La Fédération Française de Handball (FFHB) a tranché et décidé de l’arrêt des championnats amateurs en fin de semaine dernière. Une décision qui a au moins le mérite de lever une zone de floue.
On ne peut pas dire que la décision de la FFHB soit une surprise. Comme nous l’explique Sylvain Pioli, dirigeant à l’Amiens PH, « on s’y attendait, on savait bien que ce serait très compliqué sachant qu’il fallait un mois et demi pour reprendre après l’autorisation de se ré-entraîner. Il faut retravailler tout, les enchaînements, les chocs. On se disait que ça allait être compliqué. » Il souligne même que « la décision a été très longue à être prise. On s’en doutait depuis longtemps. C’est embêtant. C’est vrai que les licenciés étaient en attente, c’est un peu anxiogène. Mais c’est aussi ce que vit tout citoyen lambda. » Si le doute autour de la suite du championnat est levé, il tenait à souligner que « même là, c’est encore incertain. On nous parle de la saison prochaine, mais est-ce qu’elle va débuter en temps et en heure, c’est toujours aussi flou » tout en reconnaissant que dans les conditions actuelles « ce n’est pas simple de prendre une décision. »
Le club amiénois essaie toutefois déjà d’envisager la suite. « Là, maintenant, on espère pouvoir reprendre normalement la saison en août, nous explique Sylvain Pioli. On aura peut-être la possibilité de faire des amicaux en juin. Mais tant qu’on n’a pas le feu vert pour se ré-entraîner en salle, on ne peut rien faire, donc c’est vrai que même là on est encore dans le flou. Ce qui est prévu, ce sont des réunions avec les entraîneurs pour voir comment on va pouvoir prévoir la suite, le début du championnat à venir. »
Rester actif pour limiter l’impact de la crise
Même si le plus important reste en effet le retour des entraînements en intérieur, l’APH ne tient pas à rester inactif le temps qu’une décision en ce sens soit prise, dans la mesure du possible : « Il y a des choses qui ont été tentées en extérieur, mais comme il faisait trop froid dernièrement, ce n’était pas jouable. Ça doit se refaire là. Pour l’instant on ne peut que le samedi puisqu’il y a le couvre-feu. Si en plus on se retrouve avec un confinement le week-end comme dans le Pas-de-Calais, ce sera mort. Mais l’idée est celle-là, proposer quand même quelque chose aux licenciés du club. »
Il faut dire que l’inactivité a clairement un impact direct sur le club, notamment dans les sections de jeunes. L’Amiens PH a ainsi déjà perdu entre 60 à 80 licenciés (ce qui le situe dans la moyenne nationale, qui est de 20% de perte de licenciés). « C’est ça le souci qu’on a, s’inquiète Sylvain Pioli, ce dont on a un peu peur, c’est que, comme on ne propose rien, de toute façon, on ne peut pas proposer grand-chose, des jeunes ne reviennent pas. Ceux qui ne sont pas fondus de handball, vont peut-être se dire « non, je ne reprends pas de licence la saison prochaine ». C’est un risque. »
Ce dont on a un peu peur, c’est que, comme on ne propose rien, […] des jeunes ne reviennent pas.
Sylvain Pioli, dirigeant à l’Amiens PH
Ce qui incite toutefois le club à prendre le taureau par les cornes. « On travaille sur le fait qu’on a de moins en moins de jeunes. En -18, on a du monde parce que ce sont des jeunes qui sont là depuis quelque temps. Mais en -11 et -13, on a des baisses, nous détaille Sylvain Pioli. On est en train de travailler sur les écoles. Notamment, avec Jean-Pascal Hiolle et le responsable de la filière jeune Aymeric Poumeyrol, pour embaucher quelqu’un qui travaille dans les écoles parce que c’est quelque chose qui peut nous permettre d’aller chercher des jeunes. Cela peut être intéressant d’aller chercher des jeunes très tôt pour pouvoir les former et pourquoi pas les faire monter, pour certains, jusqu’en N1. Mais comme on est dans les quartiers, cela a aussi une importance au niveau de l’intégration sociale. »
Le haut niveau moins impacté
Si des craintes existent donc chez les jeunes, entraînant le club à faire preuve de volontarisme pour maintenir la barre, l’impact sur l’équipe fanion est moins important : « Sur le niveau Elite, on a contacté les joueurs, on a fait une visio. Normalement, tous les joueurs repartent la saison prochaine. » Tout du moins dans ce qui est quantifiable à l’instant t. Sylvain Pioli exprime ainsi la vigilance qu’il devra tout de même y avoir à la reprise : « Le seul impact qu’il peut y avoir par rapport à eux, c’est qu’on ne sait pas dans quel état physique ils sont. Ils s’entraînent de leur côté mais il va falloir retravailler. Même s’ils courent, l’impact physique qu’il peut y avoir sur les matchs, ils ne l’ont pas. C’est l’inconnu, pour l’instant. Du coup, des matchs fin juin, ça pourrait remettre ça au goût du jour. Après, on repart de toute façon sur une saison prochaine qui sera précédée de matchs amicaux, comme d’habitude. Mais en général, l’arrêt est d’environ un mois. Là, on sera sur un arrêt de presque un an. Sur la N1, l’impact, c’est principalement ça, le manque de compétition et d’entraînement. »
L’espoir principal est donc désormais de pouvoir reprendre le plus vite possible afin de reprendre du rythme. Un espoir qui sera valable non seulement pour l’équipe Elite mais également sur les équipes les plus ambitieuses du club telle que la Pré-National dont l’objectif restera le même qu’au démarrage de cette saison avortée, la montée en N3 car comme l’indique Sylvain Pioli « il faut aussi qu’ils se remettent assez vite à travailler pour prétendre à ce niveau-là. »
Morgan Chaumier
Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports