Alors qu’une décennie prend fin en ce mois de décembre, nous avons interrogé plusieurs acteurs du sport amiénois sur la décennie écoulée. Aujourd’hui ce sont le président l’Amiens STT, Denis Chatelain, et le coach de l’équipe première, Arnaud Sellier, qui s’y collent.
Quel est votre meilleur souvenir sportif de la décennie ?
Denis Chatelain : Je garde la même réponse que l’année passée en parlant du concours de saut à la perche des championnats du monde 2019 avec le jeune Suédois Armand Duplantis qui avait fait un concours de fou. Avec Sam Kendricks, ils battaient leur propre record personnel l’un après l’autre, et souvent au 3ème essai… J’avais trouvé qu’il y avait une atmosphère incroyable entre les athlètes, ils ne lâchaient rien sans pour autant qu’il y ait de haine ou d’animosité quelconque ; on sentait que c’était une vraie compétition sans que ça soit la guerre pour autant, c’était très sportif, c’était beau.
Arnaud Sellier : Même en repensant aux JO de Rio et de Londres, j’ai un peu de mal à me souvenir… On ne peut pas parler de la montée en Pro B de l’ASTT ? Ou utiliser un joker pour passer à la question suivante ?
Et quel serait le pire ?
Arnaud : La remontada du PSG face à Barcelone il y a trois ou quatre ans. Je l’ai vécue à la maison et c’était vraiment dur à supporter. Le scénario du match était incroyable, c’est un truc qui ne peut pas arriver. On pourrait aussi parler de blessures de sportifs mais c’est difficile de se souvenir d’une décennie entière… Mêmes nos échecs successifs pour monter en Pro B on les a plutôt bien vécus finalement !
Denis : J’aurais pu parler de la défaite France-Allemagne en coupe du monde quand j’étais gosse, en demi-finale en 1982, mais ça ne rentre pas dans la décennie. Mais c’est terrible, on ne pense qu’au football… On voit vraiment que le matraquage médiatique quotidien sur ce sport fonctionne au final ! Je vais faire mon Arnaud Sellier et passer à la question suivante !
Quel évènement vous a le plus marqué dans le sport amiénois ces dix dernières années ?
Arnaud : Encore une fois on parle de choses dont on se souvient, mais sur le plan positif, la montée de l’Amiens SC en Ligue 1… on en a encore regardé la vidéo ce matin ! Je l’ai déjà dit l’an dernier aussi, mais au niveau local, Amiens en Ligue 1 on commençait à ne plus y croire. Après sur Amiens il n’y a que trois sports : le foot, le hockey, et nous parce qu’on se met dedans donc c’est un peu difficile de trancher.
Denis : Tout pareil que monsieur Sellier pour le positif ! Mais pour l’aspect négatif je retiens l’effondrement de l’équipe de volleyball féminin : ils ont pris un énorme redressement financier de la part de l’URSSAF. Tout a coulé à partir de là et personnellement j’ai pris ça comme un électrochoc au niveau du club en me disant que ça pouvait arriver très vite, à tout moment si on n’était pas suffisamment rigoureux et vigilants sur le budget… La métropole investissait et croyait vraiment beaucoup dans cette équipe féminine et ça a explosé en plein vol. Pour moi c’est un des plus tristes souvenirs de la Métropole avec la descente de l’équipe de foot de l’ASC l’année dernière dans des circonstances un peu spéciales qui ont fait que finalement on s’est un peu fait enrhumer !
Arnaud : Ce n’est pas très original mais c’est aussi représentatif de ce dont on se souvient : on se souvient des choses dont on parle, et on parle de quoi ? De foot. Et en parallèle avec la montée d’Amiens en Ligue 1, on a un peu l’impression de s’être fait avoir même si sportivement on peut dire qu’ils n’avaient pas fait un très bon deux tiers de championnat, sur le coup ça a semblé un peu injuste et on craint que ça ne soit long avant qu’ils ne remontent !
Quel serait, selon toi, l’athlète amiénois ou l’équipe amiénoise de la décennie ?
Arnaud : Le problème c’est comment ne pas dire “le foot” ? À part ça, on ne pourrait pas dire que c’est “l’équipe de la décennie”, mais ce que fait l’AUC est bien aussi. Les résultats de l’AUC athlétisme aux interclubs nationaux sont très bons, ils ont un club de 700-800 licenciés, en termes de développement et de promotion de la pratique, ils assurent plutôt bien. Autrement on peut aussi parler des Gothiques qui ont gagné une fois ou deux la coupe de France de hockey. Le hand, je ne connais pas trop, mais on sent qu’il faut passer un cap encore compliqué sur le plan financier.
Denis : Corentin Ermenault, en cyclisme, champion d’Europe de poursuite individuelle et par équipes en 2016, 2017 et 2019. On n’a pas des champions d’Europe tous les jours sur la Métropole !
Enfin, que pourrait-on vous souhaiter pour les dix prochaines années à venir ?
Arnaud : On est tout nouveaux dans le monde semi-professionnel alors on aimerait bien s’y installer, on aimerait que le tennis de table devienne un sport où l’on vient comme au foot ou au hockey, où l’on aime aller. Dans les années à venir, on aimerait pouvoir utiliser l’équipe pour faire la promotion de la discipline, vendre le tennis de table comme un vrai spectacle, comme certains clubs arrivent à le faire ! Ça serait installer le tennis de table dans le paysage amiénois en continuant à développer le club mais aussi en réussissant à se structurer d’avantage en interne. Que les gens puissent arrêter de dire “Amiens c’est le foot et le hockey” et commencent aussi à se dire “mais à Amiens il y a pas du ping-pong ?”
Denis : En se professionnalisant encore plus, en arrivant à agréger plus de personnes qu’actuellement dans le projet. C’est très bénévole comme milieu et le bénévolat a ses limites : cela repose sur peu de gens et certains s’épuisent ou se fatiguent. À côté de ça, il y a des villes, de moindre importance certes, mais qui ne sont connues que pour le ping-pong ! J’espère qu’Amiens en fera partie. Avec nos joueurs on est de plus en plus populaires en Argentine et en Espagne, c’est un début !
Propos recueillis par Océane Kronek
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