AMIENS SC – Valentin Gendrey : « J’avais une idée en tête et je voulais y arriver » (1/2)

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Jeune joueur pro de l’Amiens SC, Valentin Gendrey (19 ans), s’il joue actuellement en réserve, se rapproche à grands pas de l’équipe première (3 fois sur le banc cette saison). Après une longue progression linéaire depuis ses débuts dans des petits clubs de l’Oise.

Qu’est-ce qui t’a amené au football ?

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Mon père suivait beaucoup le football. Dans ma famille, j’ai un cousin éloigné qui jouait au foot, Olivier Dacourt. J’ai plongé dedans quand j’étais petit, avec mon père. Au départ, on était en région parisienne, mais je n’ai pas commencé le football là-bas. C’est quand on a déménagé à Beauvais que j’ai commencé à jouer au football en club, dans un petit club à côté de Beauvais. J’ai fait 2-3 petits clubs avant d’aller à Beauvais.

Comment, quand on démarre dans un petit club, on a la motivation qui permet d’arriver jusqu’au centre de formation d’un club comme Amiens ?

Ça ne s’est pas fait tout de suite. Quand je jouais en petit club, c’était parce que j’aimais le football et que voulais jouer. Au départ, c’était même mon père l’entraîneur du petit club où j’étais. Et puis, on joue avec ses amis, on les suit, on change de club pour jouer avec eux. Et puis, quand on grandit, on a envie de jouer contre les meilleurs. Je me rappelle, quand on était dans un petit club, quand on jouait contre l’ASBO et qu’on se prenait des 10-1, on se dit qu’on veut changer de club. Quand j’arrive à l’ASBO, il y a tout ce qui est détection pour les équipes départementales, régionales. Et c’est à partir de là que j’ai voulu en faire mon métier. C’est à partir de là que j’ai voulu gravir les échelons pour aller dans un centre de formation comme les autres, mes partenaires de sélections que je voyais partir. C’est vraiment là que je me suis dit que je voulais faire pareil qu’eux.

Ce n’était donc pas un idée prédéfinie quand tu as commencé le foot ?

Non. En plus, je ne connaissais rien de tout ça. Il y en a qui me disaient qu’ils avaient fait des tests, avec Le Havre, par exemple, je me disais « ok, c’est bien mais qu’est-ce que j’en ai à faire ? » C’est quand j’ai commencé à comprendre que j’ai voulu faire pareil qu’eux.

À partir de quel âge le football a commencé à devenir le centre de tes activités ?

C’était la première année de détection, en U13, donc à partir de 12 ans

Comment on gère le fait de devoir consacrer son temps au foot plutôt qu’à d’autres activités pendant l’adolescence ?

Mes parents m’ont toujours encadré.

Ça se fait comme ça. À 12 ans, il y avait l’école et le foot. Donc, moi, c’est un peu normal, je tenais plus au foot. Mais mes parents m’ont toujours encadré. Mon père m’a dit : « si tu veux faire du foot, je ne t’en empêcherais pas, mais je veux que tu aies ton bac, que tu aies des bonnes notes et que tu aies un comportement irréprochable en classe. Et après, tu pourras faire ce que tu veux en football. » À partir de là, je savais que je n’allais pas dévier, pas sortir avec mes copains pour aller je ne sais où, pas sortir du projet. J’avais une idée en tête et je voulais y arriver.

Tu as dit que tu avais Olivier Dacourt comme cousin éloigné. Est-ce que tu as eu des contacts avec lui, un lien ? Est-ce que c’était une manière de se dire « je vais progresser parce que quelqu’un de la famille l’a fait » ?

Je me souviens, la première fois que je l’ai rencontré, c’était une soirée avec la famille. Je ne le connaissais pas. Je devais avoir vers les 12-13 ans. Je me rappelle, j’étais assis et mon père me dit « C’est Olivier Dacourt ! » J’ai dit bonjour, je me suis juste dit que c’était quelqu’un de ma famille, je n’ai pas réalisé. Après, il commence à me raconter, je me suis dit « ah oui, quand même, c’est quelqu’un ! ». Après, je ne l’ai pas beaucoup revu mais, par exemple, l’agent avec lequel je suis actuellement était également le sien.

Est-ce le hasard ou suite à un conseil d’Olivier Dacourt ?

Au départ, c’était plutôt le hasard. Il était venu me voir sur un match. Il a parlé avec mon père mais j’avais déjà quelqu’un donc on n’avait pas donné suite. Et après, avec Olivier Dacourt, il m’en a reparlé et ça a fini par se faire.

Comment arrives-tu à Amiens ?

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Quand j’étais en U15, j’étais à Beauvais, surclassé. On jouait contre Amiens. Visiblement, ils me voulaient, mais à ce moment, je ne l’ai pas su. J’ai fait beaucoup de tests dans beaucoup de clubs, pour intégrer un centre de formation. Et j’ai échoué à beaucoup de tests. Comme je ne savais pas qu’Amiens me voulait, je suis parti à Chantilly avec le coach avec qui j’étais à Beauvais. Je suis resté à Chantilly pendant six mois. Je n’ai pas aimé ce changement. Donc au bout de six mois, l’agent avec qui j’étais à l’époque me parle d’Amiens. Je suis venu faire un test avant Noël et en janvier j’arrivais à Amiens.

Tu nous parles du fait que tu aies suivi ton entraîneur d’un club à un autre, c’est vraiment important pour toi le rapport que tu entretiens avec les gens avec lesquels tu travailles ?

Oui, oui. Cette année-là, je sentais que j’avais passé un cap, que j’avais évolué. Quand il est parti, et vu que j’avais échoué aux tests de beaucoup de clubs pour entrer en centre de formation, je voulais rester avec lui pour continuer à progresser. Je me suis dit qu’ayant progressé avec lui, en partant avec lui, je passerais encore un cap et, peut-être, que j’y arriverais, cette fois-ci.

C’est important pour toi de savoir se battre et de continuer d’avancer après ces échecs ?

Oui. Je pense vraiment que ça m’a apporté quelque chose. Beaucoup. Je me rappelle du dernier test. Cela s’était vraiment bien passé. Et après, ils étaient venus voir un match et je n’ai vraiment pas été bon et c’est à cause de ça qu’ils n’ont pas donné suite. À ce moment, j’étais vraiment effondré. Et je pense que ça, ça m’a donné la gnaque pour rebondir et être ici.

Tu as connu ensuite, à Amiens, la vie dans un centre de formation. Comment ça se passe, comment on y vit ?

C’est génial ! On est avec des gens qu’on ne connaît pas et qu’on apprend à connaître. On est H24 avec eux. On est à l’école avec eux, on s’entraîne avec eux. On est tout le temps ensemble. Ce ne sont que des bons souvenirs. On rigole ensemble. Même les moments où ça n’allait pas entre nous, en y repensant, tu te dis que c’était quand même bien. C’est une bonne expérience.

Ces bons moments priment sur la concurrence qu’il peut y avoir pour progresser vers les échelons supérieurs ?

Oui, vraiment. Je m’entendais même bien avec des joueurs qui occupaient le même poste que moi et qui ne jouaient pas alors que je jouais. Et, par exemple, je suis né en 2000, de l’année où je suis arrivé à Amiens, nous ne sommes plus que deux. Et pourtant, je suis resté en contact avec les autres, on s’entend toujours bien. Même s’ils sont partis, ils sont contents pour nous, de ce qui nous arrive.

C’est quoi le sentiment la première fois où tu apprends que tu intègre un groupe pro ? Comment tu l’as appris ?

C’est le directeur du centre de formation qui me l’a appris. Il m’en avait déjà parlé quelques temps avant pour me dire que ça allait peut-être se faire, que ce n’était pas sûr mais qu’il faisait tout pour qu’on y aille. Et c’est lui qui l’a annoncé. Et à ce moment là, tu es content. Tu ne peux qu’être content. Tu te dis : « Enfin ! ». Depuis petit tu penses à jouer avec les pros. Quand ça arrive, c’est génial.

Quand on est à la lisière entre la réserve et les pros, comment on gère ça, notamment mentalement ?

Si on demande à n’importe quel joueur du centre, tout le monde répondra qu’il voudrait être à notre place.

Et bien, déjà, on sait qu’on a de la chance d’en être là parce que parmi tous les joueurs en réserve, on est les seuls à s’entraîner régulièrement avec les pros. C’est déjà une chance. Après, c’est sûr qu’on en veut toujours plus. On veut y goûter. Mais on patiente et on sait que l’on aura notre chance. Et si on demande à n’importe quel joueur du centre, tout le monde répondra qu’il voudrait être à notre place.

Tu as une affinité particulière avec un joueur ? Ou un modèle dans l’équipe d’Amiens ?

Il y en a deux. D’abord, pour moi, il y a Prince (Gouano, ndlr) avec lequel on échangeait pas mal. Et puis, depuis que Christophe (Jallet, ndlr) est arrivé, je vais beaucoup vers lui pour lui poser des questions, pour apprendre. Avec l’expérience qu’il a… Et il veut vraiment m’aider, ça se voit dans ses réponses. On peut croire que l’on est concurrents parce que l’on évolue au même poste, mais pas du tout, il s’en fiche. Au contraire, il va me répondre, me donner beaucoup de conseils pour que je m’améliore.

La seconde partie de notre entretien avec Valentin Gendrey est à retrouver ce dimanche 17 novembre, à 13h, sur notre site et notre page facebook.

Propos recueillis par Leandre Leber et Morgan Chaumier

Crédits photos : Léandre Leber / Kevin Devigne – Gazettesports