Frédéric Domon : « J’ai vécu ma dernière saison à la tête de l’équipe première « 

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Alors que son équipe a fini la saison la semaine dernière par une défaite contre Coeur-de-Flandre, synonyme de relégation, Frédéric Domon s’est confié à GazetteSports. L’occasion pour lui d’évoquer la saison, le futur du club et le sien. 

Quel bilan faîtes-vous de cette saison ?

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De la frustration, le premier mot qui me vient c’est frustration. Comme lors des deux autres fois où nous sommes montés. Pas pour les mêmes raisons car la première année, on a fait, enfin, j’ai fait, je pense une erreur de recrutement. On avait pris un risque mais ça n’a pas payé. La deuxième fois on a eu un nombre incalculable de blessures. Cette saison, malheureusement on était trop justes en matière de joueurs et certains n’avaient pas le niveau de la N3. L’entraîneur n’est pas un magicien et si on a réussi à combler certaines lacunes cela n’a pas suffi. Dans la deuxième partie de saison on a été beaucoup plus performants mais malheureusement à ce niveau-là, on ne peut pas se permettre de mettre la moitié d’une saison pour s’adapter. Je pense que si on avait produit le même niveau de basket en première partie de saison que lors de la deuxième, on s’en serait sortis.

Le maintien se joue à 1 victoire, vous n’étiez finalement pas si loin..

Oui, on n’a jamais été loin en fait. Si on regarde face à Bruay on a eu la balle pour gagner, à Lille on fait une superbe prestation et on est devant pendant 39 minutes, à Levallois on est 37 minutes devant, contre Coeur-de-Flandre on perd d’un point après avoir été devant de 17 points,  contre Malakoff c’était quitte ou double et finalement on n’a pas de chance. Je suis peut-être le chat noir de la N3, je sais pas (rire), mais on a eu beaucoup de matchs où l’on pouvait gagner mais on n’a pas su saisir ces occasions. Et c’est parce qu’on joue à 6 ou 7 alors qu’en face ils jouent à 10. Je suis donc obligé de tirer plus sur chaque joueur et quand il faut jouer la gagne et mettre beaucoup d’intensité, soit on a beaucoup de fautes et c’est problématique, soit on n’a plus de jus et on craque.

Le manque de moyens dont vous avez soulevé le problème en fin de saison est la cause de cet effectif réduit ?

Aujourd’hui quand tu joues en championnat de France au niveau National 3  et que tu n’as pas de moyens financiers, ce n’est même pas la peine. Tu vas y aller mais comme l’a dit Pierre de Coubertin, tu vas juste participer mais te maintenir aujourd’hui sans payer de joueurs c’est mission impossible. Tu ne peux pas avoir les joueurs qui vont te faire la différence en fin de match quand il faut aller chercher la gagne. Et encore on a de la chance car mes joueurs sans être payés étaient présents aux 3 entraînements par semaine mais cela ne permet pas de combler l’écart.

Finalement il ne vous manquait pas grand-chose pour vous maintenir. Vous avez notamment déclaré qu’un bon joueur aurait sûrement suffit. Cet effort financier n’était-il pas possible ?

Oui, un joueur de plus ça aurait changé la donne, enfin un joueur majeur capable de prendre les choses en mains quand le match commence à prendre feu, ce que beaucoup d’équipes en face avaient. J’avais fait part de la nécessité d’avoir ce genre de joueur au mois de mai puis d’août mais les dirigeants ont fait d’autres choix. J’ai réussi à avoir un préparateur physique ce qui nous a apporté beaucoup mais cela n’est pas suffisant.

L’écart entre la pré-national et la national 3 est pour vous un problème ?

L’écart entre la pré-national et la N3 est important dans la région car en Île de France par exemple l’écart n’est pas aussi important. C’est un vrai handicap car l’année dernière avec un groupe quasiment similaire on gagnait avec 30-35 points d’avance en moyenne. On ne peut pas se préparer avec ce genre de match et l’intensité est complètement différente. On a essayé de mettre de l’intensité mais c’est dur car il y a pas vraiment d’adversité et pour progresser c’est compliqué. Quand tu donnes des conseils techniques à l’entraînement à tes joueurs, ils l’appliquent pas forcément en match car ils en avaient pas besoin pour marquer.

Malgré la relégation , il y a quand même du positif cette saison ?

Oui quand tu es entraîneur il faut que tu trouves des points positifs et heureusement il y en a. Certains joueurs ont su se mettre au niveau et le groupe a progressé au fil de la saison et c’est quelque chose de positif quand t’es entraîneur. Ils n’ont jamais lâché et se sont battus jusqu’au bout, tu te dis alors que tu n’as pas fait du trop mauvais travail. Mais cela amène du négatif car les joueurs qui ont progressé sont aujourd’hui demandés et ils vont certainement aller voir ce qui se fait ailleurs.

Finalement, on n’a jamais été loin.

Quel est votre avenir personnel ?

Aujourd’hui, j’ai décidé d’arrêter l’équipe première car j’en ai un peu marre. Ça fait quinze ans que je suis au club, au début on était en départementale, il ne faut donc pas oublier d’où l’on vient. Mais aujourd’hui on n’a pas les moyens de nos ambitions et travailler sans avoir les moyens pour remplir les objectifs, je n’en peux plus. Je suis fatigué aujourd’hui et j’ai aussi mal vécu ce nouvel échec qui est pour moi un échec personnel. Ça fait plusieurs années que je parle de partir, le président m’a toujours convaincu de rester à la tête de l’équipe mais cette fois ma décision était prise. Le président est au courant depuis un moment et il a d’ailleurs déjà quasiment trouvé un remplaçant. Je veux aujourd’hui me concentrer sur les jeunes dont j’ai déjà une équipe cette saison. Après reprendre une équipe de seniors dans le futur franchement je sais pas, il faut déjà que je digère l’échec de cette saison. Après j’ai eu plusieurs propositions depuis la fin de saison mais pour le moment je souhaite rester au club.

En cas de maintien votre décision aurait-elle été différente ?

Non, franchement ça n’aurait rien changé, ma décision était prise depuis un moment. On aurait même pu monter que ma décision aurait été la même. Les dirigeants n’avaient peut-être pas arrêté leur décision mais la mienne l’était depuis longtemps.  

Quels sont les objectifs du club pour la saison prochaine ?

Cela va dépendre du nouveau projet mis en place par le nouvel entraîneur. Je ne vais pas parler pour lui car je ne sais pas quels seront les objectifs qu’il aura. Et cela va je pense aussi dépendre de l’effectif qu’il aura à disposition.

La nationale 3 est-elle trop grande pour l’ASCBB aujourd’hui ?

Oui, je le pense. En tout cas avec les moyens humains, matériels et financiers que l’on a aujourd’hui, oui la N3 c’est trop grand pour le club. Après avec un peu plus de moyens on pourrait perdurer en N3 du moins essayer mais au-dessus c’est impossible. Aujourd’hui il faudrait se donner les moyens de nos ambitions et pour cela le seul moyen c’est de faire appel à des partenaires privés car la métropole ne peut pas donner plus je pense.

Y-a-t’il un risque que le club n’arrive pas à se restructurer après cet échec ?

Oui, quand tu regardes à chaque fois qu’il y a eu descente que se soit nous où les clubs environnants, il y a eu des départs et des difficultés. Aujourd’hui l’équipe B va redescendre et c’est une mauvaise nouvelle pour l’évolution des joueurs qui y évoluent. Après le club ne s’est pas lui même mis dans le rouge financièrement et si ça peut être compliqué pour l’équipe première, le club en lui même continuera l’année prochaine sans soucis. Pour que le club évolue je pense qu’il faut axer notre développement sur les jeunes et c’est ce sur quoi je veux repartir. On ne peut pas payer nos joueurs donc  il faut qu’on les forme différemment avec une dose d’entraînement qui doit être à 3 par semaine dès le plus jeune âge. Sinon arrivé en seniors, la bascule est compliquée et physiquement, ils ont du mal à suivre la charge de travail nécessaire pour jouer en N3. Il faut que les fondamentaux soit solides en seniors car on a plus le temps de faire cela à ce niveau-là.

Quel est votre regard sur le basket dans la métropole ?

Aujourd’hui c’est compliqué pour des raisons différentes car les structures sont différentes. Mais si la métropole veut un club performant dans les années à venir il faudra, je pense réfléchir à une fusion ou un partenariat entres les équipes seniors.

 

Tous propos recueillis par Aurélien Finet

Crédit Photo : Coralie Sombret – Kévin Devigne – Gazettesports 

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