Rencontre avec Rudy Dufossé, le Président de la Métropole Amiénoise Basket-Ball (MABB). Un club amiénois engagé dans des projets sociaux de proximité.
La Métropole Amiénoise Basket-Ball est une association sportive de basket-ball fondée en 2002 au cœur du quartier populaire Étouvie. Son champ d’activité s’étend au quartier d’Amiens nord. Accessible à partir de 4 ans, le club compte au total plus de 200 licenciés de tout âge.
La particularité de ce club est qu’il se compose d’un nombre important d’effectif féminin (80%). Notamment, la MABB est particulièrement attachée aux valeurs humaines et sociales. Elle met en place divers événements et actions, tout au long de l’année, qui ont pour but de faciliter la pratique du basket-ball chez les jeunes, et de permettre l’insertion par le sport.
Rudy Dufossé, Président de la MABB, est à l’initiative de ces valeurs que prône le club. Pour lui, « l’aspect social est une évidence. Plus que d’une volonté, il s’agit vraiment d’une nécessité ».
Avant la création du club, le Basket-Ball était une passion pour vous ?
Oui, j’étais plus basketteur de rue. Je jouais plus dans la rue quand dans les clubs, mais j’étais passionné de basket-ball et de sociologie, de tout ce qui était humain.
De quelle manière la MABB a t-elle pris naissance ?
C’est un petit peu particulier parce que, à la base, il existait une formation corporative. Dans le cadre de ces rencontres, j’ai été amené à jouer au gymnase Emile Moiroud, qui était un gymnase inoccupé. Ensuite, il a fallu s’affilier à la Fédération Française de Basket-Ball, et donc créer une entité en tant que club. J’ai alors pris la présidence. Cela fait maintenant 17 ans.
L’accessibilité au sport pour tous est vraiment un objectif fort au sein du club. Quelles actions mettez-vous en place pour y parvenir ?
D’abord, on a pratiqué, et on continue à pratiquer, des tarifs très bas. C’est une de nos priorités d’enlever ce handicap financier. Une partie du prix d’une licence qu’on prenait en charge, via des projets qu’on mettait en place, nous permettait une accessibilité au sport pour tous. Cela permet, par exemple, de rendre gratuit l’école de mini-basket et de proposer des tarifs vraiment très accessibles aux enfants.
L’école de mini-basket permet l’accueil et l’approche ludique du basket-ball pour les jeunes à partir de 4 ans. Ils ont ainsi accès à du matériel adapté à leur taille, à leur morphologie. Donc, par exemple, on adapte la taille des ballons, mais aussi la hauteur des paniers. Cela leur permet de pratiquer le basket-ball très jeune. On travaille sur les fondamentaux et la dextérité.
Sur le même principe, on accueille également les mamans, ou les personnes en incapacité physique partielle ou totale. C’est ce que la Fédération Française de Basket-Ball appelle le « Basket-Santé ». Cela fait partie des nouveaux objectifs de la Fédération : développer ce type d’actions, le vivre-ensemble, le Basket-Santé, le Basket-Entreprise, etc.
On a une vraie politique qui est, pour résumé, l’accessibilité au sport pour tous. C’est vraiment ce qui a été à la genèse du club et c’est l’un de nos objectifs principaux. Là-dessus va notamment se greffer d’autres projets sur le basket féminin, sur la formation, etc.
Quels sont les objectifs du club ?
L’objectif du club, c’est vraiment une dualité. On essaie vraiment d’avoir un équilibre entre le sportif et le social, parce qu’on a formé et on continue à former d’excellentes joueuses, comme Marie-Michelle Milapie qui joue en équipe de France A ou encore Naomie Mbandu qui est partie aux États-Unis et qui mène maintenant une carrière de joueuse professionnelle là-bas, tout en continuant ses études, Marine Mulumba qui a intégré l’effectif de l’équipe de France féminine U23 ou Ambre Matamba qui est championne de France dans la catégorie Cadette.
On a vraiment cette volonté de former au basket-ball, mais en même temps de former humainement. Alors, « former » c’est un grand mot. Mais on souhaite amener, dans le basket-ball, des actions qui permettent aux enfants de pouvoir pratiquer le sport à des prix abordables, mais aussi de vivre des moments ensemble. Par exemple, on organise des arbres de Noël, des déplacements, on les emmène visiter des châteaux, des sites historiques, etc.
Évidemment, on ne peut pas faire ça pour les 200 licenciés. Généralement, je sors les petites catégories, chez les enfants, chez les jeunes, avec un encadrement par les joueurs seniors ou vétérans, qui ne font plus que s’investir dans le club. Pour résumé, on va chercher davantage la performance chez les jeunes et le développement chez les enfants. L’objectif est vraiment de faire accéder au sport, pour qu’ensuite on puisse développer ensemble une sorte de projet sportif adapté en fonction des volontés de chacun.
Quels programmes et événements mettez-vous en place au cours d’une année ?
Dans un premier temps, on met en place les « Centre Génération Basket ». C’est un programme qui a été mis en place par la FFBB et qui permet, pendant une semaine, d’ouvrir un camp, que l’on appelle « Centre Génération Basket ». Cela consiste en l’accueil des jeunes pendant une semaine, sur des créneaux horaires donnés. Au cours de cette semaine, on va leur faire découvrir et pratiquer le basket-ball de manière ludique. C’est ouvert à tous et toutes et c’est gratuit. GRDF est partenaire de ce type d’actions. Ça c’est vraiment un programme important qui a un succès conséquent. On est à 400, 500, parfois même 600 passages au cours de la semaine. Cela fait trois ans que l’on met ça en place, et en moyenne, on accueille près de 60 enfants par jour.
Ensuite, en termes d’événements, il y a le « Girls in Da Ground ». C’est un tournoi exclusivement féminin de 3×3, qui existe depuis 13 ans. Il s’agit d’un événement reconnu par la FFBB. On accueille, le matin, en 3×3 la catégorie des benjamines. L’après-midi, c’est le tournoi senior. Celles ayant plus de 16 ans, peuvent s’inscrire librement, et c’est la règle du 3×3 qui est appliquée.
Le deuxième événement que l’on organise de manière annuelle est le « Challenge Cyprien Chokki ». C’est un tournoi mixte 3×3, toujours homologué FFBB. Il est organisé au cœur du quartier d’Amiens Nord. C’est un grand rassemblement reconnu de manière régionale. Ce challenge est en hommage à Cyprien Chokki, qui était l’ancien Président du club d’Amiens Nord et une figure emblématique du basket picard. Il est décédé, ce qui explique l’arrêt du basket-ball pendant quelques années sur le quartier d’Amiens Nord. Cela a entraîné une demande de la mairie pour faire à nouveau le même travail social et sportif qui était réalisé sur le quartier d’Amiens-Nord. Chose que l’on fait depuis 7 ans maintenant.
Vous avez un partenariat avec GRDF. Cette structure défend les mêmes valeurs que votre club ?
Il existe un partenariat national entre la FFBB et GRDF. Et nous, au niveau régional, il se trouve qu’on les a sollicité pour des subventions, et autres, et ils ont décidé de nous soutenir de manière locale. On a découvert que GRDF avait les mêmes intentions que nous, et du respect pour le travail qu’on faisait. Ils véhiculent les mêmes valeurs et les mêmes volontés de travail sur, par exemple, le Centre Génération Basket. On s’est vraiment retrouvé dans le travail social et dans les actions que l’on pouvait mener ensemble, donc ils nous aident dans les actions que l’on a à mener au quotidien.
Avez-vous des événements à mettre en place prochainement ?
Oui, on a un gros projet qui vient de se boucler : celui de monter un gala caritatif au profit de la banque alimentaire. Deux équipes féminines de la Ligue Féminine de Basket professionnelle s’opposeraient. L’équipe de Saint-Amand et de Landerneau viendraient s’affronter le vendredi 15 novembre, à 19h, au Coliseum d’Amiens. Tous les bénéfices seront reversés à la banque alimentaire. Cet événement est vraiment important, c’est quand même du haut niveau. Bon après, j’ai eu les confirmations il n’y a pas très longtemps. Donc je m’avance un petit peu, mais ce projet devrait naître très rapidement.
Sinon, outre de gros événements, il y a des matchs tous les week-ends.
Angélique Guénot
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