Quatre semaines après la mise en place des mesures de confinement par le gouvernement et plus d’un mois après la dernière journée de championnat, les instances du football tardent à prendre une décision.
Vous avez pu le suivre au fur et à mesure sur Gazettesports, les Fédérations des différents sports se disputant sous forme de championnat ont baissé pavillon pour cette saison, qu’il s’agisse du basket-ball, du handball, du volley-ball, du rugby, du badminton ou du hockey sur glace, entre autres. Et ce il y a déjà plusieurs semaines.
Mais un sport fait toujours figure de village gaulois résistant à une décision qui semble pourtant inéluctable. Un seul sport, pas tout à fait, il est vrai. La Fédération Française de Roller et Skateboard n’a pas encore statué sur cette fin de saison. Mais il existe plusieurs différences notables entre la FFRS et la FFF qui rendent l’absence de décision de cette dernière bien plus incompréhensible. D’une part, la FFF n’a pas à jongler entre huit disciplines aux calendriers très divers. D’autre part, si l’on compare avec le roller-hockey, nous avons chez ces derniers une fin de saison sous forme de play-offs qui, allégés, pourraient bien ne pas prendre beaucoup plus de 2 à 3 matchs quand la plupart des championnats de football réserve encore une dizaine de rencontres à disputer.
La FFF, ou l’art de l’indécision
Or, le coup de grâce de cette communication hésitante de l’instance dirigeante du football amateur a été son dernier communiqué, publié la semaine dernière, à l’issue d’une réunion du Comité Exécutif, qui aurait pu s’intituler « Reculer pour mieux sauter ». En ne prononçant toujours aucune décision définitive tout en n’envisageant pas de terminer les championnats après le 30 juin, la FFF n’a fait que démontrer son manque de détermination à prendre les décisions qui s’imposent. À ce moment, le confinement était annoncé jusqu’au 15 avril, ce qui, après un mois d’arrêt, obligeait à envisager une saison ne reprenant que courant mai. Soit un calendrier impossible pour terminer la saison dans le délai fixé. Pourtant, malgré cela, la FFF avait préféré, une nouvelle fois, ne pas statuer sur l’arrêt, désormais inéluctable des championnats.
Même alors qu’une dépêche AFP annonçait ce mercredi 8 avril que l’Elysée avait acté une nouvelle prolongation du confinement, la FFF ne bronchait toujours pas, alors que la fin prématurée des championnats est désormais inévitable. Pire, elle semble dans le déni. C’est ainsi qu’alors que le district du Loiret avait pris la décision, somme toute logique, de mettre un terme à ses compétitions de jeunes, l’instance nationale lui tapait sur les doigts comme l’expliquait cette semaine son président, Bernard Bourillon, à nos confrères de La République du Centre : « Je me suis fait remonter un peu les bretelles par la Fédération. Mais bon, tant pis, j’ai fait part de notre état d’esprit et celui de la base du football. »
D’autant que si l’argument financier est souvent mis en avant comme handicapant dans la perspective d’un arrêt des championnats, M. Bourillon avance qu’avec une décision comme la sienne, « si la situation sanitaire le permet et en fonction de la sortie de déconfinement, les clubs pourront alors organiser des petits tournois au mois de juin, ce qui pourrait remettre un peu de sous dans les caisses. » Un raisonnement qui n’aura pas eu raison de l’attentisme de la Fédération.
La reprise à tout prix pour la LFP
Mais dans le monde du football, les positions les plus difficilement compréhensibles ne sont pas encore celles du monde amateur. Si l’on comprend bien que les enjeux financiers ne sont pas les mêmes au niveau professionnel, avec notamment de nombreux emplois potentiellement en danger en cas d’effondrement massif du football français, voir nos confrères du Parisien relayer (sur la foi d’un procès-verbal que la LFP n’a pas publié sur son site internet…) une volonté de la Ligue de se voir octroyer une dérogation pour la reprise des entraînements en plein confinement apparaît particulièrement choquant. Une volonté qui, bien que balayée d’un revers de main par le Ministre de la Santé Olivier Véran, illustre bien, toutefois, l’état d’esprit d’un football professionnel plus préoccupé par sa santé financière et sa volonté de terminer le championnat coûte que coûte que par la santé publique.
La récente annonce d’un prolongement du confinement n’a donc pas changé la donne. Le Président de la République, Emmanuel Macron, précisera sans doute ses modalités lors de son allocution de lundi soir. L’occasion pour les instances du football d’être fixées sur leur sort. Et de, peut-être, enfin prendre une décision. Il serait temps.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Reynald Valleron – Gazettesports