BASKET-BALL – Serge Tristram : “On est dans un flou total”

Ⓒ Gazette Sports
Publicité des articles du site GazetteSports

Alors que la Fédération Française de Basket-Ball vient de publier un communiqué suite à son bureau fédéral (il y a maintenant plus de 15 jours), Serge Tristram, président de l’ESCLAMS, évoque la situation actuelle. 

Comment avez-vous pris ce communiqué ?

publicite cit dessaint 2 gazette sports

Les annonces ne sont pas vraiment des annonces, on essaye juste de gagner du temps en nous disant d’attendre. On parle de remboursement c’est une bonne chose mais c’est logique car on ne joue plus depuis le mois de novembre. Le problème c’est qu’il y a deux sons de cloche au sein des clubs de NM2. Certains veulent poursuivre le championnat et d’autres, comme nous, souhaitent plutôt un arrêt de ce dernier. La fédération est coincée entre ces deux positions et pour le moment ne souhaite visiblement pas trancher. Mais aujourd’hui on est dans un flou total.

La fédération est coincée entre ces deux positions et pour le moment ne souhaite visiblement pas trancher. 

Comprenez-vous ces « deux sons de cloche » ?

Les grosses écuries veulent poursuivre car il y a de gros enjeux financiers mais aussi car ils continuent de s’entraîner donc leur position est logique. Ce n’est pas notre cas, comme d’autres clubs. Nous n’avons pas la possibilité de nous entraîner et après une si longue interruption, reprendre semble impossible. Au vu de la situation et du fait qu’il faudrait au moins 3 semaines de réathlétisation, on ne pourrait pas reprendre avant fin avril début mai. Je ne vois donc pas l’intérêt de reprendre à cette date. Après je comprends l’intérêt des gros clubs et les enjeux financiers mais on est tous dans le même bateau. On doit traiter les grosses écuries comme les petites et il ne peut pas y avoir de différences de traitement entre les équipes. 

Comment gérer la situation vis-à-vis des joueurs et du staff ? 

On est obligé de continuer de défrayer les joueurs et le coach en attendant une décision définitive. On continue donc d’avoir des frais car les joueurs doivent payer leur loyer et manger. Certains sont semi-pros ou pros et on se doit de respecter nos engagements. S’ils annoncent quelque chose au mois d’avril les contrats auront pris fin, donc ce sera un peu tard. Il y a une incertitude constante qui est pesante pour tout le monde. Il y a un manque de courage de la Fédération qui nous renvoie à une décision fin février où l’on n’est pas certain d’avoir une décision définitive. 

Si la saison reprend, il faudra un nouveau format. Pour vous ce sera lequel ?

La Fédération n’a pas communiqué sur un nouveau format en cas de reprise mais on sait que l’objectif en cas de reprise est de finir la phase aller. C’est dans les règlements, si on joue la phase aller on peut valider un championnat. Je ne vois pas l’intérêt, car après un si long arrêt c’est une nouvelle saison qui commence. Il y a en plus d’énormes différences physiques. Certaines équipes s’entraînent tous les jours, d’autres pas du tout, la FFBB doit garantir une équité sportive et si le championnat reprend ce ne sera pas le cas. 

Pour vous, cette situation met-elle en lumière la complexité du championnat ?

Le championnat est considéré comme amateur par les instances aujourd’hui donc il faut prendre les décisions en adéquation. Aujourd’hui le sport amateur est à l’arrêt et ne peut s’entraîner et encore plus pour les sports en salle, donc pourquoi ne pas arrêter le championnat. S’ils veulent traiter la NM2 comme un championnat professionnel, il faut modifier les statuts. 

S’ils veulent traiter la NM2 comme un championnat professionnel, il faut modifier les statuts. 

Arrivez-vous malgré tout à vous projeter sur la suite ?

On navigue à vue pour la fin de saison sur la partie administrative et financière, mais aussi pour la saison prochaine. On ne peut pas se projeter sur qui on garde, ce que l’on fait et qui veut rester. Mais l’un des autres points c’est aussi de proposer à l’ensemble de nos licenciés des activités jusqu’à la fin de saison. Il y a là un enjeu important pour conserver ces licenciés qui sont la base du club. C’est un ensemble qui amène une incertitude financière sur la fin de saison et la saison à venir. 

La plus grosse incertitude est financière ? 

On a des dépenses en moins et la Fédération parle de rembourser une partie des engagements déjà versés mais on a quand même des frais fixes. Surtout nous avons un manque à gagner de 5000 à 7000 euros tous les mois avec l’impossibilité de faire des activités et d’engendrer des recettes. On a eu quand même une bonne nouvelle avec la métropole qui poursuit sa subvention financière, ce qui est primordial en ce moment. Nos sponsors sont aussi en difficulté et si certains ne peuvent pas repartir cela remet en cause l’engagement du club en NM2. On comprend que c’est compliqué pour tout le monde et en ce moment on attend une décision forte de la Fédération, cela permettrait d’être fixé et de pouvoir regarder de l’avant. 

Nous avons un manque à gagner de 5000 à 7000 euros tous les mois

On parlait d’une communication commune avec les Fédérations de Handball et Volley-Ball. Vous pensez qu’ils attendent la décision de ces deux fédérations ?

Je ne sais pas si la fédération attend de voir ce que vont faire les autres fédérations comme le Handball ou le Volley-Ball mais je ne comprends pas ce que l’on attend. Tout le monde espère une embellie de la situation actuelle mais on sait bien que la situation ne va pas changer du jour au lendemain malheureusement. Il ne faut pas être dupe et on ne pourra pas reprendre avant plusieurs mois. On ne fait que retarder l’échéance mais il faudra trancher à un moment donné. 



Aurélien Finet

Crédit Photo : Léandre Leber – Gazettesports