BILLARD – Nicolas George : « Il faut savoir viser au plus haut »

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A l’occasion du tournoi qualificatif pour les demi-finales de France, Nicolas George, vice-président et joueur de billard américain de l’Amiens Picardie Billard et référent de la Ligue Hauts-de-France pour la discipline de l’américain s’est confié sur le billard américain et sur ses ambitions pour sa discipline.

Bonjour Nicolas, pouvez-vous tout d’abord nous présenter l’Amiens Picardie Billard ?

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Le club présente aujourd’hui trois modes de jeu. Nous avons le blackball, deux tables de billard français et deux tables de billard américain. Au billard américain, nous organisons et accueillons les compétitions qualificatives pour les championnats de France. Il faut savoir que dans ce cadre, il y a 4 modes de jeu. Nous débutons par le jeu de la 9 (samedi dernier, ndlr), il y aura par la suite la 8, la 10 et le jeu du 14/1 continu. Nous possédons des anciens niveaux championnat de France. Cette année, le niveau est assez élevé chez nous. On se réjouit, pour pouvoir progresser, d’accueillir des licenciés d’un tel niveau.

Pouvez-vous nous en détailler les spécificités ?

Nous sommes sur des tables qui font 2,80 mètres. Nous avons un jeu de 15 billes ainsi, évidemment, que la blanche en supplément. Au niveau du matériel, les queues de billard ont des procédés en moyenne de 12 à 13 mm. Il s’agit de l’extrémité de la queue avec laquelle on choque les billes, sur laquelle on met la craie. Et ce n’est pas pour la frime, c’est vraiment utile. C’est pour éviter de déraper et avoir une bonne adhérence au moment du jeu. Rien n’est laissé au hasard, il y a une stratégie énorme. C’est la raison pour laquelle on peut vite être perdu en passant d’un niveau  »de bar » à un niveau de compétition. Notamment sur les placements.

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Pour ce qui est du jeu de la 9, on part d’un losange de 9 billes. La bille n°9 est en position de bille finale. Le principe est de casser le losange puis de rentrer les billes de façon progressive de la plus petite, la n°1, à la plus grande, la n°9, en sachant que l’on n’annonce aucune poche. Tout est plus ou moins laissé au hasard. En cela, c’est un mode de jeu qui est très facilement accessible à tous, assez attractif. Pour ceux qui ont un meilleur niveau, ce n’est peut-être pas ce qui est préféré parce que l’on s’entraîne énormément pour avoir un jeu très construit, très réfléchi. Or, sur le jeu de la 9, si vous prenez la main après la casse, il vous suffit de pousser la n°1 sur la n°9 de façon totalement aléatoire et de rentrer la n°9 n’importe où pour gagner. A partir du moment où vous avez joué la bille la plus faible restant sur le tapis, si vous entrez la n°9, c’est gagné. C’est pour cela que c’est un mode de jeu aléatoire. Tout le monde, de tout niveau, peut être amené à gagner.

Au niveau du club, combien avez-vous de licenciés ? Et spécifiquement sur l’américain ?

Le nombre de licenciés ne cesse de croître. J’ai repris ce qui était anciennement le New Billard Club, qui a fusionné avec l’Amiens Picardie Billard, il y a maintenant un peu plus d’un an. Nous n’étions que 3 licenciés. Aujourd’hui, avec la fusion, nous avoisinons les 50 sur l’ensemble des disciplines. Au niveau de la discipline de l’américain, il y a eu quelques départs de licenciés qui n’étaient là que pour du loisir, parce que l’on accueille également des personnes qui ne viennent que pour du loisir. En compétiteurs, nous sommes 8. Cela peut sembler assez faible mais c’est pour moi déjà conséquent sachant qu’il y a un énorme travail derrière. Nous avons obtenu deux tables d’américain à l’Amiens Picardie Billard alors qu’il n’y en avait aucune quand je suis arrivé. C’est un investissement. Financier et personnel. De la part du président comme de ma part. Nous avons trouvé une cohabitation avec le billard français qui est généralement assez taboue. Nous avons une très bonne cohésion et tout se passe très bien.

Quels sont les projets, les perspectives en terme de développement ?

Je dirais que je n’ai aucune limite. Il faut savoir viser au plus haut pour atteindre la deuxième marche voire la première, ce serait le top. D’un point de vue personnel, pourquoi pas, éventuellement, agrandir notre espace de jeu. Que ce soit par une salle municipale plus grande à l’avenir ou, encore beaucoup plus personnellement, en ouvrant une salle commerciale, ce serait le top. On pourrait retrouver l’attractivité du billard qui existait il y a quelques années à travers le New Billard. Cela permettrait de proposer d’autres idées de sortie sur la Métropole à tous ceux qui pourraient éventuellement s’y intéresser. Je fais mon possible pour m’en donner les moyens, j’espère y arriver un jour.

J’espère que le nombre de licenciés ne va cesser de croître. C’est mon objectif.

Et sur la région, combien y a-t-il de licenciés en américain ?

Il y en a 8 en compétition. Nous sommes le seul club proposant de l’américain dans la région. C’est différent du blackball. C’est différent pour le moment, j’espère. C’est en cours de développement. Dunkerque est sur le point d’ouvrir une section d’américain. Ronchin est également intéressé pour ouvrir une section d’américain. J’imagine et j’espère que le nombre de licenciés ne va cesser de croître. C’est mon objectif. J’espère que ça ira encore plus loin et ouvrir encore plus de sections de la discipline dans la région. Je serais là pour les accompagner, pour les assister, pour répondre à toutes leurs questions. Je m’y déplacerais également pour expliquer le mode de fonctionnement, la façon que j’ai de proposer les mises en place et pour travailler avec eux s’ils ont leurs idées à apporter pour développer encore plus la discipline.

D’un point de vue compétitif, où vous situez-vous ?

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Pour ma part, je me suis arrêté à la 74ème place nationale sur la saison 2018-2019 avec quelques complications médicales et nous avons deux joueurs qui sont allés avoisiner la 40ème place nationale. Cette année, le niveau va être très dur, cela va être très compliqué. Même si ce sont des joueurs qui ont arrêté le billard pendant un certain temps, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Je pense à Simon Sane, Noël Cauwet et Arnaud Tourbier qui sont de grosses pointures au niveau régional et qui ont toutes leurs chances d’accession en finale de France. Pour progresser, il faut qu’ils soient là. Si on veut atteindre le plus haut niveau, il faut s’entraîner sans aucune limite.

Justement, cela nécessite combien de temps d’entraînement ?

Pour prendre mon exemple personnel, j’ai actuellement 27 ans, j’ai commencé à jouer au billard pour le loisir à 15 ans. Je suis entré dans un club de billard il y a quatre ans. Et lors des deux premières années, je me suis entraîné 5 jours sur 7 de 20h à 3h du matin. Cela donne une idée, je crois, du nombre d’heures passées pour arriver à un niveau correct. Et je fais encore beaucoup de bêtises. Au-delà de ça, on peut avoir un niveau de jeu qui soit extrêmement élevé, plein de facteurs entrent en compte. Je pense à la fatigue, au mental qui peut flancher à tout moment. C’est quelque chose de très important et il faut savoir garder son calme en toutes circonstances pour pouvoir continuer de réfléchir correctement, adopter la meilleure stratégie et faire tomber son adversaire.

Cela fait beaucoup d’efforts pour peu de reconnaissance…

Au niveau de la reconnaissance du billard, nous avons été en ballottage pour la participation aux Jeux Olympiques. Ce qui n’est pas rien, c’est déjà bien. Nous n’avons malheureusement pas été sélectionnés pour pouvoir se développer plus. Je pense que nous avons un gros manque de communication, particulièrement au niveau de notre discipline. Peu de gens sont au courant, au final, qu’il existe des compétitions, que ce n’est pas seulement une table sur laquelle on va jouer autour d’un verre. Il y a de très bon niveau et il faut le rappeler. Personnellement, bien sur que j’aimerais débloquer cette situation, briser la glace pour pouvoir amener à une médiatisation et à une reconnaissance plus importante. Si cela pouvait se faire, ce serait un plaisir et je serais là pour l’entretenir.

Morgan Chaumier

Crédit photos : Reynald Valleron – Gazettesports.fr