Fraîchement nommé capitaine des Gothiques, Jérémie Romand se livre sans concession sur ce nouveau rôle, qu’il appréhende sans aucune pression, lui qui était déjà l’un des leaders du vestiaire amiénois…
Pour commencer, comment s’est passée cette nomination au « poste » de capitaine ?
J’ai rencontré Anthony un peu avant le début de saison, lors des premiers entraînements, à un moment où il se demandait ce qu’il allait faire. Il m’a demandé si ça me tentait d’être capitaine. Moi je lui ai dit que ce serait avec grand plaisir, que je n’aurai aucun problème avec ça et que ça ne me mettrait aucune pression. Il a donc pris la décision de me le donner, donc je suis très content.
On imagine qu’il y a de la fierté d’être capitaine d’une telle équipe ?
Oui, exactement, une grande fierté. Les Gothiques ont une sacrée histoire, c’est un grand club, et ces dernières années ça a gagné des titres, donc c’est sûr que c’est quelque chose de fort. Pour un hockeyeur et pour n’importe quel sportif, être capitaine de son équipe, c’est très flatteur, donc je suis très content d’être le nouveau capitaine des Gothiques.
Pour un hockeyeur et pour n’importe quel sportif, être capitaine de son équipe, c’est très flatteur, donc je suis très content d’être le nouveau capitaine des Gothiques
Qu’est-ce que ça change pour toi concrètement ?
En soi, ce que je disais à Anthony, c’est que ça ne change pas grand chose. Sur la glace ce n’est pas quelque chose de lourd, c’est une petite lettre sur un maillot, ça ne changera pas ma façon de jouer. Le seul truc que je vois, c’est que ça peut être positif pour moi, par rapport à l’attitude que je pouvais avoir sur la glace, à être un peu trop expressif, parfois dans le mauvais sens du terme. Parfois cela pouvait me causer un peu de tort et m’énerver un peu. Là, ça ne peut que me canaliser. Le capitaine doit montrer un peu plus l’exemple, donc c’est un point sur lequel il faudra que je me concentre et sur lequel il faudra que je travaille, garder mon énergie pour être tout le temps positif et montrer au maximum l’exemple envers l’équipe.
Il s’agit aussi d’être un relais avec Anthony et Élie et le vestiaire, et à l’inverse être un relais avec le vestiaire vers Anthony et Élie. Pour moi ça ne doit pas changer le style de jeu ou la façon de jouer d’un joueur, donc dans ma tête je me dis que ça ne changera rien. Mais je ne me suis mis aucune pression quand il m’a annoncé que je serais capitaine, au contraire je suis vraiment content.
D’autant que tu avais déjà un rôle de cadre au sein du vestiaire…
Bien sûr. C’est ce que j’ai dit à Anthony, capitaine ou pas capitaine, ça ne m’empêcherait pas dire ce que je pense aux gars dans le vestiaire entre les tiers, entre les matchs ou entre les entraînements. Je l’ai toujours fait depuis quelques années, je suis comme ça, j’aime bien parler, j’aime bien encourager et j’aime bien gueuler quand il faut gueuler.
Comment juges-tu votre préparation jusqu’à présent ?
Je pense que ça travaille vraiment bien aux entraînements. Tas’ (ndlr : Anthony Mortas) a réussi à garder le côté travail de Mario, en ajoutant sa patte. Mais je trouve que ça travaille encore très fort cette année. Avec le Covid on a eu un début de préparation très compliqué, on l’a vu au premier match où l’on n’était vraiment pas en place et ça ne jouait pas de la bonne manière. On a eu, après ça, une grosse semaine vraiment intense à l’entraînement et je pense que ça a bien payé au tournoi de Cergy contre Rouen et Dunkerque. On a vraiment vu que l’on allait ressembler très fortement au genre d’équipe que l’on était ces dernières années. Avec des joueurs qui vont travailler fort, qui vont mouiller le maillot, et qui ne lâcheront pas.
On a vraiment vu que l’on allait ressembler très fortement au genre d’équipe que l’on était ces dernières années
Pouvez-vous donc vous fixer le même genre d’objectifs que les saisons précédentes ?
Moi je pense que, comme Mario (ndlr : Richer) le disait bien, l’objectif principal c’est de faire les play-offs. Quand tu fais du hockey, ou n’importe quel sport où il y a des play-offs, le premier objectif qu’il faut se fixer c’est de rentrer dans les play-offs. Car à partir de là, c’est une nouvelle saison qui démarre. Je pense qu’il ne faut pas que l’on se mette la pression en se disant : « Ça fait trois ans que l’on est dans le Top 4, il faut absolument que l’on soit dans le Top 4. » Ça n’a pas été un été comme les autres, ça risque de ne pas être une saison comme les autres, donc c’est compliqué de se fixer un objectif et se mettre de la pression pour pas grand chose. Je pense que pour l’instant, en début de saison, il faut se fixer l’objectif de faire les play-offs. Et comme le disait si bien Mario les saisons précédentes, au fur et à mesure de la saison, on pourra peut-être relever les objectifs suivant la manière dont ça fonctionne.
On sent, à travers tes propos et ceux d’Anthony Mortas récemment, une réelle volonté de s’installer dans la lignée de ce qui a été fait avec Mario Richer…
On ne va pas se mentir, le duo Richer-Mortas a quand même remis Amiens sur le devant de la scène en Magnus. Il ne faut pas, parce qu’il est parti (ndlr : Mario Richer), casser tout ce qu’ils ont construit. Et je pense que c’est ce que Tas fait très bien, il garde ce qu’il trouvait très bien et il essaye de modifier ce qu’il aimait peut-être un peu moins. Mais on reste, de toute façon, le style d’équipe que l’on avait avec Mario. Il n’y a pas l’argent que certains clubs ont pour aller chercher des joueurs incroyables, donc il faut bien que l’on soit une équipe qui travaille. On ne sera pas une équipe super talentueuse qui pourra fait la différence avec un ou deux joueurs, on n’a pas ça dans l’équipe. Ce ne sera qu’en équipe que l’on pourra se sortir d’impasses. Donc encore une fois, ce sera le même genre d’équipe que l’on a depuis 3 années que je suis à Amiens. C’est vraiment par le travail et pas par le talent individuel que l’on est arrivés là, ça c’est sûr.
Comment as-tu vécu l’annulation de la Continental Cup ?
C’est sûr que ça fait mal. On s’est battu pour aller chercher une deuxième coupe de France pour se donner une chance de faire mieux en coupe d’Europe et là on nous annonce que c’est annulé assez prématurément dans la saison… En plus, tous les gars étaient vraiment motivés pour faire quelque chose. On devait la recevoir, ça devait être une belle fête pour les Gothiques. Donc ça fait mal car c’est une coupe en moins, un challenge en moins pour l’équipe, c’est sûr que ce n’est pas cool. Après on se dit entre nous qu’il va falloir aller chercher une troisième coupe de France d’affilée pour pouvoir se donner une chance l’année prochaine de recommencer en coupe d’Europe.
Les coachs et les joueurs ont souvent l’habitude de dire que la coupe c’est pour les joueurs et c’est vrai que moi j’aime particulièrement cette coupe. C’est vrai que de jouer à Bercy c’est incroyable, on l’a vu les deux dernières saisons avec les supporters qui ont fait le déplacement, ce sont des ambiances que tu n’oublies pas et quand tu gagnes c’est juste incroyable. Donc c’est sûr que ce sera un objectif dans la tête de pas mal de gars, de reproduire cette performance.
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédit photo Leandre Leber / Kevin Devigne Gazettesports.fr