Perfectionniste, l’entraîneur de l’Amiens Porto ne (re)trouve pas actuellement en son équipe l’adrénaline escomptée. Il s’en explique, sans concession…
Gazettesports : Souverain à Bois-Bernard la semaine passée (3-7), l’Amiens Porto poursuit l’aventure « Coupe de France » mais ce succès ne semble avoir suscité un énorme enthousiasme de votre part…
Dominique Chevalier : « Attention, les apparences se révèlent être parfois trompeuses ! Cette qualification me fait très plaisir d’autant que le doute n’a jamais été véritablement permis durant ce duel. Ce qui me chagrine, c’est la manière dont cette victoire a été orchestrée. Au risque de radoter, je continue néanmoins à clamer, haut et fort s’il le faut d’ailleurs, que ce groupe est de qualité. Malheureusement, c’est un peu « l’Arlésienne » qu’il présente une fois sur le rectangle vert. Un double visage qui suscite en moi de la frustration… »
Gazettesports : Cette sensation, ce sentiment vous anime depuis quelques temps déjà…
Dominique Chevalier : « Effectivement. Je considère cette équipe, dont la responsabilité m’a été confiée voici plus d’un an, en deçà de ces réelles capacités. Et elle tarde, à mon goût, à se métamorphoser. Toutefois, je précise : je n’ai pas posé mes bagages à l’Amiens Porto, sur les sollicitations d’Hacène Kichou d’ailleurs, dans le but de tout révolutionner. Mon ambition est de partager une expérience acquise. Je ne souhaite en aucun cas « dénaturer » le groupe. Je recherche juste à lui imposer une rigueur, un cadre qui pourrait, devrait la faire encore progresser. Ce qui peut-être lui faisait défaut précédemment »
Je n’ai pas posé mes bagages à l’Amiens Porto, sur les sollicitations d’Hacène Kichou d’ailleurs, dans le but de tout révolutionner.
Gazettesports : Une réorganisation qui se révèlerait plus lente qu’escomptée ?
Dominique Chevalier : « Telle est la question… En cette période de remise en cause (quasi) permanente, serais-je un peu trop exigeant ? J’admets m’interroger sur mon comportement et parfois même sur mon avenir sur ce banc. Je ne suis pourtant pas d’un naturel à « baisser les bras », mais ai-je le discours adéquat, approprié ? »
Gazettesports : Certes, le début de championnat se révèle calamiteux mais en croisant le chemin de Calais Grand Pascal (0-9), Hénin-Beaumont (9-0) puis l’Amiens SC (1-4), trois prétendants à l’accession, la tâche réservée aux demoiselles était compliquée…
Dominique Chevalier : « Ce ne sont pas ces corrections qui m’interpellent, c’est plutôt l’attitude qui m’exaspère. Cette équipe éprouve les pires difficultés à mettre en application les exercices élaborés lors de séances d’entraînements particulièrement appréciées d’ailleurs. Comme si les filles ne parvenaient à faire le pas entre théorie et pratique. Comme si elles se retrouvaient les deux pieds dans le même sabot. De surcroît, trop souvent et sans raison d’ailleurs tétanisées par l’enjeu, elles apparaissent dans l’incapacité d’élaborer une phase de jeu digne de ce nom. Où plutôt de ce que je considère l’être… »
Gazettesports : Il n’y a cependant aucun désaveu de la part de votre groupe semble-t-il…
Dominique Chevalier : « Oui, tel un paradoxe. En témoigne le dynamisme affiché la semaine puis l’agacement de certaines lors de passes ratés ou de scénarios catastrophes. Cet effectif, remanié durant l’intersaison, est impliqué j’en demeure convaincu. Maintenant, s’il avait été raisonnable de lui accorder du temps, au cours d’un précédent exercice où notre maintien relève d’ailleurs d’un miracle, il serait souhaitable désormais d’aller de l’avant. »
Gazettesports : Des mots qui traduisent d’une réelle impatience ?
Dominique Chevalier : « Le suis-je peut-être ? Certainement je pense (rire). Mais je dois admettre que le plaisir me fait défaut actuellement sur le banc. Malheureusement. Il n’est pas dans mes habitudes de me morfondre mais… »
Gazettesports : Des propos qui laisseraient penser…
Dominique Chevalier : « A une volonté de prendre du recul ? Cela n’est pas exclu, bien que je bénéficie toujours de la confiance de notre président Abilio De Sousa Carneiro. D’un naturel optimiste, je souhaite croire cependant en des jours meilleurs. En la métamorphose d’un groupe qui vaut beaucoup mieux que ce qu’il produit ces derniers mois »
Gazettesports : L’élaboration du calendrier de R1 et désormais le tirage de la Coupe de France ne vous sont, de plus, guère favorables.
Dominique Chevalier : « Si vous faites référence à ce 4e tour de Coupe qui nous conduit à Bousbecque, je ne peux répondre que par l’affirmative. Cependant, ces rendez-vous doivent nous permettre de progresser, de gagner en maturité. A condition que les unes et les autres puissent en tirer les enseignements. Humblement, j’essaie de les mettre en confiance. Malheureusement, je ne peux me substituer à elles sur l’aire de jeu. »
Gazettesports : Votre avenir sur le banc de l’Amiens Porto n’est toutefois pas en pointillé ?
Dominique Chevalier : « J’apprécierais qu’il puisse être rectiligne ou telle une courbe en phase ascendante. Sans mauvais jeu de mots, je demeure pour l’heure au point mort quant à celui-ci. Les prochaines échéances apporteront une réponse. Mais comme précisé, je manque parfois de patience, hélas. Manager une équipe c’est lui insuffler un enthousiasme, une envie de « déplacer des montagnes » ensemble. Si je ne trouve pas ou plus les mots, pourquoi s’acharner ? »
Propos recueillis par Fabrice Biniek
Crédit photos : Illustrations Gazettesports