HISTOIRE : Quand le RC Amiénois football développait une certaine idée du sport

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Nous sommes à la fin des années 70 et dans le monde du football picard, l’argent commence à produire ses effets. Des clubs sont plus riches que d’autres. A Amiens, un club se refuse à entrer dans le système.

Les joueurs qui portent le maillot du RC Amiénois ne touchent absolument aucune prime. Le miracle va se produire au terme de la saison 1977-78. Le RC Amiénois accède en effet à la Division d’honneur de la Ligue de Picardie. Dans notre article de l’époque, nous écrivions alors, après avoir assisté à l’assemblée générale du club : « La réussite du RC Amiénois gène et irrite. Le RCA est vraiment un club différent« . Pour bien s’imprégner de l’état d’esprit qui régnait au sein de ce club dont les installations étaient situées au stade Charassain, il faut se souvenir qu’il avait été créé vingt ans auparavant par un Abbé et des jeunes du quartier.

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Les joueurs qui rejoignaient le RCA ne touchaient aucune prime

Parmi ces jeunes, il y avait André Balet. Ce dernier nous a quitté voici quelques années mais il est incontestablement celui dont le nom restera associé à tout jamais avec le RCA. « Au RCA on ne fait rien comme ailleurs, avions nous encore écrit. Ainsi, on s’est longtemps demandé pourquoi les joueurs portaient des maillots avec dans le dos des numéros fantaisistes. Tout simplement parce que le maillot était la propriété du joueur et non du club. » Evidemment, avec l’accession en DH, cette règle a été quelque peu assouplie mais l’esprit n’a jamais changé. N’empêche que les joueurs qui venaient rejoindre le RCA ne touchaient absolument aucune prime. Nous avons le souvenir de Jean Louis Bayard un bon attaquant qui, quelques saisons auparavant, avait porté le maillot de l’ASC et gagné un peu d’argent. Bayard fut absolument conquis par cet état d’esprit  unique en son genre et qui n’a jamais connu de vrai successeur.

Il faut aussi se souvenir que le président de la section football du RCA était .. Christian Manable. Mais oui. Christian Manable a fait ses premières armes dans le monde du sport avant de devenir président du conseil départemental et aujourd’hui sénateur. Christian Manable avait déclaré : « Cette image de marque, cette réussite gênent les autres parce que nous réussissons sans moyens. Notre réussite est due à la pratique de l’amateurisme complet et notre recrutement est pur« . A ses côtés, André Balet l’entraîneur affirmait  » l’esprit du club c’est que tout le monde participe. C’est un symbole« . Au delà du club, il était aussi précisé que l’éducation de l’enfant était importante et André Balet affirmait qu’il y tenait autant qu’à l’esprit amateur.

Un club rétro aux succès moderne, dont l’état d’esprit n’a duré qu’une saison

A la fin de cette saison, le RCA comptait plus de 250 licenciés. C’est que le club ne voulait laisser sur le chemin le licencié quel que soit son niveau. Tout le monde jouait et l’Abbé Carpentier, fondateur du club et présent à cette assemblée générale affirmait : « Ceux qui regardent le club du dehors sont surpris. Nos méthodes de travail finissent par donner aux autres une mauvaise conscience. Notre club est rétro mais il a des succès modernes qui procurent des grincements de dents chez les autres« .

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En cette soirée de juin 1978, le RCA était tout simplement le troisième club du département derrière l’Amiens SC et le SC Abbeville. Malheureusement, ce fameux état d’esprit, propre au RCA, ne devait durer qu’une saison. Même si l’équipe devait se maintenir en Division d’Honneur, un an plus tard, le constat était dressé par Christian Manable qui devait énumérer trois raisons à ce changement d’attitude:  1. l’encadrement 2. l’esprit d’équipe 3. les moyens financiers.
« Nous avons été victimes de notre expansion et nous devons retrouver notre état d’esprit« .



Lionel Herbet

Crédit Photo : DR

Publié par Lionel Herbet

Journaliste historique du sport Picard et Amiénois. Lionel est la mémoire des plus grands exploits sportifs de la région.