C’est dans une atmosphère intimiste, « huit clos » oblige, que les trotteurs se donneront en spectacle samedi après-midi au Petit Saint Jean. En attendant mieux…
Soixante-treize journées qui ressembleraient (bien) à une… éternité ! Samedi, le Petit Saint-Jean (ré)ouvrira des portes restées closes depuis le 4 mars. Après que de la Caravane du Grand National du Trot, accompagnée entre autres de Clémence Botino, Miss France 2020, n’ait quitté les lieux. Sitôt une réunion dont le parfum demeurera « premium » mais aussi très particulier. Voire aigre-doux.
« A l’époque, il flottait comme un vent d’incertitude, d’anxiété. La pandémie du Covid 19 hantait déjà les têtes » se souvient Philippe Levasseur. Président d’une société de courses qui a su cependant s’acquitter de sa tâche. Brillamment. En fin de semaine, c’est un tout autre challenge qu’elle aura à cœur de surmonter.
Le retour des trotteurs en piste ne signifie en aucun cas que cette crise sanitaire aussi inattendue qu’imprévisible n’est plus qu’un mauvais souvenir !
« Certains d’entres nous auront la chance, que dis-je le privilège d’entendre le bruit des sabots » souligne l’intéressé, évoquant ainsi de façon (très) imagée l’organisation d’une « première réunion hippique amiénoise d’après confinement. » Un petit … pas vers la normalité ? « Le retour des trotteurs en piste ne signifie en aucun cas que cette crise sanitaire aussi inattendue qu’imprévisible n’est plus qu’un mauvais souvenir ! »
Sur ses gardes néanmoins, celui qui a pris soin… d’exprimer sa foi en l’avenir, d’une jolie plume lors d’une « Tribune Libre » adressée à nos confrères de Paris Turf, ose rappeler les enjeux de ce pari. De ce désir de retrouver cette « belle adrénaline », propre à ces confrontations qui se disputeront durant les prochaines semaines, en comité restreint cependant. Comprenez « à huis clos » et ce prix à s’acquitter pour espérer entrevoir le bout du tunnel.
« Surpris, incrédules, inquiets puis résignés, ainsi furent, tour à tour, nos sentiments récents depuis que le rideau ne soit tombé sur notre passion. Vécue du plus profond de notre enfance, par expérience ou hérédité. Alors, après le cauchemar de la peur ou de la privation, je viens de faire un rêve étrange et pénétrant. Et si au lendemain de ce catastrophique raz de marée qui s’est abattu sur le plus populaire des sports hippiques, si après ce bouleversement, les courses n’allaient pas renaître de leurs cendres. Comme à la belle époque… » Flanqués « pêle-mêle » sur papier, Philippe Levasseur affiche toutefois son optimisme. « Fort de ce vide et d’une mort (presque) annoncée, les propriétaires de chevaux que nous sommes, ne vont-ils pas redevenir les gentlemen désintéressés qui, pour l’honneur ou presque, faisaient courir les représentants face aux écuries voisines ? » ajoutait-il encore.
Tableau idyllique qu’il n’imagine cependant utopique et dont il apportera quelques touches samedi dès le milieu de l’après-midi. Avec un dynamisme qui se veut riche en couleurs. Un enthousiasme qu’il partage d’ailleurs avec cette « armée » de bénévoles, à ses côtés.
Tout a été mis en œuvre, grâce notamment à l’implication de notre régisseur Fabrice Fin, afin que les gestes barrières soient respectés. Celles et ceux qui font les courses à Amiens apparaissaient impatients de pouvoir œuvrer à nouveau.
Carole Savreux, directrice de l’hippodrome
« Avec spontanéité, les un(e)s et les autres ont répondu favorablement ! L’équipe en place sera moins dense qu’à l’accoutumée, mais animée cette même envie de bien faire qui la caractérise. » Une sensation que Carole Savreux, directrice du Petit Saint Jean, a également ressentie.
« Tout a été mis en œuvre, grâce notamment à l’implication de notre régisseur Fabrice Fin, afin que les gestes barrières soient respectés. Celles et ceux qui font les courses à Amiens apparaissaient impatients de pouvoir œuvrer à nouveau. » Intronisé référent Covid 19, Gérard Caron s’attachera à faire observer l’imposant cahier des charges, au pied de la lettre.
« La réussite sera collective et je n’ai aucun doute sur le dévouement de chacun ! » mentionnent haut et fort les artisans de ce minutieux ouvrage. Cette mise en scène qui se révèle être indispensable au retour (prochain) du public. Quoi de plus frustrant pour un acteur de se produire devant une salle clairsemée. Une situation à laquelle il convient de s’adapter avant que la clameur ne traduise ce retour – rapide et tant escompté – à la normale.
- Facebook. Conserver un lien a toujours été l’une des préoccupations de la Société des Courses d’Amiens. Et pour palier à cette atmosphère de « huis clos », les épreuves disputées samedi « seront intégralement et en direct diffusées sur la page facebook » indique Carole Savreux.
Fabrice Biniek
Crédit photos : Jean-Jacques Blond