ESCALADE : Manon Boully : « L’escalade est vraiment un sport où l’on a un esprit de liberté »

Ⓒ Manon Boully – 29 avril 2019
Publicité des articles du site GazetteSports

Après avoir concouru à de nombreuses compétitions, dont des Championnats de France et une Coupe de France, Manon Boully prend aujourd’hui son rôle d’encadrante à cœur au sein de l’Amiens Rivery Escalade.

Nous sommes partis à sa rencontre …

publicite cit dessaint 2 gazette sports




Bonjour Manon, quand et comment as-tu commencé à vouloir pratiquer de l’escalade ?
J’ai commencé l’escalade à mon entrée en sixième, en 2011-2012. Une section Escalade venait de se créer. Mes parents m’ont demandé si je souhaitais en faire, comme j’aimais le sport j’ai dit « Oui » et ils m’y avaient alors inscrite. Mais avant, on n’en avait pas entendu parler. Et du coup, quand je suis arrivée, il n’y avait pas autant de murs d’escalade comme il y a aujourd’hui et on en faisait 1h30 par semaine. Cela m’a tout de suite plu, c’était une bonne ambiance. J’en ai fait pendant deux ans et, comme je progressais bien, mon professeur du collège (NDLR : Actuel entraîneur au club) m’a parlé du club de la Hotoie, l’ancien club. Du coup, je m’y suis inscrite. Je m’entraînais 3 à 4 fois par semaine, j’ai progressé davantage et j’adorais ça. Alors, j’ai continué et le club s’est ensuite beaucoup développé. Maintenant, je donne des cours d’escalade. J’encadre des adolescents le jeudi, au Gymnase Buffenoir de Rivery, et des jeunes débutants le samedi matin, à la Hotoie.

Escalade Trophée Déparmentalement Espoir Descalade Gazettesports Coralie Sombret 15 E1575458811106

Quel est ton avis sur cette discipline ?
L’escalade c’est vraiment un sport où l’on a un esprit de liberté, parce que tu es tout seul quand tu grimpes. A part pour l’escalade en voie, où on est assuré par une personne, du coup c’est aussi solidaire et convivial. Aussi, avec la hauteur, l’escalade joue beaucoup sur le mental et c’est aussi très exigeant. C’est ça qui est plaisant, le fait que ça soit difficile. Il faut s’engager émotionnellement et physiquement. Et c’est ce que je trouve de génial. Quand on progresse, on voit vraiment de quoi on est capable. Surtout quand on va en nature, à la montagne.

Pratiques-tu l’escalade en extérieur ?
Avec les salles qui se développent, il y a des grimpeurs qui ne grimpent qu’en intérieur. Alors qu’à l’origine, l’escalade ne se pratiquait justement qu’à l’extérieur. C’est pour cela que, dans le club, on propose pas mal de sorties. On veut inciter les jeunes à aller en extérieur, et ça plaît ! Même si c’est parfois plus dur, il est rare qu’il y ait des jeunes qui n’aiment pas grimper dehors. On fait des sorties en falaises, et à Fontainebleau aussi. La forêt de Fontainebleau est vraiment réputée pour les blocs. Des personnes du monde entier viennent à Fontainebleau parce qu’il y en a pour tous les niveaux, et c’est magnifique. C’est un peu la référence du bloc. En 2016, on a également fait de l’alpinisme avec des jeunes, à Chamonix. On grimpait avec des cordes sur la falaise, et on a aussi fait une initiation alpinisme. C’est un de mes meilleurs souvenirs parce que je n’y étais jamais allée. On est montés à l’Aiguille du Midi. On descendait dans la neige, on voyait le soleil, les montagnes et je trouvais ça magnifique. On prenait les piolets et on grimpait sur la glace. Je trouvais ça génial parce qu’on ne l’avait jamais fait. Quand on est en nature, je trouve que c’est encore plus exigeant que l’escalade sur les murs. C’est vraiment de la découverte. Quand on a les conditions nécessaires pour aller en falaise, c’est de la vraie escalade. On cherche ses prises, on se fait parfois un petit peu peur. C’est génial.


Depuis 2015, j’arrivais à me qualifier aux Championnats de France de bloc chaque année jusqu’en 2018


Tu t’es souvent qualifiée pour les Championnats de France en catégorie Junior. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Cette année, j’ai changé de catégorie. J’ai 20 ans, alors je suis rentrée dans la catégorie Senior. C’est là où il y a le plus de niveau. Je fais toujours des compétitions, je fais aussi les Régionaux. Il y a vraiment plusieurs compétitions dans l’année. Depuis 2015, j’arrivais à me qualifier aux Championnats de France de bloc chaque année jusqu’en 2018, à Toulouse, à Brest, à la Baconnière et à Poses. En 2017, je suis allée aux Championnats de France de difficulté et j’ai aussi fait une Coupe de France. Ces deux fois-là, j’ai réussi à aller jusqu’en demi-finale. Depuis l’année dernière, je ne vais plus aux Championnats de France, mais tous les ans je fais des compétitions. D’ailleurs, il y a aussi des compétitions de vitesse. C’est un petit peu moins connu. C’est sous forme de duel. On fait d’abord des chronos pour la phase de qualification, les meilleurs sont retenus, et après les grimpeurs se rencontrent et passent sur des voies chacune calibrée de la même manière. Le premier qui arrive en haut l’emporte.

Quels sont tes objectifs aujourd’hui ?
Je veux m’entraîner tranquillement et faire des compétitions, mais sans me mettre trop de pression. Parce que, avant, quand on allait aux Régionaux, si il y avait seulement une place pour aller aux France, c’était beaucoup de pression. Je me disais : « Il faut que je m’entraîne et que j’arrive tout là-haut, sinon je serai deuxième ». C’était très frustrant quand je finissais deuxième alors qu’il n’y avait qu’une place pour être sélectionnée. Mais sinon, je prends toujours autant de plaisir à concourir. Et les compétitions, ça permet de progresser. C’est plus pour cela que je continue d’en faire. Puis aussi, pour découvrir de nouvelles voies, de nouveaux blocs. Si je vais aux France tant mieux, si je n’y vais pas, ce n’est pas grave. Je me mets beaucoup moins de pression parce que je sais qu’il y a plus de niveau maintenant.


Mur d’escalade du Grand Marais


Parfois, sur les réseaux sociaux, on voit passer des vidéos impressionnantes de grimpeurs qui parviennent au sommet du mur à une vitesse déconcertante!
L’escalade de bloc et de vitesse impressionnent plus que l’escalade en voie. Quand les grimpeurs font moins de 6 secondes, moi-même je suis impressionnée. Ils courent sur le mur ! Nous, on fait un peu de vitesse, mais ce qu’ils font eux, c’est incroyable. Ils ont une bonne coordination et ils font des temps surprenants. Il me semble que le record est à 5 secondes et quelques. Et de même, aux Championnats du Monde de bloc, ce sont de gros jetés, de gros mouvements, c’est très impressionnant. Je pense que c’est pour ça que de plus en plus de monde s’intéresse à l’escalade aussi. Parce qu’ils voient de plus en plus de vidéos à ce sujet et ils se disent qu’ils aimeraient faire pareil.

Peut-on vivre de l’escalade ?
Bien sûr, et pour ce faire il faut passer le Brevet d’État. C’est une formation qui demande un certain niveau. Justement, Quentin Thieres passe cette formation. Il encadre le lundi. Et quand on obtient ce Brevet d’État, cela offre la possibilité de donner ensuite des formations à des cadres, des encadrants ou même de faire des ouvertures. Ça ouvre beaucoup de possibilités.

Aimerais-tu également passer ce Brevet d’État ?
Pourquoi pas. Je ne me suis pas encore trop penchée là-dessus parce que je fais des études à côté. Je suis en troisième année de STAPS pour être professeur d’EPS. Je suis vraiment à fond dans le sport. J’adore ça ! En plus, comme je donne des cours, c’est génial pour moi de pouvoir côtoyer les enfant et les encadrer. C’est parfait pour mon expérience professionnelle. Là, j’ai passé la formation Encadrant « Sites Naturels d’Escalade » (SNE) dans le but de pouvoir encadrer des débutants, ou même des autonomes, sur un mur. J’ai aussi passé une formation d’ouvreur de club pour pouvoir installer les prises sur les murs. Par la suite, j’aimerais peut-être pouvoir ouvrir en compétition, mais il faut passer un passeport rouge. Je pense le passer bientôt. Les passeports, c’est un petit peu des pré-requis de niveau pour les formations. Du coup, ça m’intéresserait de partir là-dessus pour ensuite passer plein de petits diplômes à côté. Après, le Brevet d’État, peut-être à voir quand je serai un peu plus à l’aise, mais pour l’instant cela ne m’intéresse pas plus que ça.


Moi-même, au début, j’avais le vertige et je n’arrivais pas à aller en haut.


Lorsqu’on débute en escalade, n’est-il pas trop difficile de sauter le pas ?
Il est vrai que sur la sensation, ce n’est pas comme les sports collectifs. L’escalade est vraiment axée que sur nos sensations. C’est de l’équilibre et du déséquilibre. Ça peut provoquer plus de sensations que d’autres sports, mais après ça dépend aussi de chacun. Moi-même, au début, j’avais le vertige et je n’arrivais pas à aller en haut. Sans qu’on le veuille, les mains tremblent et, au bout d’un moment, on veut descendre. C’est vrai que l’escalade peut fait peur au début. Surtout que, ce n’est pas naturel parce que pour la grande majorité des sports que l’on peut faire, on a généralement les pieds à terre. Mais en escalade, il faut grimper, c’est vertical, c’est assez haut. Le corps n’est jamais habitué à ça. Mais après, cela dépend beaucoup des personnes. Le samedi, certains enfants ont peur, et d’autres n’ont aucun problème. Certains veulent aller en haut dès le début, ils y vont et ils adorent ça.



As-tu déjà vécu une chute qui t’aurait empêché de vouloir grimper à nouveau?
Une fois, ça m’est arrivé de tomber à Fontainebleau. J’étais vigilante, mais il devait y avoir un bloc qui était un peu humide. J’avais réussi à monter sans soucis, mais à la descente j’ai dû mal poser mes pieds. J’ai glissé et j’ai dû faire une roulade, mais je n’avais qu’un gros bleu. Je n’ai eu aucun problème à regrimper, même à Fontainebleau. Je n’ai jamais eu un mauvais souvenir. C’est vrai que je me suis déjà demandée si, à la suite d’une mauvaise chute, j’aurais peur de grimper à nouveau, mais non. Mais j’ai déjà vu des personnes qui ont fait une grande chute sur un mur du gymnase et qui ont arrêté l’escalade parce qu’ils ne trouvaient plus la force pour grimper. L’escalade c’est beaucoup mental justement. On a beau avoir le niveau de grimper jusqu’en haut, si on bloque au niveau du mental, on ne pourra pas grimper. Pendant longtemps, j’ai vécu cela. Il m’a fallut des années pour avoir un déclic. En fait, on se bloque soi-même. On se met des barrières parce qu’on se dit : « J’ai peur ». Et dans ce cas-là, il faut avoir le déclic.


J’aimerais vraiment faire un sommet comme le Mont-Blanc ou l’Everest.


Que rêverais-tu de réaliser ?
Pour l’escalade, j’aimerais vraiment faire un sommet comme le Mont-Blanc ou l’Everest. Il y a beaucoup de monde qui veulent le faire, mais c’est vrai que s’entraîner beaucoup pour un objectif et, à la fin, y parvenir, c’est magnifique. Du coup, j’aimerais vraiment réaliser un exploit de ce genre. Me fixer un but, pas forcément le Mont-Blanc ou l’Everest, mais aller dans un pays, réaliser un sommet et être contente de moi-même. Et pouvoir le faire entre amis aussi, ça serait génial.

D’ailleurs, as-tu déjà fait une ascension entre amis ?
Il y a eu une année où je suis allée à Chamonix avec une amie qui est en STAPS avec moi. On est parti à deux, on avait prit un petit logement là-bas. Tous les jours, on prenait notre sac, nos dégaines, nos cordes et un pique-nique. A un moment, on était même qu’à deux sur une falaise. On avait un petit peu peur parce que, si jamais il nous arrivait un problème, il n’y avait personne aux alentours, personne pour nous encadrer. Du coup, on était vraiment vigilantes. Mais c’était super ! On a vraiment aimé et on aimerait bien refaire ça ailleurs, par exemple à Marseille pour grimper dans les Calanques, mais en été cette fois parce qu’il faisait un peu froid (Rires). Mais c’était trop bien. Faire des sorties en nature, c’est vraiment le but de l’escalade selon moi.





Angélique Guénot

Crédits photos : Léandre Leber et Coralie Sombret – Gazettesports.fr

Publié par La Rédaction

Gazette Sports est votre webzine sur l'actualité des associations sportives d'Amiens Metropole et ses alentours.