Alors que, vendredi, l’Amiens Métropole Volley-Ball pensait poursuivre les entraînements, en prenant des précautions quant au nombre de personnes dans le gymnase, le club a finalement annoncé, hier, l’arrêt total des activités sportives en son sein.
Vendredi, suite à l’allocution du Président de la République, l’AMVB avait pris la décision de continuer les entraînements, tout en faisant attention à la quantité de personnes présentes dans le gymnase. Hier, s’est tenue une réunion téléphonique avec les membres du comité de direction, durant laquelle une décision a été prise, celle de mettre à l’arrêt toutes les activités sportives du club. Une nouvelle réunion aura lieu notamment ce soir au siège social, afin de confirmer cette décision. Ali Nouaour, l’entraîneur des Aigles, nous en dit davantage sur cette décision et sur la situation.
Bonjour Ali, comment gères-tu la situation ?
C’est un petit peu compliqué. Notamment, il y a des joueurs qui ne sont pas Français. Il va falloir se poser la question de savoir si on les laisse partir. On voit que dans différents clubs, notamment à Tours ou à Saint-Quentin, leur ambassade demande aux ressortissants de revenir au pays. Cela concerne beaucoup les États-Unis. Mais voilà, j’ai quand même trois joueurs Brésiliens, un joueur Camerounais. Alors, cela va être du cas par cas. Ce soir, on se mettra autour d’une table et on prendra des mesures. Là, aujourd’hui, on a juste décidé d’arrêter toute activité sportive. Après, on verra ce que l’on peut faire, parce qu’il faut que les joueurs soient protégés, et il faut aussi que nous soyons protégés au niveau administratif. Il faut que tout se passe bien. A ce jour, on ne sait pas si le championnat reprendra. A mon avis, ce sera historique, mais je pense que le championnat n’arrivera pas à son terme. Je ne sais pas quelle va être la décision de la Fédération Française de Volley-Ball. On va essayer d’aller chercher des informations. Mais aujourd’hui, on a des joueurs qui sont en demande. La seule chose que l’on va pouvoir faire, sportivement, c’est des séances à faire à la maison. Je me suis mis en relation avec mon préparateur physique, Bruno Julé, pour lui demander d’envoyer des petites séances qu’ils peuvent réaliser à la maison, afin de rester en forme. J’espère que les joueurs pourront vite revenir sur les terrains et dans les gymnases, et que la compétition reprendra. Mais, honnêtement, cela va être un petit peu compliqué.
Au vu de la situation, au vu des craintes, ce qui est normal, et pour éviter tout problème, toute tension dans le groupe, on a préféré prendre la décision de stopper toute activité qui nécessiterait un regroupement de personnes.
Ali Nouaour
Comment les joueurs vivent-ils cette période ?
Encore la semaine dernière, jeudi, on s’entraînait. En rentrant de l’entraînement, il y a eu le discours du Président de la République. Je regrette que ce discours ait eu lieu jeudi. Je pense que, lorsque l’on voit à quel point la pandémie a progressé dans certains pays, on aurait pu se mettre à l’abri très rapidement. Le déplacement à Arles était l’un des plus gros déplacements, et l’un qui, financièrement, coûtait le plus cher. On a payé des billets de train, on a demandé aux joueurs de se préparer et on s’est entraînés pour. Et finalement, vendredi matin, à 10h, on apprend que la Fédération stoppe tout et qu’il n’y aurait plus de match. On a voulu continuer les entraînements parce que l’on se disait qu’on était, entre guillemets, pas très nombreux. Parce que l’on est maximum 13 dans le gymnase. Alors, on s’est dit « pourquoi ne pas continuer un petit peu ? ». Mais au vu de la situation, au vu des craintes, ce qui est normal, et pour éviter tout problème, toute tension dans le groupe, on a préféré prendre la décision de stopper toute activité qui nécessiterait un regroupement de personnes, d’enfants, d’adultes et de personnes un peu plus âgées, pour éviter toute propagation.
Penses-tu possible, par la suite, de jouer à huis clos ?
Je ne sais pas ce qu’il va se décider. On n’est pas le football, on est un sport moins médiatique que d’autres sports. Nous, pour l’instant, on ne sait pas. Est-ce que l’on va prendre autant de risques ? Jouer avec un certain nombre de spectateurs, c’est plaisant. Maintenant, si demain on doit finir un championnat où on doit jouer avec des masques, ou sans se taper les mains … On nous a demandé d’éviter le protocole, c’est-à-dire de se serrer la main avant et après le match. Mais il faut savoir qu’au volley-ball, même si effectivement il y a un filet qui sépare les deux équipes, on est amené, au sein même de l’équipe, à se taper les mains à chaque point, à s’encourager ou à se prendre dans les bras.
Angélique Guénot
Crédit photo : Kévin Devigne – Gazettesports.fr