A l’aube de la reprise du championnat, le latéral gauche de l’AC Amiens, Mirisoidi Siradjidini, nous parle un peu de lui et de la saison actuelle que vit son club.
Bonjour Miri, pour commencer, pouvez-vous nous parler votre parcours ?
J’ai commencé le football à l’âge de 9 ans. Avant, le foot ne me préoccupait pas du tout, ce n’était pas du tout un objectif, c’était surtout pour jouer avec mes potes. Je ne suis pas né ici mais à Mayotte, je suis venu à l’âge de 9 ans pour rejoindre ma famille. Et là, mon animateur était coach à l’AS Etouvie, où j’ai donc évolué pendant un an. Ensuite, je suis parti au CSA Montières, où je suis resté 2 ans. Puis j’ai décidé d’aller passer les tests à l’ASC où j’ai été repéré par Alex Wagnies et Patrice Descamps, que je tiens à remercier pour tout ce qu’il m’a apporté. J’y ai fait toute ma pré-formation et ma formation, des U12 jusqu’au U16 puis des U17 jusqu’à l’équipe réserve. J’ai même eu l’occasion de côtoyer les pros puisque j’ai fait quelques entraînements avec eux. Je suis maintenant à l’AC Amiens où je prends beaucoup de plaisir à travailler avec le coach Azouz. L’essentiel, c’est de prendre du plaisir.
On sait que c’est parfois un poste un peu mal-aimé, et l’on remarque facilement que vous êtes porté vers l’avant, comment en êtes-vous venu à jouer latéral ?
A la base, j’étais un excentré, un ailier gauche. C’était lors d’un tournoi à Dieppe, je m’en rappelle très bien, c’était un tournoi U15 où l’ASC avait envoyé son équipe U14. Et, lors d’un match, notre latéral gauche s’est blessé. C’est justement Patrice Descamps qui était là et qui a dit à mon coach « on va essayer Miri en tant que latéral ». Et figurez-vous que j’ai fait un très beau match ce jour-là et que, depuis, je n’ai plus retrouvé mon poste d’ailier. Après, j’ai commencé à y prendre du plaisir. Mes coachs me reprochent surtout le fait que je ne sois pas un vrai défenseur puisque je garde mes qualités d’offensif, je monte beaucoup, mais j’oublie parfois mon objectif premier de défenseur.
Le début de saison a été compliqué, notamment sur le plan défensif, est-ce que tu as eu l’impression que le fait d’être deux latéraux offensifs (avec Sacha Lemarie, ndlr) était un facteur de ces difficultés ?
Oui. Surtout parce que ça nous demande beaucoup d’efforts de faire ces allers-retours entre défense et attaque. On pouvait monter mais le problème était que, défensivement, on n’avait plus de jus pour revenir défendre. Or, comme le coach le dit, c’est notre objectif premier de défendre notre but et je pense que, nous, on est plus un peu foufous, attirés par le ballon, par l’offensive, à vouloir à tout prix chercher la passe décisive ou apporter un petit plus devant.
Je pense que c’est ce que le coach a voulu rectifier en enlevant Sacha, que c’était pour retrouver un équilibre défensif parce que l’on se prend beaucoup de buts. Le coach voulait surtout un équilibre défensif. Quand c’est Sacha et moi, on a tendance à partir à deux à l’abordage, là, il voulait surtout qu’on n’ait qu’un côté qui participe aux offensives. Mais je ne doute pas du fait que Sacha va revenir et trouver son meilleur niveau. Je le connais, cela fait des années qu’on se côtoie, je n’ai pas de doutes là-dessus.
Depuis 5 matchs, il y a eu un regain de forme, comment vous envisagez la suite de la saison ?
Il faut déjà que l’on continue sur notre lancée. Il faut que l’on mette beaucoup d’intensité aux entraînements. C’est un point sur lequel le coach ne nous lâche pas. Je pense que c’est en train de payer. Je pense qu’au début, on a pris le championnat trop à la légère, on ne s’attendait pas à un tel niveau par rapport à l’année dernière. On trouve des bonnes équipes comme Vimy ou même Le Portel qui m’a vraiment surpris. On va continuer à bosser et tenter de retrouver la victoire (l’ACA reste sur 3 matchs nuls, ndlr) pour ensuite enchaîner les victoires. En tout cas, il faut prendre beaucoup de points, on a grillé tous nos jokers, on n’a plus le droit à l’erreur que ce soit à domicile ou à l’extérieur. A domicile, on doit faire le plein, et à l’extérieur il faut prendre minimum un point.
Azouz Hamdane évoquait à l’issue du match contre Arras une équipe qui se mettait au niveau de l’adversaire. Vous évoquez le fait que vous n’ayez pas pris la pleine mesure de la difficulté du championnat. Est-ce que ces deux élément ne seraient pas en lien, avec un relâchement lorsque vous sentez l’adversaire plus abordable ?
Mickaël Despois marque beaucoup, maintenant, il faut qu’on encaisse moins
Cela doit être ça. Je pense que l’on a parfois mal jugé le niveau des adversaires en se disant que ça allait être facile. Sauf que rien n’est facile dans le football, il faut toujours se donner à 100%. C’est vrai que c’est quelque chose que le coach dit souvent. On va avoir tendance, si l’adversaire est plus faible, à faire les mêmes bêtises. A l’inverse, j’ai trouvé que contre Beauvais, on été tombé face à un gros adversaire et l’on a fait un de nos meilleurs matchs de la saison. On a su mettre les ingrédients, l’intensité qu’il fallait. Au contraire, contre Arras, on s’est mis à leur niveau, on n’a pas su garder le ballon, on était impatient, toujours dans la précipitation, on a fait beaucoup d’erreurs techniques. Et malheureusement, on ne prend qu’un point, par chance, je pense. Parce que derrière, c’était une équipe compacte, solide, qui ne nous laissait pas d’espace. Et puis, sur ce match, on a Mickaël Despois qui nous débloque le match, je tiens à le féliciter pour son début de saison. Il marque beaucoup, maintenant, il faut qu’on encaisse moins.
Vous évoquez Mickaël Despois, c’est un plus, pour vous, d’évoluer avec des joueurs expérimentés qui ont connu des divisions supérieurs ?
Oui, ça fait toujours du bien. Quand on a Landry Matondo, Mickaël Despois, Pierre (Slidja, ndlr), aussi, qui est très jeune mais qui a connu le monde professionnel, Bamba (Diarrassouba, ndlr), Victor (Samb, ndlr), c’est une équipe expérimentée. Cela fait plaisir d’apprendre auprès de ces joueurs. Je parle beaucoup avec Landry, c’est comme un grand frère. Il nous conseille beaucoup. Il a l’esprit de compétiteur, de gagneur, hargneux. Cela fait toujours plaisir de discuter avec eux, de savoir comment s’est passé leur parcours, cela fait rêver d’avoir un joueur qui a connu ce niveau et qui peut te conseiller, te donner des consignes sur des replacements, ou qui t’encourage. Cela te pousse à donner le meilleur de soi-même.
Même si cela n’a pas pu se faire à l’Amiens SC, est-ce qu’accéder au monde professionnel reste un objectif ?
Oui, cela reste un objectif. Après, comme on le dit souvent, le football, ça peut aller vite dans un sens comme dans l’autre. Au début, après que cela soit fini avec l’Amiens SC, j’étais un peu blasé. Je me suis dit que mon rêve s’était envolé. Maintenant, le coach Azouz m’a redonné le goût du football, à la victoire, à tout ce qui est combativité, jeu, plaisir à jouer au football.
On va là-bas pour gagner, pas pour faire copain-copain. Un derby, ça se gagne
Justement, c’est le derby qui se profile contre la réserve de l’Amiens SC. Ce sera un match particulier ?
Non, pas du tout, cela sera un match comme les autres. Sur le terrain, il n’y a plus de copains. On va jouer pour gagner, surtout que l’on a besoin de points. Il y aura zéro cadeau. On va là-bas pour gagner, pas pour faire copain-copain. Un derby, ça se gagne. Si on fait un match nul, cela ne sera pas un mauvais résultat, mais l’objectif, ça doit être la victoire. On va leur rentrer dedans, comme on sait le faire. S’il faut mettre le pied, on le fera.
Et est-ce qu’il n’y aura pas un petit esprit de revanche ?
Non, du tout, il n’est pas question de revanche. Ce sera un match comme un autre, on le jouera pour gagner parce que l’on est des compétiteurs et parce que l’on n’a plus le droit à l’erreur.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Coralie Sombret / Kevin Devigne Gazettesports.fr