Le défenseur de l’US Camon Corentin Nagy se réjouit de pouvoir retrouver le chemin de l’entraînement après un second confinement plus difficile à ses yeux. Et avec toujours les mêmes objectifs élevés pour son club cette saison.
Comment as-tu vécu l’annonce de ce confinement, il y a un peu plus d’un mois ?
Forcément, en étant dégoûté, parce que c’est la deuxième fois que ça arrive. L’année dernière, c’était déjà un coup dur parce qu’on aime la compétition. Là, on se prépare pour une année complète. On sait que les conditions sont compliquées donc on se prépare à subir ces conditions et on nous coupe dans notre élan en nous arrêtant. Je comprends tout à fait la décision, mais ça fait mal au moral de devoir tout arrêter et de voir tout le travail, surtout physique, fait depuis le mois de juillet, qui part en fumée. On était sur une période où l’on commençait tout juste à sortir la tête de l’eau par rapport au travail physique, où il commençait à être assimilé, où l’on commençait à être bien en jambes et on doit s’arrêter, malheureusement. Mais, bon, c’est la vie.
Par rapport au premier confinement, c’est plus simple ou plus difficile à vivre ?
Moi, je trouve que c’est un peu plus compliqué étant donné que c’est en plein milieu de la saison et que l’on sait que ça va reprendre, dans tous les cas. L’année dernière, on savait que c’était la fin de la saison. On avait compris qu’on n’allait pas pouvoir reprendre.
Et à côté de ça, pour s’entretenir, on avait les beaux jours. Là, quand on rentre du travail, il fait nuit. Se motiver pour aller faire le travail physique, c’est un peu plus compliqué sachant qu’on va reprendre et qu’on doit tout de même se tenir prêt.
Il consiste en quoi, ce travail physique ?
Le préparateur physique nous a donné un programme de maintien en forme en essayant d’anticiper au mieux la date de reprise. Il s’agit d’un travail crescendo afin d’être de plus en plus prêt qui consiste en différentes courses à faire chaque semaine et du travail musculaire à faire à la maison dont on doit faire un compte-rendu au préparateur pour avoir un suivi avec lui.
On entend des déclarations divergentes entre FFF et gouvernement sur la reprise alors que vous reprenez l’entraînement, comment tu vis cette incertitude ?
C’est pareil, c’est frustrant, on ne sait pas sur quel pied danser. Parce qu’on sait que la compétition ne reprendra, dans tous les cas, pas avant le 20 janvier mais en même temps, on nous dit qu’on peut retourner au foot dès ce soir (l’entretien a été réalisé vendredi, ndlr) mais avec des conditions adaptées. Pour en avoir discuté avec différents coachs, avec le responsable de la section sportive d’Amiens en lycée, personne ne sait si on a vraiment le droit de reprendre actuellement. On est vraiment dans le doute, on ne sait pas ce qui est bien, ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire.
Ce qui est sûr, c’est que c’est une grande bouffée d’oxygène, quand même, de pouvoir retourner sur le terrain ne serait-ce que pour courir ou pour faire des ateliers techniques. Reprendre le contact avec le groupe, je pense que c’est primordial, quand même. Et puis, pour la vie de l’association sportive, je pense à notre club, mais dans tous les clubs, on a besoin d’avoir du monde.
Ce ne sera pas trop dur de reprendre l’entraînement sans perspective rapide de reprise du championnat ?
On a des objectifs qui ont été posés, il ne faut pas les perdre de vue
On sait qu’on va reprendre à un moment donné parce que la saison ne s’est sûrement pas terminée il y a un mois. On ne sait pas encore dans quel système, c’est vrai. Mais on a des objectifs qui ont été posés, il ne faut pas les perdre de vue, il faut qu’on reste concentrés. Si on reprend aujourd’hui pour être prêts en février, tant pis, il faut quand même travailler. C’est certes frustrant, mais ça doit encore plus nous motiver pour nous dire que l’on a deux mois pour se préparer et en profiter pour faire une bonne préparation et être prêts le jour J.
Tu évoques des doutes sur le système de championnat après la reprise, vers quoi irait ta préférence ?
Dans tous les cas, on devra se plier aux décisions qui sont prises. Mais si je devais donner une préférence, je partirais sur le modèle de l’an dernier, terminer la phase aller, continuer le championnat et prendre au quotient. Ou alors prendre le classement à l’issue de la phase aller. C’est pour moi la solution la plus équitable. Maintenant, on devra se plier aux décisions. Si c’en est une autre comme les play-offs, on fera en conséquence et on n’aura pas notre mot à dire dans tous les cas.
Le début de saison avait été bon avec des objectifs hauts, ceux-ci ne vont pas changer ?
Non, évidemment qu’il n’y a pas de changement. Quand on démarre aussi bien la saison… Même s’il y a un petit un point noir avec ce match nul à domicile, les feux sont aux verts. Donc évidemment qu’on va essayer de continuer sur cette lancée. Maintenant, c’est vrai que les cartes vont être un peu redistribuées puisqu’on redémarre de zéro. Ce sera à nous de rester concentrés et de continuer le travail démarré parce que ce serait bête de perdre le fruit du travail qu’on a accompli.
Titi t’a placé sur latéral droit lors des derniers matchs, c’est un poste qui te plaît ?
C’est un poste auquel j’ai évolué pendant quelques années en jeune et à mes débuts en senior. C’est vrai que ça nous a coûté de perdre Sofian Ameur trois matchs avant l’arrêt du championnat. Je suis disponible pour l’équipe, on a besoin de moi à ce poste-là, il n’y a aucun souci, je suis prêt à répondre présent, c’est un poste que je connais donc il n’y a aucun problème avec ça.
Tu as perdu le brassard de capitaine cette saison, tu y accordes de l’importance ?
Non, ça n’a aucune importance. Le capitaine, c’est quelqu’un qui est là pour aider l’équipe, aider le coach. En ce moment, c’est Zahir, c’est le mieux placé dans le groupe pour effectuer ce rôle. Donc je n’ai aucun problème avec ça. Cela fait même plaisir de pouvoir jouer avec Zahir en tant que capitaine.
Cela ne change pas ta façon d’être par rapport au groupe ?
Non, j’ai une personnalité sur le terrain, elle ne change pas. Être capitaine, ce n’est pas un poste à part, ce n’est pas comme être défenseur, milieu ou attaquant. C’est un plus que l’on a sur les épaules. Je reste le même homme sur le terrain. J’aime donner de la voix, ce n’est pas parce que je n’ai pas ce rôle de capitaine que je m’empêche de le faire.
Du point de vue de l’équipe, le groupe a été étoffé cet été, cela peut être utile dans le cas d’une telle reprise où il y aura peut-être des doutes sur le niveau physique de certains ?
Ah, oui, pour moi, c’est hyper important. C’est vrai que les coachs ont fait un gros boulot de ce côté-là. Ça fait du bien de pouvoir s’appuyer sur un groupe plus complet, de savoir que quand on est cuit, il y a quelqu’un qui va nous remplacer et que ça ne pénalisera pas l’équipe. Et en plus, ça apporte une concurrence très saine au sein du groupe où tout le monde donne le meilleur pour avoir sa place. C’est un plaisir de pouvoir travailler avec un groupe plus étoffé.
Du point de vue physique, cette reprise avancée par rapport à celle des compétitions peut être bénéfique ?
Le point positif de pouvoir reprendre maintenant, c’est de pouvoir se préparer correctement
Oui, c’est vrai que même en reprenant en juillet, les jambes étaient très lourdes au début du championnat, on avait du mal à tenir les matchs. Donc là on va pouvoir faire un vrai travail de fond pour monter en puissance et être vraiment prêts à terminer la saison quand ça va reprendre. Pour moi, le point positif de pouvoir reprendre maintenant, c’est de pouvoir se préparer correctement. Je sais qu’ils parlaient, au début, de reprendre début janvier pour un championnat qui reprendrait fin janvier, c’est beaucoup trop court pour se préparer, on aurait été cramés rapidement, je pense.
Il n’y a pas de craintes, par contre, que la rapidité de la reprise participe également à une reprise de l’épidémie et repousse de ce fait le reprise des compétitions ?
Les protocoles sanitaires sont faits pour que tout cela soit évité. Pour moi, il n’y a aucune différence avec le moment où l’on a commencé le championnat. Cette crainte n’était pas présente il y a 4 mois donc pour moi, il n’y a pas à craindre plus que ça. Du moment qu’on fait attention, qu’on respecte les gestes barrières, le port du masque, qu’on ne s’entasse pas dans les vestiaires, il n’y a pas à craindre.
Morgan Chaumier
Crédit photos : Leandre Leber – Gazettesports