À moins d’un mois de la première journée de Division 2, entretien Hicham Andasmas, le coach de l’Amiens SC féminines, qui aborde avec sérénité ce nouveau championnat.
Bonjour Hicham, pour commencer, comment se passe votre préparation ?
Tout va bien, les filles bossent comme il faut, il y a une bonne cohésion et le groupe vit bien, ce qui est important. On est rentré petit à petit dans le vif du sujet, avec de gros temps de travail avec les préparateurs physiques. Nous avons fait une bonne reprise, et j’espère que les résultats viendront pour valider cette préparation.
Avec cette accession à la D2, sens-tu un état d’esprit différent ?
Oui tout à fait, il y a plus de sérieux et de rigueur, Justin N’Goma m’a rejoint en tant qu’adjoint, c’est quelqu’un qui amène encore plus de rigueur. Avec les recrues, le groupe s’est étoffé en qualité et en quantité, donc globalement c’est un autre monde, on le sent bien dans la préparation.
Peux-tu nous parler de ton staff ?
Je suis le coach principal, Justin N’Goma est mon adjoint, Quentin Hédé est le préparateur athlétique, Amr Charoude fait de l’analyse vidéo mais également de la préparation physique et l’entraîneur des gardiens est Francis Thorrignac, une référence sur Amiens.
C’est une structure qui te satisfait ?
Oui, en terme de staff on a vraiment beaucoup de compétences, ce ne sont que des BEF qui sont en place. En terme de structure ça devient vraiment costaud, et c’est intéressant pour les joueuses.
Vous avez rapidement annoncé l’arrivée de joueuses; six ont désormais rejoint l’équipe, le mercato est-il fini pour vous ?
Il est terminé, après on verra ce qui pourra se passer à la trêve. Il manquera peut être une attaquante, mais ce n’est pas toujours donné une attaquante, ça coûte cher. Mais on a fait le recrutement que l’on voulait faire, surtout renforcer le côté gauche, amener de la taille dans l’axe central, car on manquait de taille la saison dernière. Globalement on a fait ce qu’il fallait, c’est un recrutement très cohérent, mais encore une fois, ce sont les résultats qui valideront.
Peux-tu nous parler de deux d’entre elles, Ines Karaoun (19 ans) et Chloé Debut (18 ans), deux joueuses d’avenir…
On prépare l’avenir avec ces joueuses là
Ines Karaoun est une ancienne U19 du PSG, c’est une joueuse qui « pue le foot », très forte techniquement et tactiquement, elle connaît très bien le jeu mais manque un peu de coffre, elle va s’aguerrir tout doucement pour la D2. Chloé Debut c’est une jeune attaquante qui a tout à prouver, qui pouvait rentrer en pôle espoir à une époque et qui n’y a pas été et elle se lance aujourd’hui dans la cour des grands. On prépare l’avenir avec ces joueuses là.
En terme de projet de jeu, as-tu une ligne directrice ?
J’accorde une grande importance au résultat et à la performance. Donc clairement, s’il faut partir sur de la possession on partira sur de la possession, s’il faut partir sur un jeu de transition on partira sur ça, s’il faut défendre bas on le fera. Je veux rester pragmatique car aujourd’hui on n’a pas forcément la structure pour imposer notre projet de jeu. Bien sûr que l’on aura un projet de jeu et une identité de jeu, l’ADN du club ça reste des joueuses bagarreuses, qui mouillent le maillot. Mais je ne veux pas rester figé sur un projet de jeu qui va nous bloquer en fait, c’est ce que j’ai présenté à mon staff et ils étaient globalement tous d’accord.
« Je ne m’interdis pas de rêver »
Comment abordes-tu cette saison d’un point de vue personnel ?
J’ai envie de dire que je ne m’interdis pas de rêver. Aujourd’hui j’ai un groupe de qualité, je connais le niveau de la D2, on doit espérer jouer ce que l’on peut jouer au mieux. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui, on ne va pas s’arrêter au maintien. On ne va pas aller chercher les 7-8 victoires qu’il nous faut et après se relâcher. De toute façon, à terme, il faudra jouer la montée en D1, dans 3 saisons, dans 4 saisons, mais le travail commence dès maintenant. Si cette année on a la possibilité d’aller jouer la 2ème place il faudra que l’on y aille, et si finalement on doit finir à la 6ème place on finira à la 6ème place. On ne se fixe pas forcément un truc, mais on prendra match après match et on essaiera de poser des problèmes à tous les adversaires.
Le gros écart de niveau entre la R1 et la D2 ne te fait pas peur ?
Non ça ne me fait pas peur, les filles savent à quoi s’attendre, on attend tous ça depuis longtemps en fait. Ça faisait deux ans que ça commençait à être tendu en R1, on demandait beaucoup de choses aux joueuses avec 4 entraînements par semaine, pour finalement gagner trop facilement le week-end… Mettre de la rigueur aux entraînements quand tu te balades le week-end ce n’est pas toujours évident, donc c’est vrai que c’était compliqué à certains moments.
Entre potentiellement galérer toute une saison pour survivre en D2 ou rester en R1, il n’y avait pas photo ! C’est pour ça qu’il n’y a pas de crainte, on est tout à fait excité de jouer ce championnat là, avec les équipes qu’il y a on va se régaler. C’est la première chose que l’on s’est dite en fait.
La saison passée, les joueuses d’Hicham Andasmas ont réalisé le triplé : championnat, coupe de la Ligue et coupe Départementale
Concrètement, quel objectif tu te fixes pour la saison à venir ?
Si on pouvait terminer dans la première partie de tableau, ce serait une bonne chose. Après je ne m’interdis rien. On a préparé ce groupe là pour pouvoir mettre toutes les équipes en difficulté, après entre pouvoir et le faire on verra, mais en tout cas on s’est préparés à tous les scénarios. Aujourd’hui j’ai un vrai groupe, c’est très important.
Vous avez hérité de la poule B, avec le LOSC qui descend de D2, l’ASSE qui a loupé la montée pour un point, le Havre 2ème de l’autre poule; un groupe très costaud…
Oui, il y a de grosses structures, Lille qui descend, l’ASSE qui va jouer la montée, Le Havre également, Yzeure c’est très costaud aussi, après il y a une équipe comme Vendenheim qui a une identité de club de D2 depuis longtemps. Donc il n’y a pas d’équipes faibles dans ce championnat, je pense que tout le monde sera capable de battre tout le monde, il y a une grosse densité.
En terme de préparation et d’entraînement, qu’a changé cette accession en D2 ?
Et bien nous sommes passés de 4 à 5 entraînements par semaine, cinq séances en semaine, le soir à 19h. Nos joueuses travaillent à côté, elles ne sont pas pros, elles sont semi-pros en général. En terme de logistique ça ne change pas grand chose, c’est là où il va falloir être vigilant et gérer la fatigue des joueuses en fait.
Le staff s’est un peu plus professionnalisé, j’ai mes préparateurs à dispositions pour préparer les séances avec moi, mon adjoint est là 2-3 heures avant la séance pour travailler, idem pour l’entraîneur des gardiens. Donc en terme de staff c’est beaucoup plus pro on va dire, mais pour les joueuses c’est semblable.
« On est là pour s’inscrire dans la durée et à terme aller chercher la D1 »
Aujourd’hui, la structure féminine de l’ASC est-elle bonne ?
La volonté du club c’était vraiment de prendre le temps de tout reconstruire de A à Z. Aujourd’hui on est structurés de haut en bas, avec une école de foot label OR, et des équipes dans toutes les catégories. J’ai travaillé durant 2 années là-dessus, ça veut dire qu’aujourd’hui, on est là pour s’inscrire dans la durée et à terme aller chercher la D1. On s’est préparé pour ça, on a eu des moyens pour renforcer le staff, donc aujourd’hui le club est prêt à perdurer.
On avait pu constater un bel engouement autour de la montée en D2; tu attends la même chose cette année ?
J’espère et j’attends… En réalité, en interne, au club, au centre de formation, tout le monde est curieux de voir ce que l’on va faire. Je m’attends quand même à un bel engouement, donc oui j’espère qu’il y aura du monde et que ça sera de bons moments.
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédits photos Leandre Leber Gazettesports.fr