant de se dire que l’an prochain le niveau va encore être plus dingue, ça fera un spectacle terrible dans la salle et c’est ce qui est plaisant. On le fait aussi pour qu’il y ait des beaux joueurs qui viennent à la salle, des mecs de niveau mondial, et ça sera encore plus le cas l’an prochain.
Il y a des clubs qui ont vraiment le projet de monter en Pro A, ils sont de plus en plus nombreux donc ils recrutent pour ça, mais ils sont aussi comme nous à se dire qu’ils aimeraient bien se maintenir tranquillement et donc avoir une équipe pour ça… Et comme tout le monde a le même raisonnement, le niveau continue de monter et ça reste assez homogène. D’ailleurs cette homogénéité ressort notamment à travers la victoire des derniers, Nantes, contre la plupart des premiers dont Roanne ou nous par exemple. Toutes les équipes sont proches les unes des autres.
Arnaud S. : Effectivement, ça pourrait être intéressant d’avoir deux montées et deux descentes étant donné le niveau de la poule, mais les équipes de Pro A sont moins convaincues par cette idée évidemment. Un seul ticket pour la Pro A c’est vraiment difficile, mais c’est encore pire dans la division d’en-dessous parce qu’ils sont 32 à se battre pour une seule place en Pro B.
Denis C. : Autrefois il y avait bien deux descentes, et puis un jour ils ont décidé de n’en mettre plus qu’une seule. Et le réel problème maintenant c’est qu’il n’y a plus de brassage dans les différentes divisions, notamment en Pro A : il y a deux ou trois équipes qui sont vraiment en-dessous des autres de façon chronique et donc les autres sont tranquilles parce qu’ils savent qu’ils vont rester en Pro A même s’ils n’ont pas le projet de finir sur le podium. De ce fait-là ça ne crée pas de danger contrairement aux disciplines où il y a plus de mouvements entre les divisions.
Si à un moment donné nos quatre joueurs arrivent à bien jouer en même temps, on est dangereux
Arnaud Sellier
Quels sont donc les objectifs pour l’équipe professionnelle l’année prochaine ?
Arnaud S. : Évidemment, toujours essayer de faire mieux que l’année d’avant. On sait que ça ne sera pas facile, mais je pense que Tomi a assez bien résumé les choses, c’est-à-dire que si à un moment donné nos quatre joueurs arrivent à bien jouer en même temps, on est dangereux. Si c’est comme cette année, on est un peu plus inquiets. Mais on sait aussi que l’on a un joueur qui est plutôt sur une phase ascendante, un autre assez stable donc on espère qu’il gardera son niveau, et deux joueurs qui nous inquiètent un peu pour l’an prochain : si ces deux joueurs n’augmentent pas leur niveau par rapport à cette année, à mon avis on n’arrivera pas à atteindre cet objectif de faire mieux. Après Tomi nous a montré qu’il pouvait faire des matchs incroyables s’il se remet au boulot, dans un état d’esprit différent et qu’il rejoue comme l’an dernier, avec un Horacio qui joue très bien en plus, on sera dangereux. L’objectif est donc de faire mieux, mais pour ça on aura besoin que les joueurs fassent bien leur travail.
Denis C. : De notre côté on essaye de mettre les joueurs dans les meilleures conditions en termes d’accueil, de mise en confiance ou d’hébergement, de veiller à ce que tout se passe bien, de prévoir l’imprévisible. Mais ça sera aussi à eux de faire le travail à un moment donné. Et pour cela, il faut qu’ils s’en donnent les moyens, qu’ils s’entraînent sérieusement ; il y a des choses que l’on ne peut pas maîtriser complètement, ça doit venir d’eux. Ce sont des professionnels, ils savent les efforts qu’ils ont à faire.
Propos recueillis par Océane Kronek
Crédits photo : Léandre Leber – Gazettesports.fr