La boxe française a ses origines à Amiens
Dans notre galerie des sportifs amiénois qui ont contribué à la renommée de la ville, nous avons évoqué la carrière de Virginie Lavoine qui fut la première Amiénoise à devenir championne du monde de boxe française, à la fin du siècle dernier. Aujourd’hui, nous allons évoquer la naissance de ce sport qui comporte beaucoup de similitudes avec la ville d’Amiens.
Dans le dernier numéro « Le médaillé de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif« , la première page est consacrée à la boxe française. Cette discipline n’est pas aujourd’hui discipline olympique, mais il faut quand même rappeler qu’elle a été un sport de démonstration aux Jeux de Paris en 1924 et qu’elle pourrait l’être également aux Jeux de 2024.
On apprend dans ce numéro que la BF, appelée alors savate et chausson, a fait son apparition dans le Midi. C’est une méthode de combat qui n’utilise que les pieds. C’était en 1800. Il faut attendre 1877 pour voir ce sport ayant des règles bien codifiées ,puis au début du siècle dernier pour voir la boxe française connaître un véritable essor.
Sait- on, par exemple, que le grand Georges Carpentier a débuté par la Boxe Française et plus loin dans le temps, Bouziane Oudji s’est illustré dans les deux disciplines.
Alors, pourquoi Amiens?
C’est qu’Amiens est la ville natale du comte Pierre Baruzy. Exactement, le 19 mai 1897. Il effectua ses études au Lycée d’Amiens et à l’époque Jules Verne était conseiller municipal à Amiens. Le jeune Baruzy quittait alors Amiens pour Paris, mais à 17 ans il s’engageait car la guerre venait de débuter.
Sur un plan purement sportif, très tôt il a fait la connaissance de celui qui est considéré comme le premier grand champion français de BF : Charlemont.
Nous retenons, ici, la seule carrière sportive de Baruzy, et notamment la BF, puisqu’il pratiqua des tas de disciplines. Sur un plan professionnel, il eut un comportement admirable et il a par exemple vécu la Libération de Paris en y frôlant la mort.
Entre les deux guerres, des clubs furent créés un peu partout en France, et notamment à Amiens. En 1924, Baruzy participait à la journée réservée à la BF lors des Jeux Olympiques de Paris. Cette réunion se déroula au Vélodrome d’Hiver. Toutefois, la BF étant en démonstration, Baruzy ne pourra jamais se targuer d’avoir officiellement participé aux J.O.
Baruzy revenait ensuite à Amiens, et en mars 1935, au cirque qui ne s’appelait pas encore Jules Verne, se déroulait un gala de boxe française, mais aussi d’escrime. A notre connaissance, c’est la première fois qu’un gala de boxe française a eu lieu à Amiens. A l’inverse, la boxe anglaise était déjà connue.
Le combat vedette opposa Pierre Baruzy à l’Amiénois Robert Claudel. Sur le ring, il y avait une énorme disproportion car Claudel était poids lourd et Baruzy poids moyen seulement. En dépit des douze kilos d’écart, Baruzy s’imposait aux points (3×3) en faisant preuve de technique et surtout de souplesse et de mobilité. Ce combat devait enthousiasmer le public du cirque d’Amiens.
Quelques années plus tard, le professeur PEUGNIEZ Directeur Honoraire de l’École de Médecine et de Pharmacie d’Amiens déclarait : « la boxe Français et la Danse sont les sports les mieux qualifiés pour réaliser le développement complet de la plastique humaine«
Après une longue traversée du désert, dû à la deuxième guerre mondiale, la boxe française allait renaître de ses cendres. En janvier 1965, était créé le Comité National de Boxe Française et parmi les personnalités convoquées figurait, évidemment, le comte Baruzy qui était considéré comme le vrai leader du mouvement.
On peut donc conclure que le comte Baruzy a vraiment lancé la boxe française à Amiens. Aujourd’hui, il serait sûrement fier de voir que dans notre ville ce sport brille de mille deux, et que des garçons comme Mohamed Oudji et consorts sont un peu ses fils spirituels.
Sur notre photo, qui date des années 60, le comte Baruzy avec le grand champion Georges Carpentier.
Lionel Herbet
Crédit photo : Droits Réservés