Les Championnats de France de Duathlon se sont déroulés les 13 et 14 avril derniers à Noyon dans l’Oise. Les courses adultes ont eu lieu le samedi tandis que le dimanche laissait place aux jeunes. Parmi les 124 minimes garçons sur la ligne de départ figurait Nathan Merciris.
L’épreuve comptait 2,4 kilomètres à pied, une première transition pour prendre le vélo, 3 boucles sur la selle pour une distance de 10 kilomètres, une seconde transition et enfin un dernier tour à pied de 1,2 kilomètre pour conclure. Nous avons contacté Nathan actuellement en stage en Ardèche. Celui qui affectionne particulièrement Vincent Luis et Mario Mola s’est livré sur son premier titre, son rapport au triathlon ou encore la suite de ses compétitions.
Un choix payant pour s’offrir un premier sacre national
Le début de course n’a pas été idéal pour le jeune triathlète. « Sur la première course à pied je pars très mal, je rentre dans le parc à vélo à la quarantième position environ ». Un choix technique de Nathan s’est alors avéré particulièrement déterminant. « On avait deux options. Les pédales automatiques ou les cales-pieds. Je m’estime rouleur, j’ai décidé de ne pas prendre les pédales automatiques, j’ai pris les cales pieds. J’avais donc directement les chaussures de course à pied et ça m’a permis de faire deux transitions rapides ». A la pédale le collégien amiénois revient rapidement sur la tête de course qui pointait pourtant à vingt secondes. « J’ai remonté le premier pack au bout d’un tour, les deux tours restants j’ai roulé avec eux en me replaçant un peu avant la transition ».
Mon objectif c’était le top 10
Quelques secondes de glanées en posant le vélo plus rapidement que ses concurrents et Nathan sortait de l’aire de transition en tête avec cinq secondes d’avance sur un trio à sa poursuite. La dernière boucle à pied ne leur suffisant pas à revenir sur lui, Nathan devenait pour la première fois champion de France en contrôlant la fin de course. « Mon objectif c’était le top 10. A la sortie de la deuxième transition quand j’ai vu que creusais un bel écart je me suis dit qu’il fallait tenir et que la victoire était jouable. J’ai directement accéléré en sortie de transition pour prendre de l’avance et ceux de derrière ne sont plus revenus. Je voyais que l’écart n’avait pas bougé, j’ai pu profiter dans la dernière ligne droite. Faire ce genre de place c’est motivant ».
Un planning estival varié mais réfléchi
« En gagnant à Noyon je suis directement qualifié pour les championnats de France de triathlon et ceux d’aquathlon, mais je ferai quand même les épreuves sélectives (Triathlon : 12 mai à Sangatte dans le Pas-de-Calais / Aquathlon : 23 juin à Tergnier dans l’Aisne). Je ferai le triathlon d’Hénin-Beaumont (début mai) pour commencer la saison, les sélectifs puis les France de Triathlon à Albertville. J’essaye de ne pas trop me charger en compétitions. Je ferai peut-être deux ou trois compétitions en athlétisme sur 1000m ou 3000m ».
Un schéma d’entraînement déjà bien rodé
« J’ai une licence en vélo (AC Amiénoise), une en natation (Amiens Métropole Natation) et une en course à pied (Amiens UC Athlétisme) plus celle de triathlon (Beauvais Triathlon). Je suis en section natation au collège de La Providence. J’ai des horaires aménagés, je nage tous les matins de la semaine de 7h à 9h. Par entraînement dans l’eau c’est grand minimum 4000m jusqu’à 5500m. En course à pied je fais deux séances à Urbain Wallet le lundi et le mercredi soir. Je fractionne sur des 400m, je peux faire du seuil (5×2′) ou encore de la vitesse. Je suis avec les décathloniens, ce sont des plus grands que moi qui tiennent le rythme. En vélo le mercredi après midi je roule deux heures. Le week-end quand mon père est là on fait une sortie en vélo en plus. On roule entre 60 et 80 kilomètres. Sinon je fais un enchaînement vélo course à pied. Le vélo c’est mon point fort, j’ai d’ailleurs réalisé le meilleur temps en vélo dimanche ».
Une passion de toujours
Le triathlon a finalement toujours été comme une évidence pour Nathan. « C’est ma huitième année de triathlon ». Ce goût pour le triple effort, Nathan l’hérite aussi de son père. Fabien Merciris, ancien cycliste sur piste de haut-niveau spécialiste de la poursuite par équipe où il a notamment été médaillé mondial en 2003, est passé au triathlon. « En fin de carrière il a fait de l’IronMan (Triathlon XXL), c’est ce qui m’a donné l’envie de faire du triathlon ». La passion n’a pas tardé à émerger chez Nathan, licencié dès ses 6 ans, chose rare dans ce sport. « Souvent ce sont des nageurs qui se mettent au triathlon en grandissant ».
Le témoignage de son père, Fabien Merciris :
J’ai pratiqué le triathlon après ma carrière de cycliste de haut-niveau. Nathan avait 4 ans quand j’ai fait Hawaï.
Il m’accompagnait déjà sur mes entraînements course à pied, moi je courrais lui était à vélo. Il a été présent sur différentes épreuves de triathlon que j’ai pu faire. Ça lui a donné envie de pratiquer cette discipline. On l’avait inscrit au club d’Amiens Triathlon quand il a eu 6 ans. Il y avait un entraîneur qui s’appelait Julien Allart qui y est pour beaucoup. Il lui a donné les bases et l’amour de ce sport. Nathan avait vraiment un réel plaisir en allant aux entraînements.
Vous étiez sur place dimanche pour voir votre fils concourir, comment avez-vous vécu l’instant ?
Je suis super content pour lui, c’est quelque chose qu’il voulait, il s’est entraîné pour l’avoir, il est courageux
C’était très riche en émotions. Cela tenait à cœur à Nathan de devenir champion de France. Il s’entraîne tôt, tous les matins dans l’eau même si là c’est un duathlon. Je suis super content pour lui, c’est quelque chose qu’il voulait, il s’est entraîné pour l’avoir, il est courageux. Il avait déjà fait deux championnats de France, ça ne s’était jamais passé comme il voulait. Il y a toujours eu une chute, une gêne et donc une frustration, une déception. Dimanche c’était son jour. Aux qualificatifs cela s’était moyennement passé, il savait ce qui lui restait à faire. Même si c’est un peu une surprise qu’il gagne, il avait le niveau d’être dans les cinq premiers. Maintenant pour la victoire il faut que tout se déroule sans accrocs et c’est ce qui s’est passé dimanche.
Cela fait écho chez vous à votre premier titre national aussi j’imagine ?
Mon premier titre de champion de France c’était en junior, j’avais 17 ans. C’était en poursuite par équipe en cyclise sur piste. Je m’en rappelle comme si c’était hier, ce sont des moments magiques. Maintenant je suis côté papa, je me rends compte de ce que cela a pu procurer à mes parents. C’est très fort.
Sur le plan sportif vous partagez notamment quelques heures sur le vélo avec Nathan
Pour qu’il y ait une réussite il faut qu’il y ait du plaisir. Je n’ai jamais poussé Nathan à me suivre. Si le week-end il veut rouler avec moi c’est avec plaisir mais en aucun cas c’est moi qui lui demande.
Le sport c’est suffisamment dur, il ne faut pas forcer un jeune. Il s’entraîne déjà pas mal la semaine, le week-end c’est du plus.
Je tiens à remercier Hakim Belhachemi (entraîneur à pied) et Thierry Legout (entraîneur natation) qui sont très importants, ils s’occupent de Nathan depuis trois ans et c’est grâce à eux aussi que tout cela est arrivé. Julien Allart a été l’initiateur jusqu’à ce que Nathan ait 11 ans puis il est rentré en section natation. Il lui a tout transmis, les transitions, les techniques. On doit beaucoup à ces trois-là.
Vincent Guyot
Crédits Photos : Fabien Merciris
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