Ancienne tenniswoman née à Amiens, Julie Coin était de retour dans sa ville de naissance pour coacher Lucie Nguyen Tan et Anaëlle Leclercq lors du tournoi ITF de l’AAC. L’occasion pour Gazettesports.fr de lui poser quelques questions sur le rôle d’entraîneur au tennis.
Comment se passe la relation entraîneur/entraîneuse – joueur/joueuse à distance pendant un match ?
Tout dépend des circuits, par moments, on expérimente de nouvelles formes de coaching, où c’est possible de parler. Mais c’est sur certains tournois. Sur des tournois où j’ai été avec mes joueuses, il n’y avait pas de coaching. Généralement, moi le coaching, je le fais plutôt avant, et je préfère qu’elles trouvent des solutions après, pendant les matchs. Je vais peut-être glisser un mot pendant, si l’intensité a baissé. C’est vraiment difficile après de faire de longues tirades. Du coup, je suis plus là en support, pour essayer de les garder dans la bonne énergie.
Donc ça se passe plus dans le regard, dans le geste des mains ?
Oui, mais on ne peut pas appeler ça du coaching, c’est vraiment plus du support.
Certaines vont vouloir que le coach se lève après chaque point, d’autres que le coach ne dise rien.
Julie Coin
Ce support est-il un vrai point de repères pour les joueuses ?
Je pense oui, c’est au moins un point d’attache, où elles essaient de se recentrer un peu, avec le regard. Ça aide, je pense, pour se remettre dans le match si la concentration baisse. Après, chaque personne est différente, certaines, si elles regardent une personne, vont se déconcentrer. Ça dépend vraiment des joueuses. C’est une chose dont on parle avant le match, pour voir un peu comment les joueuses veulent que leur coach soit à leurs côtés, et après on essaie de faire en fonction, pour que la joueuse se sente bien et aidée sur le terrain. Certaines vont vouloir que le coach se lève après chaque point, d’autres que le coach ne dise rien. Il y a vraiment de tout. Après, à force de connaître nos joueurs, on sait ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas.
Néanmoins, ce point de support est important dans la relation ?
Oui, c’est plus facile de jouer quand on a quelqu’un sur le côté que quand on est tout seul. On a l’impression d’être supporter, même si parfois, il n’y a pas d’applaudissements, mais c’est un peu plus facile. Moi, le genre de joueuses que j’ai sont jeunes, elles ont encore besoin de ça, elles n’arrivent pas à être centrées que sur elles, donc oui, c’est un plus au coaching.
Que pensez-vous de l’avenir du coaching au tennis ? Est-ce une fumisterie de dire qu’on a pas le droit de coacher ?
Je suis plus une coach qui se dit que c’est plus aux joueuses de trouver les solutions
Julie Coin
Oui, il y a des coachs qui le font vraiment ouvertement, ou en parlant, et les arbitres mettent des avertissements. Après, sur le circuit, il y a le hand-coaching, donc on se dit que si ça continue comme ça, pourquoi ne pas ouvrir le coaching directement, et comme cela, il n’y a plus de problèmes. Tout le monde pourra faire comme il veut. Moi, c’est différent, je suis plus une coach qui se dit que c’est aux joueuses de trouver les solutions, ce n’est pas en leur donnant tout le temps la réponse, qu’elles vont être meilleures. Si elles trouvent la réponse par elles-mêmes, ça va les faire évoluer plus rapidement.
Maintenant, que faites-vous de votre temps ?
Je suis toujours en France, au CNE (Centre National d’Entraînement), et je m’occupe, avec Noëlle van Lottum, de quatre joueuses, deux de 2003, une de 2004 et une de 2005, donc ça joue plus les circuits juniors pour le moment, mais les plus grandes commencent les tournois.
Propos recueillis par Léandre Leber
Crédits photos – Léandre Leber – Gazettesports.fr