Les vacances scolaires bien installées, c’est l’occasion pour plusieurs jeunes sportifs de se remettre en forme avec une préparation physique. Durant six semaines, des groupes d’adolescents vont se retrouver au parc du Grand Marais afin de se remettre en condition du mieux possible, sous la houlette de Youssef Bouchoucha, préparateur physique chez XL Coach.
L’heure de la reprise a d’ores et déjà sonné pour la trentaine de jeunes, âgés de 13 à 17 ans, présente au Grand Marais depuis ce lundi. Mis en place sous forme de stages estivaux, les séances se tiennent deux fois par jour à raison de deux heures par séance. Au programme : réathlétisation bien entendu, mais aussi découverte de l’hygiène du sportif et du fonctionnement du corps humain.
En contrat depuis trois ans avec le HCAS des Gothiques d’Amiens, la structure privée XL Coach gère la préparation physique des jeunes du centre de formation. Ainsi, chaque été des stages sont organisés avec pour but de « leur apprendre ce qu’est une véritable préparation physique qui prend normalement entre 30 et 50 séances. » Lors de cette préparation, Youssef Bouchoucha met l’accent sur tout ce qui ne peut pas être fait pendant la période de reprise du championnat : « les fonciers, la puissance, la vitesse, la réathlétisation, la motricité, l’agilité, la réflexion, l’analyse… on ne peut pas s’engager dans un championnat, surtout à haut niveau, si on n’est pas prêts physiquement » affirme-t-il. Car généralement, le manque de préparation physique va avec l’absence de la connaissance de soi et de son corps, ce qui empêche de savoir jusqu’à quel niveau le sportif peut évoluer.
On demande aux sportifs d’apprendre à connaître leur corps, à le gérer, avant d’aller sur un terrain.
Le coach sportif présente alors l’opposition entre le modèle américain et le modèle français : « Dans la culture outre-Atlantique, on demande aux sportifs d’apprendre à connaître leur corps, à le gérer, avant d’aller sur un terrain. En France c’est l’inverse : les entraînements vont pour la plupart reprendre en août, les sportifs vont directement jouer au ballon ou aller nager, sans véritable préparation. De plus, dans le contexte actuel, on se retrouve avec environ cinq mois d’inactivité, ce qui est énorme pour des jeunes hockeyeurs par exemple qui jouent deux fois par semaine avec un entraînement quotidien. Sans préparation physique pour eux, on va droit à la blessure ou même à la rupture mentale liée à la fatigue. »
Des rôles bien définis
L’importance de ces séances est donc principalement liée à la connaissance du fonctionnement de son corps et c’est pourquoi la structure met en place des meetings lors desquels les jeunes revisitent le corps humain, « aujourd’hui par exemple on leur a parlé du système nerveux et musculaire, hier c’était la nutrition… On leur explique le sommeil, à quoi sert la récupération : l’hygiène du sportif. » Les stages servent ainsi à informer et renseigner les jeunes. Youssef nous dévoilait alors la façon dont il explique le fonctionnement de la préparation physique avec l’exemple de la Formule 1 : « il suffit de regarder le nombre de personnes présentes autour du pilote lors de son passage au stand pour comprendre l’importance de chaque technicien dans son rôle, et c’est la même chose pour une préparation ! Ici par exemple on a Valentin qui travaille sur la réathlétisation, et Thomas qui est axé sur la puissance. Même si on a des notions sur chaque domaine, chaque expert a sa spécialité. »
La jeunesse des adolescents présents lors de ces stages est un atout supplémentaire puisque ceux-ci sont encore en pleine croissance. Il est alors primordial qu’ils comprennent l’intérêt et le fonctionnement d’une préparation, « on ne fait pas de sport ici, on fait de la préparation » : dans le sport on retrouve la pratique sportive et la préparation physique générale (PPG), mais on oublie souvent la préparation physique athlétique (PPA). Celle-ci permet aux joueurs de football américain de venir se mêler aux hockeyeurs lors de la PPA qui est axée sur la résistance et la puissance, deux valeurs élémentaires de chacune des disciplines.
« Produire de bons athlètes capables de durer dans le temps »
Si la plupart des jeunes inscrits ont pour objectif de devenir pro, les préparateurs sont là pour leur expliquer le protocole de professionnalisation mais surtout la différence entre le haut niveau et le très haut niveau : « pour le premier on peut s’entraîner comme on le sent, mais pour le second on n’a pas le droit à l’erreur. » Le très haut niveau reste hors d’atteinte sans cette connaissance de soi et une fois de plus, Youssef nous démontre les bénéfices de la méthode utilisée outre-Atlantique puisqu’aux États-Unis « on préfère prendre un athlète qui est moins performant sur le terrain mais plus physique et capable de jouer 90 minutes, plutôt qu’un athlète très doué qui ne peut jouer que 20 minutes. »
La technique est plus facile à apprendre que le physique à prendre.
Cette méthode se base sur le principe que « la technique est plus facile à apprendre que le physique à prendre ; construire un corps d’athlète demande du temps et c’est très compliqué, tout comme un horloger prend du temps à fabriquer son bijou. » Ainsi, il ne suffit pas de montrer un bon joueur pour faire du one-shoot, il faut pouvoir produire de bons athlètes capables de durer dans le temps : « on ne montre pas ce que l’on fait, mais une fois que le sportif est prêt, il brille et il perdure. »
La production d’un athlète compétent s’apparente alors à de la mécanique qui doit débuter dès le plus jeune âge du sportif comme le font les stages estivaux mis en place entre XL Coach et le HCAS.
L’objectif serait donc par la suite de pouvoir donner la chance aux gens de comprendre ce qu’est réellement une préparation physique et lui donner un véritable sens. De cette façon, il serait envisageable de monter plusieurs camps comme celui actuellement en place au Grand Marais afin de toucher d’autres disciplines telles que le basket ou le handball.
Océane Kronek
Crédits photos : Coralie Sombret – Gazettesports.fr