Un Bercy en fusion, un début de rencontre compliqué, un scénario fou, une séance de tirs aux buts au suspens insoutenable, et au final, la délivrance venant de Tommy Giroux, comme l’année passée. Un an après, les Gothiques ont réussi l’exploit de remporter une seconde coupe de France.
Sur le papier, cette finale entre les voisins rouennais et amiénois avait de quoi faire saliver tous les fans de hockey francais, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a tenu toutes ses promesses. D’abord il y avait une AccorHotels Arena de Bercy à guichet fermé, avec 13 877 spectateurs, parmi lesquels un mur rouge et un mur jaune, qui se livraient un premier match intense en tribune. Un match… bruyant : « on ne s’entendait pas parler sur la glace » lâchait ainsi Louis Bélisle, tandis que Francis Drolet décrivait l’ambiance en ces mots « les 3-4 premiers coups de patin tu te disais : wahou ! » Venait ensuite un début de rencontre totalement à l’avantage des Dragons, qui poussait d’ailleurs Mario Richer à prendre un temps-mort après seulement 7’40 de jeu. L’entame compliquée n’entamait cependant pas le mental amiénois, comme le soulignait Francis Drolet : « On savait que Rouen allait venir nous presser vraiment très fort au début, il fallait juste passer les 5-10 premières minutes et après ça on savait qu’on allait pousser. »
La partie s’équilibrait enfin, et un scénario indécis se dessinait alors au fil du match. Une ouverture du score de Barker dans le deuxième acte (1-0), une égalisation de Giroux à la demi-heure de jeu (1-1) avant que les Gothiques ne prennent le contrôle à un quart d’heure du terme grâce à Verrier (1-2). Buysse et sa défense se montraient alors d’une incroyable vaillance, faisant bafouiller une équipe rouennaise désormais en grande difficulté pour se montrer dangereuse, jusqu’à une pénalité évitable…
Les Gothiques rois du suspens… et de la coupe de France
En effet, à moins de quatre minutes du terme, Amiens écopait d’une pénalité pour banc mineur (56’46), que Mario Richer expliquait à sa façon : « C’est parce que j’ai critiqué le juge de ligne, c’est la coupe de France, il reste trois minutes et tu prends une pénalité pour avoir critiqué le juge de ligne. C’est la première fois au monde que ça arrive dans tous les championnats du monde, mais il fallait bien que ça arrive. » Quoi qu’il en soit, Rouen égalisait dans la foulée grâce à Lamperier (56’43 : 2-2). Le sort semblait s’acharner en prolongation lorsque Amiens écopait de 2 minutes pour retard de jeu, faisant dire au capitaine amiénois, Joey West : « si on avait perdu ce match-là comme ça avec les deux pénalités, je pense qu’on n’aurait pas dormi. »
De nouveau héroïques, les Gothiques et leur gardien, élu homme du match pour la seconde année consécutive en finale de coupe de France, emmenaient finalement les Dragons aux tirs aux buts. La signature d’un groupe qui ne lâche jamais rien, et d’un coach, selon Francis Drolet : « À chaque fois que l’on vient à la patinoire, Mario nous dit de toujours travailler et de ne jamais rien lâcher et ça finit par rentrer dans la tête. » Là, après que Matima et Thinel aient marqué pour leurs équipes, le sort de cette finale se décidait finalement en mort subite, et au bout du bout, Tommy Giroux libérait tout un peuple au terme d’une rencontre au suspens insoutenable. Comme la saison dernière, la délivrance venait du numéro 13 amiénois et pour la deuxième année consécutive, Mario Richer et son équipe remportaient la coupe de France, jamais les Gothiques n’avaient gagné deux titres consécutifs dans leur histoire.
Un groupe unique qui aura écrit l’histoire
Durant quatre ans, Mario Richer aura donc construit une équipe à part, pour la mener à deux titres consécutifs en coupe de France. Après la rencontre, chacun des joueurs avait d’ailleurs des mots envers ce groupe exceptionnel. À commencer par Jérémie Romand, condamné à regarder le match du bord de la glace, dont les mots résumaient parfaitement la force incroyable de cette équipe : « Il y a quelque chose depuis trois ans dans ce vestiaire qui se crée quand le début de saison commence, c’est juste incroyable, parce qu’on a le même état d’esprit depuis trois ans, c’est ce qui fait je pense, qu’aujourd’hui, on a réussi à battre une équipe comme Rouen. »
On a déjà vécu deux titres de Coupe de France, deux demi-finales et il reste encore cette année en play-offs pour essayer de faire encore mieux...
Jérémie Romand
Un groupe incarné par un personnage essentiel : Mario Richer, qui recevait les louanges de ses joueurs : « c’est le gros travail que Mario Richer a fait, je pense que l’on peut lui donner beaucoup de crédit, c’est un super bon coach, il y a beaucoup de crédit qui lui revient » lâchait ainsi Louis Bélisle. Yohan Coulaud précisait lui : « Il y a une cohésion de famille surtout après l’annonce comme quoi Mario Richer ne serait plus coach l’année prochaine. On nous a dit que le groupe allait se diviser mais bien au contraire, on a réussi à se remobiliser pour gagner ce soir » avant que Romain Bault ne conclut : « C’est un très beau cadeau pour Mario, car on sait qu’il va nous quitter à la fin de la saison. » Oui, Mario Richer va quitter le club et une grosse partie du noyau dur de l’équipe risque bien de s’en aller également au vu des ambitions de renforcer « l’identité amiénoise » voulues par les dirigeants. Qu’à cela ne tienne, ce coach, son assistant coach, et cette équipe hors norme auront écrit certaines des plus belles pages de l’histoire du club, et ça, personne ne pourra leur enlever.
Le mot de la fin revient à Jérémie Romand, comme pour dire que ce groupe n’en a peut-être pas encore fini : « Ça fait trois ans que je suis à Amiens, et on a déjà vécu deux titres de Coupe de France, deux demi-finales et il reste encore cette année en play-offs pour essayer de faire encore mieux... »
Quentin Ducrocq
Crédits photos Kevin Devigne / Leandre Leber Gazettesports.fr