EDITO : La Coupe de France de l’incohérence ?

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Ce mardi 19 janvier, à la surprise générale, la FFF vient de dévoiler un protocole de reprise, afin que les clubs amateurs puissent jouer la Coupe de France le week-end du 30 et 31 janvier. Une décision déconcertante à bien des égards.

Alors que le football amateur français tourne au ralenti depuis plusieurs mois, et qu’il venait de subir un nouveau coup dur avec l’instauration d’un couvre feu à 18h, la FFF a pris de court l’ensemble des acteurs du monde amateur, en prévoyant la reprise de la Coupe de France, pour dans 11 jours.
Ainsi, alors que de nouvelles restrictions sanitaires viennent d’être mises en place, suspendant notamment l’EPS et le sport en club des mineurs en intérieur, les adultes, contraints de s’entraîner sans contact et par groupes de 6 depuis des semaines, vont eux pouvoir rejouer…
Entendons-nous bien, un public (mineur) qui était jusqu’à présent autorisé à pratiquer le sport en intérieur, n’a plus le droit de le faire à cause de la situation sanitaire, tandis qu’un public (majeur), jusqu’ici privé de tout contact depuis des mois, pour des raisons sanitaires, peut lui reprendre les entraînements collectifs et même rejouer des matchs !

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Les entraînements parlons-en

Ainsi, d’ici 11 ou 12 jours, les clubs amateurs vont donc rejouer un match de 90 minutes. En sachant qu’il est quasiment impossible de s’entraîner en semaine avec le couvre feu à 18h, il reste deux voire trois créneaux possibles pour s’entraîner d’ici le match : ce samedi, ce dimanche et éventuellement le samedi 30 pour ceux qui joueront le dimanche 31. Depuis plus d’un mois les clubs peuvent s’entraîner sans contact et par groupes de six maximum – dans les faits simplement s’entretenir – et auront donc au mieux trois entraînements collectifs pour préparer un match. La FFF aurait-elle oublié de publier le protocole de remise en forme pour une équipe en seulement trois séances ?

Et qu’en est-il des formations de niveau district ou région, qui vont affronter des formations de N3 ou N2 ? En effet, certaines ont pu continuer à s’entraîner, comme le précisait la FFF dans un communiqué début novembre : « Les équipes constituées majoritairement de sportifs sous contrat pourront continuer de s’entraîner avec les partenaires d’entraînement qui ne sont pas sous contrat et venant compléter l’effectif. » Équité vous avez dit ?
Bon courage également à tous ces clubs amateurs qui doivent, en l’espace de quelques jours, s’organiser pour répondre à un protocole sanitaire strict, digne de ce à quoi doivent se plier les clubs professionnels. Reste que les clubs amateurs n’ont pas les moyens financiers, ni même humains de leurs homologues pro’, et un casse-tête se présente donc pour respecter le protocole suivant :

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Intéressant aussi, ce point mis en avant dans le communiqué : « Considérant l’absence de dates disponibles dans un calendrier très contraint par la crise épidémique, aucun match ne serait reporté pour cause de COVID« . Qu’en sera-t-il d’un report pour terrain impraticable (chose courante en ces mois de janvier et février); les deux équipes seront-elles éliminées ?

La belle affaire pour le foot féminin

Par ailleurs, nous sommes actuellement en plein cœur de la semaine « Sport Féminin Toujours », initiative du CSA visant à mettre en avant la médiatisation du sport féminin. Qu’importe, dans le communiqué sur la Coupe de France, publié aujourd’hui, à aucun moment n’est fait mention de la Coupe de France Féminine. Ainsi, selon nos informations, aucune décision n’a été prise par la FFF concernant cette compétition. On peut légitimement s’interroger sur cette différence de traitement entre la compétition masculine et celle féminine…

Enfin ayons une pensée, pour ces restaurateurs, ces propriétaires de bar, ces lieux culturels ou lieux accueillant du public pour du loisir, ou tous ceux condamnés à garder portes closes actuellement, pendant que, durant les semaines à venir, les footballeurs pourront s’entraîner normalement et rejouer normalement.


Difficile à justifier cependant, car si l’intérêt financier est mis en avant pour la reprise de la Coupe de France, qu’en est-il de l’intérêt financier de toutes ces professions à l’arrêt depuis des mois ?


Quentin Ducrocq

Crédit photo DR