Fraîchement nommé capitaine du collectif amiénois, Roman Scattolari a le handball dans la peau depuis plus de vingt ans déjà. Rencontre avec un joueur à la fois passionné et passionnant.
Bonjour Roman, tout d’abord, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Roman Scattolari, j’ai 26 ans et à l’heure actuelle je suis handballeur professionnel au sein de l’Amiens PH. À côté de ça j’ai des missions en tant qu’entraîneur sportif : je suis intervenant à la Ligue des Hauts-de-France pour travailler avec les Pôles d’accession masculin et féminin basés sur Amiens.
En dehors de ça j’aime le sport en général, les grands événements mais aussi les courses hippiques. Étant originaire du Calvados, là-bas le sport hippique est très développé et donc on va dire que je suis ça de près aussi.
Qu’en est-il de ton parcours dans le handball ?
J’ai commencé vraiment très tôt, à l’âge de cinq ans où je jouais à Colombelles, dans le Calvados. C’est le club qui m’a donné goût au handball, on était une bande de copains qui jouait avant tout pour le plaisir. L’esprit de compétition est apparu au fur et à mesure : on y prend vite goût aussi et on a envie de s’améliorer pour aller toujours plus haut. J’ai ensuite passé quatre ans au pôle espoirs d’Évreux avant d’intégrer le centre de formation de Dunkerque où je suis resté trois saisons en faisant quelques apparitions avec les pros. Après ça, j’ai joué un an à Caen, puis à Gonfreville et maintenant c’est ma quatrième saison à Amiens.
Je n’ai fait qu’une seule infidélité au handball avec la natation parce que c’est un sport où il faut beaucoup travailler. J’ai pratiqué pendant deux ans et puis il y a un moment où il a fallu faire un choix et le handball a repris le dessus.
Qu’est-ce qui t’a amené à venir signer à Amiens ?
Depuis déjà deux ans j’avais des contacts avec Amiens, notamment avec l’ancien coach Tarik Hayatoune qui avait essayé de me faire venir en sortant du centre de formation. J’étais resté en contact avec le club et à chaque fois que je venais jouer ici, on va dire que je prenais un peu la température. J’ai eu de très bonnes sensations avec le groupe, notamment avec des personnes comme Julien Richard ou Clément Bonin. Les choses se sont faites naturellement, j’avais besoin d’un nouveau projet alors on est entrés en discussion avec le club d’Amiens et le feeling est tout de suite bien passé. Je ne regrette pas du tout ce choix même si j’aimerais que le club puisse être encore plus ambitieux et aspire à jouer en D2 un jour. Malheureusement il y a des réalités économiques indépendantes de la volonté des joueurs.
Les départs de Julien et Clément sont donc synonyme d’une page qui se tourne pour toi ?
Oui, on va dire que c’est un nouveau cycle, après on sait très bien que dans le sport personne n’est éternel et qu’à un moment donné il va forcément falloir changer de route ou tout simplement arrêter. On a la chance que Julien soit resté dans notre groupe alors on reste proches. Concernant Clément on peut dire que c’est vraiment une perte en tant que joueur mais aussi en tant qu’homme, handballistiquement il avait une vraie expérience et du vécu au haut niveau. Maintenant c’est à nous de passer à autre chose et de continuer à avancer, ça ne doit pas être une fin en soi.
C’est à notre tour d’être conscients que c’est grâce aux anciens qui étaient là avant si l’APH en est à ce niveau. Ce qu’ils ont fait pendant quelques saisons est vraiment super, maintenant c’est à nous de prendre le flambeau, de montrer de quoi on est capables. C’est toujours excitant d’avoir de nouveaux projets et de nouvelles ambitions, mais aujourd’hui on a aussi plus de responsabilités avec des joueurs comme Clément Devaux ou Thomas Zirn. Et c’est aussi ce qu’on recherchait, avoir des responsabilités pour faire monter la pression parce que ça nous rend meilleurs.
Quel est ton ressenti quant à l’intégration des jeunes de plus en plus courante dans le haut niveau ?
Je trouve ça vraiment positif parce qu’ils ont le vécu du haut niveau, la N1 Élite est un niveau un peu intermédiaire : on a un fonctionnement d’amateurs mais dans notre poule il y a aussi des équipes professionnelles et ce n’est pas évident à gérer. Donc quand on va chercher des joueurs qui ont ce vécu au pôle ou au centre de formation comme Léo et Axel, ils sont tout de suite dans le moule et ils répondent présents. Je pense que la rigueur et l’exigence sont mères du succès : plus on va être exigeants et rigoureux et plus les résultats seront positifs. C’est vers ce type de recrutement qu’il faut se tourner selon moi.
Même si c’est une nouvelle page, on a parfaitement notre place en N1 Élite.
Roman Scattolari
En termes de cohérence entre l’effectif et ses objectifs, dirais-tu que le maintien est pertinent pour cette saison ?
Oui bien sûr ! L’équipe est quand même en reconstruction dans un nouveau cycle alors il ne faut pas se précipiter et prendre les matchs les uns après les autres. Peut-être qu’en décembre Julien et Yuriy nous annonceront un nouvel objectif, mais pour l’instant il faut vraiment se concentrer sur chaque match en se disant que l’on peut tous les gagner, ça dépend simplement de nous. Quand on voit un match comme celui de Rennes, la façon dont on l’a préparé et abordé puis ce qu’on en a fait, c’est vraiment positif. Il faut que ça nous donne confiance pour justement nous dire que même si c’est une nouvelle page, on a parfaitement notre place en N1 Élite.
Personnellement, quels sont tes objectifs pour la saison ?
On peut dire que mes objectifs personnels sont liés à ceux du club : je pense que j’aurai rempli ma mission si le maintien est validé et si on fait une saison correcte en finissant dans le milieu de tableau comme l’année dernière. Je pense que notre place est vraiment dans cette partie du tableau, il y a des équipes qui sont mieux armées et avec un budget plus conséquent donc ça va être difficile de les chatouiller sur tout le long de la saison mais finir 5 ou 6èmes, pourquoi pas même 4 ou 3èmes !
Cette saison tu as été nommé capitaine du groupe, quel est ton ressenti par rapport à ce rôle ?
L’année dernière, j’essayais déjà de prendre de plus en plus de responsabilités et ça s’est aussi fait naturellement. On a eu une discussion avec les deux coach ainsi que Thomas et Clément, ils nous ont demandé notre ressenti par rapport à ça et qui on voyait en tant que capitaine. Ça s’est décidé en commun et c’est ce qui est encore mieux ! J’accepte ce rôle et je trouve que ça va me permettre aussi de me concentrer sur ma performance individuelle puisqu’on doit être un exemple et tirer l’équipe vers le haut. C’est tout positif pour moi !
Quel serait ton poste de prédilection sur le terrain et pourquoi ?
Mon poste c’est vraiment le demi-centre. C’est un poste où il faut toujours savoir faire briller les autres mais aussi toujours garder un équilibre pour être dangereux et profiter d’une porte qui s’ouvre pour soi. C’est un équilibre qui parfois n’est pas facile à avoir puisqu’on est altruistes et on aimerait bien que les joueurs autour de nous brillent, mais pour cela il faut se rendre dangereux et savoir prendre des initiatives. J’ai toujours joué demi parce que c’est un poste que j’affectionne et qui me correspond bien par rapport à mon état d’esprit.
Au contraire, sur quel poste ne pourrais-tu jamais évoluer et pourquoi ?
Je pense qu’un poste sur les extérieurs c’est difficile parce qu’on touche peu la balle et on est évalués sur notre réussite au shoot. Parfois on va avoir deux ou trois ballons et il faut être à 80% de réussite donc je trouve que c’est un poste pas évident à gérer. Mais le poste pour lequel je donnerais cher pour ne jamais y aller c’est gardien de but, il faut vraiment être courageux et avoir confiance en sa défense pour se mettre entre la balle et le but.
C’est en se confrontant aux meilleurs joueurs que l’on devient meilleur
Roman Scattolari
Quels seraient tes meilleurs souvenirs au sein de l’APH et dans ta carrière en général ?
Ça serait surtout sur le plan humain où l’on a vraiment vécu de bons moments, on se sent bien lors des matchs au Coliseum comme par exemple il y a deux ans quand on avait accueilli le PSG sur un match couperet pour accéder aux play-offs : le Coliseum était plein, on sentait qu’il y avait de l’effervescence tout autour du club.
Je garde aussi un excellent souvenir des deux matchs de Grenoble de l’année dernière : le match aller reste encore aujourd’hui un de nos matchs références et le match retour est le dernier que l’on a joué avant le confinement alors même si on l’a un peu gagné « à l’arrache, » ça prouve bien que dans le sport et dans la vie en général il ne faut jamais rien lâcher et toujours y croire.
Après sur le plan général j’ai de très bons souvenirs en équipes de France cadets, jeunes et juniors avec un championnat d’Europe où on se frotte aux meilleurs joueurs d’autres pays : c’est en se confrontant aux meilleurs joueurs que l’on devient meilleur. C’est encore plus intéressant et instructif, on découvre les cultures des pays scandinaves ou d’Europe de l’Est.
Une rencontre dans le handball qui t’a marqué ?
Je dirais Clément Devaux, qui en plus d’être un coéquipier est aussi mon meilleur pote dans la vie de tous les jours. Dans la vie comme dans le handball c’est une rencontre importante puisqu’on s’est rencontrés au Pôle d’Evreux, on s’est côtoyés dès l’âge de 15 ans et le fait de garder un ami autant de temps ça prouve qu’il y a des liens forts qui nous unissent et qu’on est sur la même longueur d’ondes.
Au handball on fait énormément de rencontres et beaucoup sont positives, mais même sur les « mauvaises rencontres » ou les coaches avec lesquels on ne s’est pas très bien entendus, il faut toujours relativiser et comprendre pourquoi ça ne s’est pas bien passé pour essayer d’avancer.
Quel est le geste ou l’action que tu affectionnes le plus sur un terrain ?
Le handball est un sport de confrontation et la différence se fait sur les uns contre un. Donc je pense qu’un bon un contre un, réussir à passer son vis à vis c’est ce qu’il y a de plus jouissif et ça veut dire que « c’est moi le meilleur. » Même si c’est un sport collectif, lorsqu’on est en face d’un joueur, que ce soit en attaque ou en défense, et qu’on arrive à prendre le dessus c’est ce qu’il y a de plus beau.
Comment définirais-tu votre groupe en trois mots cette saison ?
Je pense qu’on est une bande de potes prêts à aller à la guerre ! L’aspect déconne et rigolade est aussi très important dans un groupe et j’ai l’impression qu’on a aussi cet aspect de « tueurs. » Quand on voit le match contre Rennes où on avait un peu la pression du début de saison après une longue période sans jouer, la façon dont on l’a abordé on savait qu’on ne le perdrait pas. Cet état d’esprit de combattants c’est vraiment ce qui nous caractérise et ce vers quoi on doit aller pour gagner des matchs.
Je te laisse le mot de la fin…
On a été contents que les supporters répondent présents pour le premier match aux 4 Chênes alors maintenant on prend rendez-vous pour le premier match au Coliseum contre le PSG début octobre. On espère que tous les supporters seront derrière nous parce qu’on en aura besoin cette année ! En tant que joueurs on fera tout pour atteindre nos objectifs grâce justement au soutien des supporters mais aussi des partenaires qui sont super importants dans la réussite du projet.
Propos recueillis par Océane Kronek
Crédits photos : C. Sombret / K. Devigne / R. Valleron – Gazettesports.fr