Depuis plusieurs mois, Booba et Kaaris ont fait l’actualité en s’invectivant régulièrement par réseaux interposés. Une ascension verbale qui a finalement poussé les deux hommes à se donner rendez-vous dans une cage, pour en découdre physiquement. Si le combat est aujourd’hui annulé, cet épisode, et ce qu’il a laissé paraître, a poussé Valentine Roger, boxeuse professionnelle de Muay-Thaï, à prendre la parole :
« Nous luttons toute l’année pour notre sport, et deux rappeurs arrivent, s’insultent et se donnent rendez-vous pour un combat. Je leur en veux car cela fait croire que la boxe n’est juste qu’un règlement de compte. La plupart des coachs dans les salles passent un temps fou pour inculquer le contraire aux jeunes. Cela fait aussi croire aux gens qui voient ça, que pour faire un combat, il suffit de s’entraîner un mois et de faire trois vidéos.
J’ai l’impression de lutter tout le temps contre des personnes de mon entourage qui ne voient pas le sport mais seulement la violence. Mes adversaires ne sont pas mes ennemis, une fois le combat terminé on s’embrasse, on se parle, on retourne aux vestiaires et on peut discuter une demi-heure ensemble. Certes, il y a de la violence mais elle est codifiée, il n’y a pas de haine, c’est du sport.
Lorsque je faisais de l’équitation j’ai eu des traumatismes crâniens et ça ne choquait personne ! Il y a une représentation « violente » des sports de combat dans l’esprit de certains et je tente de lutter contre ça. Et d’un coup, deux rappeurs qui gagnent des milliers décident de régler leur compte dans une cage. Ils font même une affiche où ils se mettent devant une dizaine de boxeurs qui se saignent toute la semaine pour gagner 500 balles en montant sur le ring. On fait passer des vrais boxeurs au second plan, mais ils (ndlr : Booba et Kaaris) vont quand même gagner 1000 fois plus d’argent que ceux qui sont derrière eux en tout petit. Ça m’exaspère.
Que le combat se fasse ou ne se fasse pas, ça ne changera pas le fond de cette affaire. C’est juste ce que ça a représenté qui me désespère. Nous avons quand même beaucoup de mal à ce que le grand public voit notre sport, et là, il voit cette histoire et il se dit : « C’est donc ça les sports de combat ? »
Je fais un sport de combat, je respecte mes adversaires, je n’ai aucune haine envers eux, nos mots et nos embrassades sont sincères après les combats. Je pratique un sport et ce n’est en aucun cas de la bagarre ou du règlement de compte. Booba, Kaaris, je vous en veux, car vous avez mis le contraire dans la tête des gens. »
Valentine Roger