Alors que les Championnats d’Europe auront lieu dans un mois et que la sélection est déjà tombée, nous avons interrogé Mathieu Neuillet, coach du Pôle Excellence à l’Amiens Métropole Natation, à ce propos ainsi que sur la suite de la saison, qui revêt, à ses yeux, plus d’importance.
Y aura-t-il des objectifs collectifs pour les nageurs de l’Amiens Métropole Natation ? Un bilan que vous souhaiteriez atteindre ?
Les Championnats d’Europe, pour nous, ils tombent trois semaines avant les qualifications pour les Jeux Olympiques. Donc, de notre côté, ce sera uniquement un moment de confrontation. Cela va permettre aux athlètes de se tester face à une population qu’ils n’ont pas l’habitude de rencontrer. C’est surtout, pour eux, un exercice, avant d’avoir réellement des objectifs. Sportivement, de toute façon, ils ne seront pas dans leur meilleur état de forme parce que, la priorité reste la qualification pour les Jeux. Donc on va là-bas pour prendre de l’expérience, apprendre, réaliser des courses avec des adversaires de haut niveau dans la perspective et avec l’objectif, derrière, de se déplacer aux Jeux et d’y arriver avec un peu moins de complexes que ce qu’on pourrait avoir sans faire les Championnats d’Europe avant.
D’un point de vue individuel, l’objectif sera peut-être au moins d’atteindre des finales, dans l’optique de pouvoir se mesurer à ce qui se fait de mieux ?
Eux, ils iront forcément avec l’objectif de passer le plus de tours possibles. Ensuite, on verra ce qui se passe sur place. En réalité, on a peu de visibilité étant donné qu’on ne connaît pas les nageurs qui vont participer. Je pense qu’il y a pas mal d’athlètes qui feront l’impasse sur les Championnats d’Europe. Ou alors qui viendront juste pour faire une course ou deux pour prendre des repères en vue des Jeux. Pour l’instant, tant que l’on n’a pas la liste des participants, il est assez dur de se projeter.
Aujourd’hui, on sait qui est sélectionné, on ne sait pas, par contre, qui va participer. Par exemple, nous, la Fédération Française de Natation nous a laissé une totale liberté sur les courses sur lesquelles on allait s’engager pour chaque athlète. C’est-à-dire que c’est nous qui avons décidé du jour où nous allons arriver et du jour où nous allons repartir. Avec Mewen, on a fait le choix de participer uniquement aux courses olympiques, donc il prendra le départ du 100 dos, du 200 dos et du relais 4X200 nage libre, mais c’est tout. On ne fait pas le 50 dos étant donné qu’on n’aura pas cette course potentiellement sur les Jeux. Chacun organise la semaine comment il lui semble le plus opportun, le plus bénéfique pour être le plus compétitif possible à Chartres, trois semaines plus tard. Et je pense que pour d’autres nations, ce sera la même chose.
Le fait d’avoir autant de nageurs sélectionnés pour ces Championnats, particulièrement des jeunes, c’est une preuve de réussite du club ?
Aujourd’hui, ce qu’on en ressort le plus, c’est que ça valide tous les choix qu’on a pu faire dans l’organisation de la pratique sportive. C’est-à-dire que tout le cheminement de performance, de formation, on peut le valider par ces premiers résultats. Parce que tous ces athlètes qui rentrent dans cette équipe de France, que ce soit Roman Fuchs, même si aujourd’hui il n’est plus sur Amiens, c’est un jeune passé par le centre de formation d’Amiens puis le Pôle Espoir d’Amiens et ensuite le Pôle France d’Amiens, Maxime Grousset, c’est la même chose et Enzo et Mewen, c’est exactement la même chose, aussi. Ce sont des jeunes qui nous ont rejoint et ont intégré le centre de formation, ensuite le Pôle Espoir et qui, maintenant, sont dans la structure Excellence et accèdent à l’Équipe de France. Ça montre que l’école de formation amiénoise permet aux athlètes d’atteindre la sélection nationale et ça peut leur permettre de prendre un premier avant-goût de la scène internationale avant les Jeux. Je crois que pour ce groupe, c’est surtout ça qui va compter. C’est-à-dire qu’à Tokyo, s’ils peuvent y faire quelque chose, on ne va pas se gêner, mais il va surtout s’agir de prendre un maximum d’expérience, valider l’événement, réussir à l’appréhender de façon à, derrière, aborder Paris avec une toute autre ambition et à arriver dans un environnement qu’ils connaîtront déjà.
Parmi les nageurs qui seront présents à Budapest, qui a le plus ses chances pour une place à Tokyo ?
Aujourd’hui, celui qui a le plus de chances de se qualifier, c’est Mewen, clairement, étant donné que c’est le seul de cet effectif qui a réalisé les minimas exigés durant la première période de qualification. Alors, c’est sûr qu’à Marseille, il termine 2ème donc il ne prend pas la première place réservée, mais c’est le seul à avoir réalisé les minimas exigés qui correspondent tout de même au temps du 8ème mondial. Celui qui va être le plus attendu, c’est Mewen. On attend vraiment qu’il se qualifie.
En deuxième, je dirais que c’est Maxime qui a déjà réalisé, à plusieurs reprises, le temps qu’il sera exigé de faire à Chartres, dans la deuxième période de qualification. Enfin, Enzo et Roman, je les mets sur un pied d’égalité étant donné qu’ils sont tous les deux intégrés au relais 4X200 nage libre qu’ils ont réussi à qualifier, ensemble, avec l’aide de Mewen, sur les Championnats de France à Saint-Raphaël, pour les Championnats d’Europe et qu’ils ont vraiment à cœur de réussir à emmener jusqu’aux Jeux. Et j’espère qu’au moins l’un ou l’autre – les deux, ce serait magnifique – arrive à décrocher un ticket en individuel pour les Jeux.
Pour Enzo, c’est de plus en plus un objectif. À Marseille, il a réussi à s’affirmer comme le meilleur Français sur le 200 nage libre, en tout cas, il en ressort comme le Français le plus performant. Sur le relais, il a été le plus rapide.
Quelle est la situation d’Evangelos Makrygiannis, il s’entraîne avec vous, mais il n’est pas licencié au club ?
Evangelos ne peut pas se licencier au club parce que le règlement grec précise que les nageurs grecs ne doivent avoir qu’une seule licence dans un club, quel qu’il soit. Et s’il veut pouvoir se qualifier aux Jeux, sa licence doit obligatoirement être en Grèce. C’est pour cela qu’il n’est pas licencié à Amiens. Mais étant donné qu’il s’entraîne toute l’année avec nous et qu’il participe à l’ensemble du programme proposé sur la structure d’Amiens, pour nous, il fait partie de l’aventure, intégralement. Ce n’est pas un athlète qui vient par moment. Il est là en permanence avec nous.
Les modalités de qualifications aux JO sont différentes pour lui ?
Oui, pour les Grecs, c’est totalement différent, ils peuvent se qualifier sur l’ensemble de la saison. Chaque compétition labellisée FINA peut être source de qualification. Le temps qu’il a fait à Marseille ne sera pas suffisant, il faudra qu’il nage à peu près sur le même niveau que le temps exigé pour les Français à Chartres. Mais ça pourra être à n’importe quel moment de l’année. Donc, pour lui, ça peut être à Budapest comme ça peut être à Chartres. Il devait aussi avoir un championnat en Grèce, je ne sais pas s’il aura lieu. Alors, on fait des choix stratégiques. Étant donné qu’il est intégré au groupe amiénois, on le prépare en même temps que le groupe. Donc pour nous, la prochaine échéance où il jouera sa qualif pour les Jeux, ce sera à Chartres en même temps que les garçons.
Mais il aura quand même une carte à jouer à Budapest ?
Oui, lui, à Budapest, s’il passe le temps exigé, il aura son ticket pour Tokyo.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Coralie Sombret – Gazettesports