Journée internationale du sport féminin : rencontre avec Léa Tellier-Bouazni, joueuse de l’Amiens SC.

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Depuis 2014, le CSA français et le Comité national olympique et sportif français organisent tous les 24 janvier une journée internationale du sport féminin. Cette date a pour objectif d’augmenter la visibilité du sport féminin et sa place dans les médias. Nous sommes partis à la rencontre de Léa Tellier-Bouazni, pour discuter football, inégalités et sport féminin.

Aujourd’hui, c’est la journée internationale du sport féminin, étais-tu au courant ?

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Non, je trouve qu’on n’en parle pas assez, à part sur Twitter, sinon, ce n’est pas assez communiqué.

Te sens-tu uniquement comme une sportive ou te sens-tu investie d’une mission en tant que femme sportive ? D’autant plus dans le monde du football, qui est vu comme plutôt masculin ?

Un petit peu des deux. Je me sens comme une sportive, parce qu’on joue à un niveau qui, je pense, est un bon niveau. Mais j’ai aussi l’impression d’avoir une mission sur les épaules, l’impression d’avoir besoin de développer le football féminin, ce qui met énormément de temps.

Ça fait dix ans que tu joues au football, remarques-tu tout de même des évolutions des mentalités vis-à-vis du sport féminin ?

Il y a des évolutions c’est sûr, de plus en plus de gens s’y intéressent, en plus avec la coupe du monde qui a eu lieu l’année dernière. On le voit aussi avec Amiens, beaucoup d’hommes qui viennent nous voir sont surpris que des femmes puissent jouer et bien jouer. Ce qui revient le plus comme phrase c’est : “vous avez encore cet aspect tactique qu’on retrouvait chez les hommes avant”. Aujourd’hui chez les hommes, beaucoup de choses tournent autour de l’argent et on s’écarte du sport.

Qu’est-ce qui manque au sport féminin en France ?

D’abord, commencer dès le plus jeune âge à intégrer des écoles de foot. Ça se développe mais c’est encore trop loin. Les clubs professionnels doivent aussi plus s’investir pour leurs féminines parce que du coup les médias s’y intéresseront plus. Après je comprends les dirigeants, par exemple notre président, Bernard Joannin, il est freiné par le fait qu’on ne rapporte pas beaucoup d’argent au club. Malheureusement, on est obligé de parler d’argent. 

Je pense aussi que des marques sportives spécialisées pour les femmes devraient se développer. Comme pour les crampons, parce qu’on a des pieds plus fins que les hommes.

Que pensez-vous de la place du football féminin dans les médias ?

Ça se développe un peu. La D1 est diffusée sur Canal+ et c’est bien mais il y a encore trop de fossés avec la D2, qui est encore considérée comme un milieu très amateur.

La D2 est considérée comme l’équivalent féminin de la Ligue 2, qu’en dis-tu ?

Sur le papier c’est comme les hommes mais dans la vraie vie, c’est pas du tout pareil, rien qu’en terme de salaire. Aucune fille ne peut vivre du football dans notre club, très peu de moyens sont mis en place parce que ça serait à perte. Ça fonctionne comme une entreprise.

Que penses-tu du sport mixte ?

Je serais pour une journée ou un weekend un peu international ou national où on jouerait tous ensemble. Après le reste du temps, c’est compliqué. Dans le football, athlétiquement et physiquement, les hommes et les femmes c’est complètement différent et ça peut être compliqué. Mais une journée ou un weekend pour marquer le coup, je pense que c’est une bonne idée.

Est-ce que tu te sens optimiste pour l’avenir du sport féminin ou ça avance encore trop lentement à ton goût ?

Ça va encore trop lentement mais je reste optimiste, il y a de bonnes choses qui sont à venir. Personnellement je suis dans le foot depuis une dizaine d’années et on m’a toujours dit “ça va évoluer, ça va évoluer” et pourtant je le verrai pas, en tout cas pas en tant que joueuse. Dans le monde ça se développe mais chez nous c’est hyper lent. Après des moyens sont mis en place et il y aura des améliorations dans les prochaines années.


Léa Soidriddine

Crédit photo Kevin Devigne – Gazettesports.fr

Publié par La Rédaction

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